Dans l’inconscient collectif, on a souvent tendance à dire que le cinéma français est mauvais dans le cinéma d’action comme il l’est dans le cinéma de genre. Et que si ce dernier a eu tendance à nous réserver des surprises par le passé mais surtout récemment (de « Martyrs » à « Grave » en passant par « Le Règne animal » l’an passé), il n’en est de même pour le cinéma de castagne et ce, même si quelques exemples commencent à pointer sur les plateformes (on pense à « Balle perdue » par exemple sorti sur Netflix). Et on parle bien ici d’action pure à la « Taken », « John Wick » ou « Piège de cristal » pas aux polars musclés comme ceux d’Olivier Marchal, ou aux films policiers à la « Bac Nord » voire même aux films d’aventures. Quelques rares exemples contredisent cette pénurie dans le septième art tricolore comme le méconnu « Total Western » ou plus récemment l’année dernière, la claque « Farang ». Une véritable bombe, en forme d’exception qui confirme la règle, qui marchait aisément sur les traces du meilleur du cinéma asiatique et américain dans le genre. Mais on a aussi eu « Nid de guêpes » il y a vingt ans de Florent-Emilio Siri, que l’on retrouve à la tête de cet « Elyas » d’excellente facture.
Le principal bon point du film est de nous mettre une tête d’affiche qui en impose. Car dans le domaine que l’on pourrait qualifier de « seul contre tous » – qui est presque un sous-genre d’un film d’action – il fallait un acteur crédible, charismatique et imposant. Une gueule à la Jason Statham par exemple. Et il faut avouer qu’en choisissant le grand Roschdy Zem, le cinéaste ne s’y est pas trompé, c’est la bonne pioche. Certes, il demeure impassible et taciturne tout le long du film mais c’est le rôle qui veut cela. Et de creuser un peu le profil psychologique du personnage avec le syndrome du stress post-traumatique des militaires est bien vu. En plus d’ajouter du doute dans l’esprit du spectateur sur plusieurs aspects entre ce qu’Elyas croit voir et la réalité, cela donne de l’épaisseur et une logique comportementale à son personnage. Le long-métrage n’est peut-être pas aussi définitif que « Farang » ou que certains titres phares du cinéma US mais il réussit à ce sur quoi on l’attend : des combats impeccables, lisibles et impressionnants et des séquences de fusillades qui le sont tout autant.
Dans la première catégorie, le tout reste assez crédible et s’éloigne des cent assaillants pour un seul homme. Par exemple, on évite le côté improbable et virant presque au ballet artistique du Baba Yaga incarné par Keanu Reeves, devenu presque mythologique, dont on aime se délecter dans la saga « John Wick ». L’acmé niveau affrontement à mains nues vient sans conteste de ce combat contre quatre personnes dans un camping-car : intense, radical et scotchant. On apprécie aussi l’assaut dans le manoir, concis et allant à l’essentiel. Le final tente peut-être un peu trop de lorgner sur le cinéma hollywoodien tendance Tom Cruise/Ethan Hunt dans « Mission : impossible » mais sans tomber dans le ridicule ou le trop. De justesse. On apprécie que l’intrigue aille un peu plus loin que de la simple castagne et une vengeance avec une intrigue réservant quelques rebondissements et chausse-trapes. En revanche, il y a une ou deux fautes de goût dont une explosion avec le personnage qui marche avec celle-ci en fond; il ne manquait plus que le ralenti pour que ce soit risible. Mais, au final, « Elyas » est une nouvelle (et rare) preuve qu’avec un bon cinéaste dans le domaine et un bon acteur, on peut faire du très bon cinéma d’action en France.
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