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Jérôme Claret (Jerome C.)
1 critique
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4,0
Publiée le 27 juin 2024
Film vu à l'avant première Capture Mag. Elyas est un très bon thriller d'action avec un rythme soutenu, des scènes d'actions bien réalisées et la dose d'émotion nécessaire. Cependant qelques défauts d'écriture à mon avis et la mise en scène énergique ne suffit pas toujours à masquer le manque de budget. Le film mérite largement d'être vu sur grand écran et de rencontrer son public !
Cela faisait depuis Cloclo que l'on semblait avoir perdu Florent-Emilio Siri, aka le plus grand réalisateur de film d'action français. Un cineaste rare dans le paysage hexagonal, donc dire que voir Elyas fait chaud au coeur est un euphémisme. Pourtant le doute persistait de savoir si le réalisateur français le plus sous-coté des 20 dernières annés en avait encore sous le coffre.
Et la réponse est Oui (avec quelques réserves tout de même). À la vue du pitch et sur l'ensemble des 1h39 de métrage, Elyas semble une resucée du fondamental Man on Fire de Tony Scott. Un ex-soldat traumatisé par son passé se voit engager par une riche famille étrangère (ayant fui les Émirats arabes unis pour protéger une adolescente d'un mariage forcé par son sultan de paternel), tandis que le protagoniste taciturne va se révéler dans l'adversité face à un commando, mais aussi dans sa relation avec la famille sous sa responsabilité.
Du canevas clairement emprunté (ce n'est pas un souci, Nid de Guêpes était déjà une superbe réinterprétation du Assaut de Carpenter), mais là où le bas blesse tient une dramaturgie moins bien travaillée que son inspiration première. Le cadre est d'emblée efficacement posé, mais si l'intrigue conserve une efficacité de chaque instant (mis à part un passage en trop chez des gitans n'apportant que peu d'intérêt pour l'évolution du personnage, ou un usage un peu trop littéral de deepfake), c'est d'un point de vue purement émotionnel que cela coince. Comme si on avait pas le temps de mieux développer le lien affectif entre Elyas et sa protégée (malgré le talent de la jeune actrice). Le pay-off final marche moyennement donc, mais heureusement Siri use à bel escient des 12M de budget alloué!
Une somme dérisoire pour un film d'action, mais lorsqu'elle est là, Elyas envoie une patate de forain à la concurrence en terme de montage, de viscéralité et de travail sonore. C'est sur ce dernier point que le film impressionne le plus, usant par exemples des sonorités du couteau fu personnage pour illustrer le PTSD du héros, en intégrant même cela à des séquences ultérieures.
La psyché fracturée d'Elyas devient ainsi un enjeu autre (même si le script abandonne à mi-parcours les possibles doutes de la perception possiblement biaisée du personnage), tandis que Roschdy Zem fait preuve d'une impeccable physicalité pour le rôle. Le tout notamment dans 2 excellentrs séquences musclées : un combat ultra brutal à 1 vs 5 dans un camping car, et un climax prenant tout droit hérité de Splinter Cell.
Je regrette une photo assez quelconque et peut-être un budget qui restraint les ambitions du cinéaste (notamment sur la non-exploitation de l'antagoniste principal). Mais en l'état Elyas est une sympathique pioche avec de grandes qualités malgré tout. Un retour de Siri prometteur pour la suite donc !