Difficile de juger Retour vers le Futur aujourd'hui, car tout le caractère innovant qu'il pouvait insuffler au paysage cinématographique en 1985 n'est plus qu'un méli-mélo de science-fiction banal de nos jours. Le concept même du voyage dans le temps a perdu de sa superbe, et rime souvent avec incohérences ou raccourcis.
En cela, le film prenait des risques à l'époque, même si d'autres traitaient déjà du même sujet, dans un registre plus sérieux – on pensera, notamment, à La Machine à explorer le temps (1960). Ici, c'est le ton comique et habilement kitsch qui est adopté, offrant un parfum de sitcom à l'œuvre. Mais ce parfum monte vite à la tête, et nous enivre de gaucheries, de dialogues ridicules, de scènes de cartoon et d'interprétations de série B.
Là où Retour vers le futur s'enferre, c'est en s'emparant des mœurs et idées dépassées des années 1955, comme le portrait masculiniste des hommes, via le personnage de la mère – fantasme cliché de l'élève studieuse mais coquine – qui s'entiche du premier venu à condition que celui-ci l'ait défendue des griffes du terrible Biff, racaille des bacs à sable. Notons que son idéal masculin est le gaillard fort et fier, prêt à se bastonner pour elle en cas de pépins…
Les thèmes soulevés posent davantage question lorsque les rôles de George et Biff s'inversent à la fin, grâce à l'intervention temporelle de Marty. Patron et salarié ont changé de position, c'est au tour de George, dorénavant, d'humilier Biff ; c'est donc à son tour de devenir une ordure. Drôle de morale
…
Zemeckis manque de causticité dans la manière de tourner en dérision ses scènes, et ne franchit pas assez la ligne parodique pour proposer une comédie hilarante.