Alors que bien des années durant, Michael Bay aura porté le costume du mauvais bougre dans les tribunes des critiques, alors qu'il collectionne sans retenue les casquettes d'artificier, de troubadour du divertissement onéreux, le voilà pour l'occasion cinéaste de comédie. Oui, malgré cette thématique éculée du rêve américain, malgré cette allusion finale au fait que voilà une nouvelle adaptation d'une histoire vraie, No Pain no Gain est une comédie d'action dans la forme, dans l'esprit et dans la réalisation. Le culturisme qui faisait de l'homme un individu imposant dans les années 80 devient ici le synonyme de la ringardise, de l'individualisme, un fait que Michael Bay rattache à la liberté américaine de pouvoir vivre sa vie à la manière dont on l'entend. Non content de leurs corps sculpturaux, trois comparses profs de gym ou culturiste indépendant, se lancent dans le banditisme. Pourquoi pas.
Dès les premiers instants, l'on sent irrémédiablement cette tendance du réalisateur et du casting de prendre les choses légèrement, sans prise de tête. Si l'on considère dès lors le film comme une comédie, il devient alors évident que Bay, Wahlberg, Mackie et Johnson, accessoirement Tony Shaloub, font tout juste, chacun surjouant au possible pour divertir et non pas pour asseoir des personnages trop exubérant pour être catalogué dramatiques. Les péripéties criminelles de ces messieurs muscles devront dès lors être prises comme des gaffes, des maladresses hautement ciné-géniques. Voilà sans doute la force de Micheal Bay qui ici laisse libre court à un humour lourd tout en donnant du corps à la mise en scène, fun, audacieuse.
Quelques scènes ratées viennent parfois taclé dans son élan le public mais globalement le film trace sa route sans réel obstacle. Les personnalités des individus sont complètement délirantes, les situations cocasses sont légion et l’atmosphère et légère, de quoi passer un agréable moment de détente aux cotés de losers patentés. C'est bien de ça dont il s'agit, d'une histoire d'armoire à glace, d'abord losers, qui finit comme elle devait finir. Techniquement, le cinéaste s'en sort avec les honneurs, quelques plans étant particulièrement réussis. Tout est artistiquement très orienté vers un cinéma moderne qui fait la part belle à la couleur, à l'éclairage artificiel. Partant de là, l'homogénéité des décors est absolument maîtrisée.
Malgré un bon nombre de détracteurs, Pain & Gain s'avère finalement être une bonne surprise, un film assumé. Le casting est absolument excellent, la musique fait sa part du boulot, le rythme est maîtrisé et le propos sous-tendu par cette notion de rêve américain pâteuse que l'on pourrait reprocher à Bay mais qui s'avère pourtant essentiel pour que le script fonctionne. Fier de sa culture bicentenaire, qui pourrait reprocher à Bay d'avoir fait une halte sur l'histoire de Dani Lugo? Dommage maintenant que la prochaine étape pour le cinéaste soit le quatrième volet de sa franchise pétaradante, Transformers, alors que celui-ci vient de démontrer un talent que l'on méconnaissait de sa part. Affaire à suivre. 15/20