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Jipéhel
30 abonnés
195 critiques
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4,5
Publiée le 26 décembre 2023
Simplement beau
J’adore le cinéma d’Hirokazu Kore-eda. Ce n’est sans doute pas son meilleur film, mais ces 126 minutes restent tellement au-dessus de la moyenne qu’on ne peut qu’applaudir. Ce que je fais volontiers. Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ... Ce film admirable a obtenu le Prix du scénario à Cannes et c’est parfaitement mérité. Il est rare que Kore-Eda reparte bredouille de la Croisette et ce n’est évidemment pas un hasard. Cette histoire a été proposée au cinéaste au moment même où il avait le sentiment qu’il ne parvenait plus à écrire ses propres scénarios et personnages. Et comme Yuji Sakamoto est de loin le scénariste le plus en vue au Japon, la rencontre s’est avérée plus que fructueuse. En vérité, il y a ici presque deux films en un. Une espèce de thriller durant lequel on nous raconte la même histoire mais à travers des regards différents. Puis, le sujet tourne à la poésie et à l’onirisme débridé. C’est d’une beauté renversante et d’une rare sensibilité. Kore-eda n’a pas son pareil pour pénétrer l’univers des enfants. Certes, le procédé choisi d’une forme pour le moins sophistiquée peut brouiller le message, mais notre cinéaste se fait sociologue de son pays, sans virulence mais en ne cachant aucunes de ses failles. Mais ce qui reste à la sortie de la séance c’est bien une impression de grâce extrême. Bouleversant. Sakura Andô et Eita Nagayama sont bien connus des cinéphiles européens amateurs de films japonais. Mais, encore une fois, c’est du côté des enfants que nous vient la découverte de deux perles rares, les jeunes Soya Kurokawa et Hinata Hiragi qui incarnent deux cœurs blessés dans ce drame lumineux qui nous parle d’amour et d’amitié. Même si les thèmes abordés d’emblée, la mère célibataire, l’éducation, le harcèlement scolaire, la masculinité toxique et l’homosexualité chez les jeunes, font un peu catalogue tendance, la dernière partie de ce merveilleux film explique et excuse tout ce qui semblait être de prime abord des errements. Hirokazu Kore-eda est un maître.
L'action se déroule dans une petite ville de province japonaise et débute le soir où un incendie, dont on découvrira plus tard l'origine criminelle, dévaste un immeuble abritant un bar pour hôtesses. Élève en classe de CM2, le jeune Minato est orphelin de père. Sa mère, qui l'élève seule, note des détails troublants qui la conduisent à mettre en cause son école, et notamment son professeur, M. Hori. Mais, la vérité se révèlera tout autre.
Dans la filiation revendiquée de Ozu, l'oeuvre pleine d'humanisme de Hirokazu Kore-Eda compte parmi les plus significatives du cinéma japonais contemporain. Elle a été consacrée par la Palme d'or à Cannes en 2018 pour "Une affaire de famille". Mais son film le plus marquant est à mes yeux "Nobody Knows" en 2004 dont le sujet traumatisant - quatre jeunes enfants sont abandonnés pendant plusieurs mois par leur mère défaillante et se débrouillent pour survivre - m'avait durablement marqué.
Comme dans ses films précédents, L'Innocence interroge la famille et la figure du père absent - ou, dans le cas de Hoshikawa, défaillant. Il le fait avec une infinie délicatesse, mais aussi - comme c'était déjà le cas dans "Une affaire de famille" - en égratignant les faux-semblants de la société japonaise, son formalisme excessif, son illusion à vouloir résoudre le moindre différend par la présentation théâtralisée d'excuses outrées.
Le jeune Minato est-il la victime innocente de son professeur ? ou est-il au contraire le tourmenteur de son camarade de classe, Hoshikawa ? ou bien la réalité est-elle encore plus complexe ? Le sujet est déjà, en soi, passionnant. Mais Kore-Eda a l'intelligence - ou la rouerie - de le rendre plus passionnant encore en en sophistiquant le montage. Selon la technique dite "Rashomon" - du nom du film de 1950 de Akira Kurosawa qui l'utilisa le premier - les mêmes faits sont successivement revisités selon trois perspectives différentes : celle de la mère de Minato, celle de son professeur, celle enfin de Minato lui-même. Chacune ajoute à la précédente une couche de sens, révélant in fine une "vérité" autrement plus subtile que celle, binaire, qu'on avait pu imaginer.
