On m'avais dit, enfin j'avais vu ici et là, que ce film était très académique, une quasi carte postale, un ennui donc ... Il y'a du vrai dans son énoncé, dans sa première partie du moins car à titre personnel, je ne me suis à aucun instant sentit piquer du nez ! Girl with a Pearl Earring, est un film qui déguise sa surprise dans un classicisme usuel mais en rien lourd, grossier, pesant. Le film est d'ailleurs passionnant.
Le labeur initial, de la quasi totalité du premier segment sert non pas d'excuse à filmé un récit, il est le récit ! Les mots sont mis en relief par l'image, et cette dernière creuse l'espace de visibilité pour réussir le tour de force de son éloge, de ceux qui se salissent les mains ! Qu'elle le soit par la crasse, ou souiller de peinture, se sont les écorchures de ces dernières qui sont ici le thème de ce que l'on ne peu dissimulé, qui reflète le chassé croisé de la pauvreté et de la richesse qui cohabite par le biais de la domination. Dans cette manigance, le film n'use pas de gros sabots, il est bien au contraire d'une finesse non pas inouï, mais juste. La mention est parfois explicite, comme ces voisins expulsé, le rôle de " bienfaiteur " du peintre, la transition du silence de l'endroit de création au marché plus effervescent ( les têtes de porc et le gibier exposé n'ont pas d'office exagérément à endiguer une vue non considérable je trouve ) atteste de la peur qui truste dans l'ambiance globale.
La lumière, métaphore de la lueur dans le vie rangé n'est à première vue pas très original, encore une fois la simplicité du geste contredit touts griefs un peu facile à son encontre. Je prends cette séquence ou Griet ouvre les volets et laisse entrée le jour sur les tableaux. Le soin apporter aux détails, à l'expression de son actrice, notamment par le regard de cette dernière sur l'art pictural de l'absent raconte l'éveil avec je trouve une poésie de carte postale d'accord, mais qui n'enlève rien à sa joliesse et à la poésie de cela sur une dureté déjà bien narré jusqu'alors. Les deux fièvres se rencontrent et fabrique une nouvelle tournure dans l'implicite dont le film parviens à exceller. " Un caractère sous un air tranquille ".
Les décors de Girl with a Pearl Earring, enfin tout ce qui est attrait à cela, que se soit costumes, retranscription d'époque servent aussi à rendre compte par le biais de l'œil sur l'objet, tout du moins du mouvement. Je ne crois pas à l'esbrouffe dans la démarche au cordeau de magnifier la pose, de préparer sa matière, d'en employer les contenants pour faire naitre une couleur, voir plusieurs. Je me trompe peut-être, je reconnais ses excès lors ce certains passages tronquées par un surplus. Référence à un ciel venu annihilé une idée bien conduite jusque-là ...
La musique est une autre insertion importante de ce long-métrage. Dans un premier temps, j'ai été un peu pris de cours par son utilisation. J'ai ensuite capté ses intrusions, ses accents sur ce même point de vue, une insistance qui adopte l'ardeur du bouleversement chancelant dont son compositeur en est un digne représentant. Une coordination fuselé par des désirs pris par une image et ses captations, à des fins plus exploratifs encore.
Scarlett Johannson est quasi-parfaite dans ce registre de fausse douceur contenu dans une posture. L'expression de sa fuite trahit ses penchants à conduire vers une norme qu'elle ne peu complètement assimilé car rattrapé par d'autres en définitive. L'adaptation de cette histoire fictif sert ce personnage à la fois fascinant par sa prestance et pour autant qui subit l'évènement. Elle est à la fois le centre par qui gravite l'action, sans qu'elle anime la machine par quoi que se soit. Elle subit les colères et les passions de son entourage, laisse faire, même ses refus se termine par une acceptation. Au détour d'un ordre, d'une exigence, elle exerce ses savoirs acquis ailleurs ou à l'instant selon les forces motrices de son parcours ... L'enfermement sous clé dans son grenier / labo semble être le seul tout petit endroit ou sa liberté s'exprime, c'est dire !
Vermeer, sous les traits de Colin Firth assez bon je trouve représente le peintre par son Art, maitre de son esquisse mais qui lui aussi, en quelques sortes n'a pas d'impact sur sa vie. Il n'a d'emprise, à vrai dire que sur cette jeune fille, car même ses œuvres sont des commandes. Il n'a que son geste, qu'il partage avec elle. Avec une once d'autorité, une ligne étroite est d'ailleurs creuser, une surprise ... Les scènes ou la servante pose, pour son maitre entretiennent un flou dans une clarté questionné bon pas par le rapport de force entre ses deux là, mais comme une soumission commune ! Ces moments, sont à la fois beaux et troublants, et un peu horrible, si l'on regarde bien. Peter Webber signe là ses plus belles scènes ! Que se soit dans l'entrebâillement d'une porte, lorsqu'il échelonne la perce d'une oreille, avant la pose final hypnotique !
Toute la fin du film est d'ailleurs superbe, j'irai jusqu'à dire impeccablement parfaite ! Mais avant cela, il faut souligner les seconds rôles des femmes surtout. Les caractères de celles-ci sont les plus francs, car nettement plus impactés par les souffrances de cette vie qui les réduit à la concurrence. Il y'a toutefois des interstices sublimes sur les zones de flottement ci et là, tout au long de cette histoire exceptionnelle.
Je quitte cette jeune femme sur cette mosaïque, à l'endroit ou son histoire débute et puis vacille, sans détourner le regard. Car oui, ce film n'est pas une révolution, elle ne raconte que la difficulté d'être dans une ambivalence de circonstances qui diminue les aspérités à rentrer dans le rang. Girl with a Pearl Earring restitue ses perles !