ZEMMECKIS signe un début de carrière qui fera de lui rapidement un réalisateur culte et dont la vision grand public fonctionne à merveille, faisant de ce film un pur divertissement, et qui techniquement peut être considéré comme un film d’auteur étant donné que chaque idée formidable se trouvant dans le scénario à non seulement créé une œuvre entrée dans la mémoire collective mais en plus vient de l’imagination assez subtile de ZEMMECKIS, capable de faire de quelque chose de populaire un vrai moment culte. Et avant d’entrer dans le détail de ce qui fait de cette œuvre un grand moment, il faut rappeler que l’entreprise n’a pas été de tout repos, surtout dans la position dans laquelle a pu se retrouver ZEMMECKIS sous sa casquette de réalisateur et co-scénariste, et finalement, ce film entre dans la légende bien avant son montage final, que ce soit par la présence de SPIELBERG à la production exécutive donne le ton, le début de tournage chaotique, allant jusqu’à retourner une partie du film lors du changement d’acteur principal ou bien même les confrontations entre le réalisateur et certains de ses acteurs, qui ont fait de cette aventure un vrai chemin de croix, ce qui est d’autant plus incroyable quand on voit le résultat final. Ainsi, il est indéniable que l’élément majeur de la réussite de cette œuvre pourtant très populaire, c’est justement cette alliance de l’extraordinaire à travers le voyage dans le temps et l’aspect tout sauf épique de traiter la science fiction, car les détails du scénario qui traitent ce côte du film sont clairement la clé de voute de toute ce qui se déroule, pas besoin de jouer avec les grandes dates historiques comment souvent cela est fait quand il s’agit de pourvoir remonter ou avancer dans le temps, le cinéma aimant rejouer ce que l’on connaît universellement pour le spectacle, sauf que là, l’intrigue se penche plutôt sur la question temporelle à l’échelle du quidam, afin que chacun puisse se retrouver immédiatement dans le héros et cela fonctionne parfaitement. Le fait que tout tourne autour d’une histoire de famille basique en fait déjà une originalité sans faille, puis le traitement de tout cela est tellement impeccable que cela est même devenu aujourd’hui une théorie du traitement du temps au cinéma à part entière, impliquant à l’instar du film que chaque action dans le temps à une répercussion inévitable, alors que d’autres films traitent cela de manière à découper le temps en différentes dimensions. Rien que pour cela un mythe a été créé, lui donnant immédiatement le statut d’œuvre culte, cela allant jusqu’à rendre culte des détails du film comme la Dolorean et même des marques ou éléments culturels connus de tous, et comment ne pas penser à Pierre Cardin ou la doudoune sans manches. Puis il en va de même en ce qui concerne l’aspect technique de cinéma, car il y a là une véritable maîtrise de la narration d’une part mais surtout en ce qui concerne l’image, car à l’époque des effets spéciaux assistés par le numérique, le visuel est tout même impressionnant, laissant vraiment peur transparaître leur présence (bien qu’avec le temps et l’évolution des techniques cinématographiques, certains éléments peuvent avoir un peu mal vieillis) et l’union de la retouche numérique, finalement à peine présente ici, et des effets manuels donnent un résultat qui reste pleinement dans l’air du temps. Alors bien évidement que ce statut d’œuvre culte a été acquise grâce à une flopée d’éléments qui joue très subtilement des différences d’époques, s’amusant avec la temporalité à l’échelle d’une petite ville, permettant d’offrir des moments qui restent dans les mémoires, du riff endiablé de guitare dans les années 50, génération peu habituée à ces rythmes musicaux, tellement bien interprété et illustré, au plan séquence initial qui en moins de 5 minutes et un seul mouvement de caméra met en place l’intrigue de façon tellement maline, tout en passant par des idées qui semblent parfois dérisoires mais dont chaque échos dans le déroulement de l’histoire laisse sans voix par l’originalité et l’intelligence qui se dégagent même dans le détail, ce qui force le respect, non seulement le spectacle visuel est de qualité, mais le sujet traité ne laisse absolument rien au hasard. Puis il faut indéniablement reconnaître qu’il ne