Le jeu d'acteurs des enfants est bon, les paysages et la façon de filmer aussi mais le choix de montage des scènes est décousu et le scénario peine. On pense avoir à faire à un film à la fois sociétal, un polar puis d'amitié ou sentimental. Les genres sont trop mélangés et mal amenés. La confrontation parent/prof est mal exploitée malgré une première partie intriguante. La dernière demi heure je ne savais même plus où le film voulait en venir et j'ai failli partir avant la fin.
Parmi ces films qui bouleversent. L'innocence touche directement dans le cœur. Il faut s'accrocher, ne pas laisser passer d'informations mais quand on tient, la poésie et le discours sont très puissants. Tous les acteurs jouent avec une grande justesse. Le prix du scénario est amplement mérité, c'est d'une maestria de narration... rien à dire ! C'est magnifique magnifique ! Je recommande à fond :)
Nouveau film de Kore Eda, récompensé par la palme du scénario au dernier festival de cannes, l'Innocence qui devait initialement s'appeler "Monster" est construit comme une enquête policière et met à mal la culture du rejet de l'autre qui est souvent pratiquée sous le poids des traditions et d'un certain conservatisme au niveau des moeurs.
Cette histoire conté sous différents points de vue ( on pense au "Rahsomon" de Kurosawa) ne révèle son secret que dans sa dernière partie. Entre temps tout le monde sera tour à tour juge et jugé (parfois à tort) et d'une simple histoire de harcèlement scolaire on ira sans s'en apercevoir sur un autre terrain, celui de l'homosexualité....
Sa conclusion est humaniste et vous submergera d'émotion.
Alors qu'une jeune mère célibataire essaie de comprendre le changement de comportement de son fils, ce dernier lui avoue que ses ennuis viennent de son professeur principal qui le maltraite physiquement et verbalement. Le professeur est mis à pied, l'école détourne le regard et personne ne semble comprendre que toute cette histoire provient d'une amitié puissante entre deux enfants.
spoiler: L’Innocence dépeint cruellement comment quelque chose d'aussi pur et beau qu'une amitié entre deux garçons peut se transformer, à cause de la méchanceté des enfants et de la facilité des adultes à sauter en conclusions, en une série de quiproquos et d’événements tragiques. Les environnements sont travaillés et esthétiques. J'ai peu apprécié le fait que les temporalités soient toutes mélangées car ça apporte un style assez artificiel et brouille inutilement la compréhension de l'intrigue qui est assez simple finalement, une fois les artifices retirés. Quelle belle fin ceci dit ! En apothéose comme je les aime.
Kore-Eda au summum Un film touchant et enivrant. Des émotions, des drames et des histoires qui nous touchent et nous rendent encore plus sensible. Un film a voir et revoir tant les sons sont percutants, les images bluffantes et les interprétations divines !
Quelle tristesse d’être déçu par un film de Kore Eda dont j’aime tous les films depuis que j’ai découvert Nobody Knows. Bien sûr on y retrouve son talent pour s’infiltrer dans la cellule familiale et pour en explorer les mystères. Mais cette fois ci le mystère, le secret, est tellement dilué et l’histoire si inutilement tarabiscotée que l’on perd vite pied et que l’on se désintéresse de l’enjeu du récit. Cela semble bien long avant le dénouement final qui n’en est pas un car il n’éclaire que très partiellement les zones d’ombre des personnages et du scénario. Reste la belle musique de Ryuichi Sakamoto, hélas disparu depuis, et la douceur de la camera lorsqu’elles s’attache à ces deux enfants.
