"Si je m'arrête, je meurs" : aveu déchirant de solitude du bonhomme Aznavour, pourtant "arrivé" au sommet. Mais est-ce Aznavour ? Ça sonne juste avec l'interprétation adorable de sensibilité de Tahar Rahim (quand on n'a pas connu le chanteur, ce dernier disparaît même derrière l'acteur). En tout cas, ce sont bien les chansons d'Aznavour, extraordinaires, qui constituent l'accompagnement musical du film, et même le plan du film.
Film qui tire des larmes, de voir un mec qui n'arrive au top qu'à force de travail (le talent est déjà là) et surtout d'ambition, quitte à écraser, oublier l'ami, la famille... au point d'en devenir puant. L'homme a-t-il été heureux ? On en doute. Il n'a même pas su être malheureux (la mort d'un fils, c'est juste un sale coup). Drogué c'est sûr, vu cette capacité d'oubli, drogué depuis l'enfance sans doute, et à coup sûr par l'accumulation des difficultés (c'est un miracle de s'en sortir après des critiques du genre "comment peut-on laisser un infirme chanter ?")
Sans ambition donc, on n'arrive à rien. C'est presque pareil de dire qu'on n'est rien, selon son sens de la vie. C'est donc un film intéressant autant qu'émouvant. Il nous fait réfléchir. Le néophyte apprend aussi des choses (sur l'entourage, Edith Piaf, Johnny Halliday, Trénet...).
A.G.