s’agit pas seulement d’étaler son savoir faire en matière de narration, encore faut-il que cela apporte quelque chose, et dans ce film on se rend vite compte que chaque image, chaque éléments de décors qui servent à illustrer l’intrigue, trouve un sens pleinement justifié chaque fois qu’ils sont mis en valeur, dans une cohérence indestructible à tout ce qui se déroule, poussant cette façon de faire jusqu’à l’ultime scène du film, donnant lieu à un moment formidable. L’idée de base déjà plutôt bien amenée dès les premiers instants du film, ne traînant pas inutilement sur la présentation des différents protagonistes mais tirant leur portrait de la façon la plus général possible afin de pouvoir identifier chaque personnage et non les acteurs les interprétant puisque le reste de l’intrigue va se charger de les développer comme il se doit, mais toujours de manière à y lier les enjeux du film mais surtout chacune de ses trouvailles scénaristiques concernant l’illustration du voyage dans le temps, faisant de cette introduction un morceau de bravoure car enchaînement rapide du début du film pouvait laisser un partie du public de côté, mais lorsque l’on aperçoit enfin vers quoi tend le reste du film, on se laisse totalement embarquer et cela dès l’apparition de la mythique Dolorean. Le reste ne sera qu’une cascade de moment cultes, de répliques qui sont restés dans le vocabulaire commun, et bien évidement de personnages haut en couleur et eux aussi entre dans l’histoire du cinéma, en commençant bien évidemment par le Doc Brown et Marty McFly qui sont des icônes au même titre que Robin des Bois ou D’Artagnan, d’autant plus que leurs interprètes sont aussi devenus légendaires et pour toujours attachés à ces personnages (malgré l’état de santé de M. J. FOX qui le contraindra a rester Marty McFly pour le reste de son existence, étant déjà une star avant le tournage, mais qui n’existera pas ailleurs que dans la saga initié par ce film). Sans oublier la myriade de personnages secondaires qui finalement ne le sont que sur le papier car chacun d’entre eux apportent non seulement leur pierre à l’édifice qu’est le scénario de cette histoire, où chaque détails à son importance mais aussi par leur interprétation au cordeau, ô combien essentielle à la réussite des deux phases de l’intrigue, d’autant plus que jouer le même personnages avec 30 ans d’écart n’est pas forcement le plus évident, mais si l’ensemble du rythme de l’histoire fonctionne sans accroc par cette double interprétation de chacun des différents protagonistes périphériques à l’histoire, faisant d’eux rapidement des éléments clés. Puis cela repose aussi sur la technique pour illustrer ces différences temporels qui donnent encore plus de force à l’ensemble, jouant habillement des prothèses et autres moyens manuels de faire vieillir les acteurs, pour ensuite permettre au montage et au casting de finir ce coup de génie en beauté, puisque l’intrigue met en scène en premier lieux les personnages d’un âge avancé pour ensuite les présenter sous leur vrais traites, ceux de jeunes hommes et femmes, ce que sont réellement chacun des membres du casting, et sachant que le cinéma à plutôt tendance à fonctionner dans le sens inverse en montrant d’abord les acteurs de manière réelle avant de les grimés. Cela pour mettre en évidence que rien n’est laissé au hasard, chaque petit morceau du script redouble d’originalité pour mettre en image une histoire et une aventure tout aussi singulière. Et bien évidemment que c’est l’alchimie de tout cela qui fait de ce film non seulement un chef d’œuvre de cinéma grand public, qui restera longtemps au panthéon des œuvres indémodables, sachant parler à chaque génération qui le découvre, et puis finalement plus le temps passe, plus ce qui y est présenté vieilli et met donc en scène non plus une mais deux visions du passé, chacune avec ses codes et ses messages qui ont toujours autant de poids malgré les années qui passe. Puis il faut garder à l’esprit une chose essentielle : à l’époque où le cinéma produit autant de choses originale que de redites ou de suites des œuvres cultes, le fait qu’il n’ai jamais été question de toucher ou revenir à cette trilogie que le film a initié à l’époque est plutôt de bon augure, car le temps cette fois-ci ne fera rien à l’affaire...