(...) on retrouve dans ce film tous ses tics de mise en scène, son découpage presque frénétique, ses plans de pubard sur des corps féminins (et masculins) magnifiquement sculptés, son mauvais goût assumé, des lumières chaudes, une violence graphique délirante, de l'humour bas du front très orienté vers le sexe et j'en passe. Bref, il y a encore de quoi contenter ses détracteurs. Oui, sauf que dans le cas présent, la plupart de ces éléments sont placés à bon escient et sa grammaire cinématographique est bien plus élaborée qu'à l'accoutumée. Ses plans presque putassiers et gratuits sur des femmes en petite tenue participent à construire l'univers du héros, un beau gosse musclé qui vit entouré de superbes créatures, ce qui correspond parfaitement à sa vision de l'Amérique et du rêve qui l'accompagne. Il vit entouré d'un luxe qui se refuse toutefois à lui et cela exacerbe encore plus ses fantasmes. Certains plans remplacent parfaitement la voix off, trop présente toutefois sur le film, et révèlent même parfois plus de sens sur ce que pensent le réalisateur que les dialogues du film. Les supers-ralentis sont utilisés avec parcimonie et rarement comme un pur gadget visuel, le mouvement est incessant et permet de bien digérer les plus de 2 heures de film et les acteurs s'en donnent véritablement à cœur joie avec des rôles certes pathétiques pour la plupart mais le casting est assez exceptionnel (...) Du point de vue de la narration, c'est là encore assez dense. Le film compte plusieurs narrateurs même si Lugo reste le héros. Ainsi, chacun des 3 protagonistes nous racontera son passé, tout comme l'enquêteur incarné par Ed Harris et le personnage de la strip-teaseuse, de manière plus brève. Ce patchwork d'avis, de points de vue et d'histoires donne beaucoup d'ampleur au film, qui s'avère un portrait assez acide de la société américaine, une dénonciation virulente d'une certaine beaufitude crasse et complaisante doublée d'une comédie parfois jouissive, qui ira très loin dans l'humour noir voire carrément surréaliste. On glisse doucement dans le sordide le plus sombre, avec un goût du morbide pas toujours très subtil mais ça fait aussi partie de ce tableau de massacre qui ne respecte rien. un vrai film de salle gosse en définitive, comme la plupart des films de Michael Bay mais avec un ton beaucoup plus mature et une résonance autrement plus personnelle que dans ses blockbusters. On sent bien que le bonhomme y a mis toutes ses tripes, tout en réussissant à s'amuser et à amuser le spectateur, quand bien même le film manque un peu de simplicité par instants et dans d'autres moments, il aurait gagné à être moins simpliste. Beaucoup de bonne volonté, de surprises, de rires mais aussi des passages un poil too much, ce polar noir et vraiment drôle n'est certes pas un chef d'oeuvre mais c'est une vraie curiosité. (...) La critique en entier sur