Monsieur Aznavour, c'est l'exercice semi réussi (ou semi-raté) de faire un biopic sur l'un des musiciens français les plus prestigieux de notre histoire. Et qui dit semi réussite, dit évidemment semi déception.
Pourquoi semi-réussi (ou semi raté) ? Parce que, oui d'abord, le film excelle sur sur son casting. Le trio de tête du film est fabuleux, à commencer par Tahar Rahim qui, même s'il ne ressemble jamais vraiment à Aznavour physiquement (ce qui m'a dérangé), donne tout en termes d'acting. Même chose pour Bastien Bouillon et surtout Marie-Julie Baup, étonnants et attachants dans leur interprétation de Pierre Roche et Edith Piaf. Les reconstitutions sont de très bonne facture, tout comme la réalisation, d'un académisme affirmé, mais efficace dans les grandes lignes.
Malgré tout, le film souffre d'un CRUEL manque de point de vue de réalisateur. C'est simple : le film est une succession d'anecdotes Wikipédia que le film enchaîne sans trouver de réel fil rouge ou d'angle. Au-delà de la vie exceptionnelle d'Aznavour, de ces anecdotes de création entrecoupées de clips musicaux, les "auteurs" ne savent pas comment utiliser Aznavour pour raconter quelque chose de plus profond. Alors bien sûr, des thématiques sont soulevées : le racisme, le travail, la pauvreté et même l'homophobie mais sans jamais les lier ensemble pour dépasser cet aspect "fourre-tout d'anecdotes".
Forcément, ce manque de point de vue finit par se payer à un moment : le film termine
en queue de poisson, après avoir déroulé sa liste, sur des images d'archive du maître et une voix off annonçant son décès
. Une manière ÉVIDENTE de prouver au public qu'ils ne savaient pas comment terminer.
En résulte de Monsieur Aznavour, un biopic captivant parce que la vie d'Aznavour est captivante, mais qui ressemble davantage à un téléfilm très maîtrisé qu'à un réel film de cinéma prêt à transcender son personnage. C'est divertissant, bien fabriqué, mais académique et paresseux.