Qu'aurait donné L'Innocence si Hirokazu Kore-eda avait construit son film de manière traditionnelle et linéaire, sans recourir à un procédé à la Rashomon ? Sans doute aurait-il gagné en évidence dès le départ, et peut-être même en émotion, mais il aurait en revanche perdu de son mystère et d'un rapport ludique avec son public. Oui, la forme sophistiquée du long-métrage dissimule somme toute une histoire plutôt simple et touchante, qui ne se révèle que dans ses dernières minutes, mais on n'en tiendra pas trop rigueur au cinéaste, eu égard au plaisir qu'il nous concède, in fine, avec ce regard attentif et bienveillant sur l'enfance, qui est sa marque de fabrique. A travers le regard d'une mère puis d'un enseignant et l'exploration d'un milieu scolaire où l'on peut stigmatiser le comportement d'un élève, doté d'un "cerveau de porc" (sic), ou encore enregistrer le poids des rumeurs et la tenaille du harcèlement, Kore-eda se fait sociologue de son pays, sans virulence mais en ne cachant quelques unes de ses failles, y compris au sujet du tabou dont il est question de manière certes tardive mais néanmoins claire. L'Innocence n'est vraisemblablement pas le meilleur film de son auteur mais la richesse de ses personnages contribue à ne pas en sortir déçu, d'autant qu'il se situe dans la continuité d'une œuvre dont la cohérence ne cesse de se consolider au fil du temps.
un film subtil, un scénario subtil, pour découvrir au fil de flash back, la réalité d'un drame qui a couté la vie à un professeur.....Kore Ida, montre ici un grand talent de réalisateur et de scénariste, à la façon d'un Innaritu dans ses meilleurs films...C'est monté à la façon d'un puzzle où au fur et à mesure que le film avance, le spectateur colle les morceaux, inspiré par la subtilité du montage, des flash back, des ellipses subtiles, donc, C'est un travail de virtuose assez jubilatoire pour le spectateur....Moi j'ai adhéré, ayant été prof, parfois harcelé pour des raisons obscures...Le film montre un côté précis de l'enseignement, où les malaises sont fréquents entre les élèves, et où souvent l'on cherche un bouc émissaire...c'est le discours de ce film, pardon de cette symphonie pastorale comme dirait André Gide...Ne passez pas à côté, éveillez vous devant ce petit chef d'œuvre.... émotion garantie.
"L'innocence " de Hirokazu Kore-eda (Palme d'Or au festival de Cannes avec "Une affaire de famille" en 2018) est un drame social japonais qui m'a bouleversé. En effet le réalisateur japonais livre aux spectateurs une histoire puissante, maitrisé, émouvante, fluide qui dénonce l'homophobie latente au Japon, le harcèlement scolaire, la fin de l'innocence dans une société japonaise hypocrite et homophobe avec des acteurs parfaits (mentions spéciales aux jeunes acteurs), cela fait longtemps que je n'avais pas ressenti cela devant un film, un véritable coup de cœur pour moi, récompensé par le prix du scénario et la Queer Palm au festival de Cannes, ce film méritait bien mieux.
Film assez obscur si on n'a pas lu au départ le synopsis, lequel après visionnage apparaît candide et limite pénible. Ça n'a vraiment pas grand intérêt après le 1er tiers-temps qui pouvait effectivement intriguer, un peu.
Dans cette histoire d'enfant mal dans sa peau, nous sommes d'emblée assailli par les différentes raisons possibles forcément plus ou moins terribles et qui va tenir ce suspense jusqu'à ce que les différents protagonistes nous dévoilent leur point de vue. Les questions nous taraudent et les réponses se font subrepticement, de fil en aiguille avec toute la délicatesse du réalisateur et toute la pudeur des us et coutumes nippons. Il y a bien quelques facilités ou maladresses (un sourire narquois dont on n'aura pas le retour d'un autre angle, l'amitié se suffisait à elle-même et se serait avéré encore plus "innocente", ou sinon choisir des enfants de 2-3 ans de plus), mais le plus gênant reste sans doute cet habituel écueil du réalisateur de trop tirer en longueur certains passages. En filigrane le réalisateur-scénariste aborde bien des sujets comme les rumeurs, la fausse perception des choses, les apparences ou le jugement de la majorité pas forcément juste... etc... Le cinéaste signe une chronique douce-amère dont on perçoit la volonté d'optimisme du cinéaste mais qui laisse pourtant un goût plus amer que doux avec une pointe de mélancolie. Un très bon moment à conseiller. Site : Selenie.fr