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Peter Franckson
52 abonnés
1 153 critiques
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3,5
Publiée le 6 janvier 2024
Bien que n'étant pas fan du réalisateur japonais (films jamais inférieurs à 2 h, thème répétitif de la famille et des enfants), le film était intéressant (prix du scénario au festival de Cannes 2023), d’une part, pour sa construction de type Rashōmon (où la même histoire, située à Kagoshima, sur l’ile méridionale de Kyūshū, est racontée selon 3 points de vue, celui de Minato, de l’instituteur Hori et de Eri) et d’autre part, par le traitement des amitiés adolescentes ( entre Minato et Eri) et du harcèlement scolaire [abordé récemment dans « Le château solitaire dans le miroir » (2023) de Keiichi Hara]. Un constat sévère du Japon où le mensonge est omniprésent, y compris chez les enfants, l’important étant de préserver les apparences (que de courbettes pour s’excuser !).
Belle construction du récit, qui permet de relativiser la perception des choses suivant chaque protagoniste. Après Tashomon ou Le dernier duel, ce procédé est toujours efficace et invite au respect des versions, à celui de la démarche contradictoire si 'on entend tendre vers la vérité. Le film sent un peu le procédé, mais ce n'est pas une tarte. Le dispositif est ici indispensable.
C'est fou comme ce film laisse perplexe. Sa note en est d'autant plus difficile. Une autre folie: L'audace du Kore-eda. Les thématiques couvertes sont audacieuses et tout aussi touchantes. C'est en soit un succès car cela reste longtemps dans l'âme et dans le cœur.
La caméra traduit successivement le ressenti de la mère Minato, de l'instituteur, de Minato lui-même et de la directrice de l'école. Le procédé permet de voir la même histoire, vue selon quatre points de vue antinomiques.
ÇA fonctionne bien ; le passage d'une subjectivité à l'autre -c'est bien de ça qu'il s'agit- fonctionne de façon à la fois claire, compréhensible et sans nuire au rythme du récit, et le spectateur est amené à changer chaque fois son jugement sur les protagonistes, une prise de recul riche d'enseignements,
Cependant, nos jugements successifs sont influencés sur des préjugés, sur des images floues que l'on a de la culture japonaise... Ainsi, la directrice de l'école nous semble atteindre des sommets de malhonnêteté intellectuel pour protéger l'institution de l'école, au dépens de la justice ou de l'efficacité pédagogique, et le spectateur français, ignare, croit y voir un trait de la culture japonaise.
Une scène reproduit plus évidemment ce "trouble" : alors que le professeur accusé se trouve dans un bureau avec une secrétaire un peu coincée, celle-ci se déplace à petits pas rapides, les jambes bien plus serrées que ne l'y oblige l'étroitesse de sa jupe...
Le spectateur exogène qui voit un film "d'ailleurs" hésite sur le sens de l'image ou de la scène qu'on lui soumet, et sur l'intention éventuelle du metteur en scène. La subjectivité culturelle d'un spectateur sous l'influence d'une imagerie culturelle sans doute artificielle se rajoute à celle des personnages quatre "sujets" du film... Un petit peu peu trop pour moi. Loches CinéClub 19 janvier
Une mère découvre que son fils est apparemment maltraité par un professeur dans son école. Elle cherche à comprendre. Je ne vais pas ici dévoiler trop de choses du scénario, le mieux est de le découvrir en voyant le film. Le film est construit avec 3 points de vue qui recommencent en flashback pour nous éclairer petit à petit sur les vrais enjeux et le vrai sujet du film. Kore-Eda nous habitue à son style réaliste et techniquement parfait pour traiter de son sujet favori : la famille.
Hirokazu Kore-Eda a voulu faire un film sur la subjectivité face au réel. Un même événement est perçu et interprété de façons différentes par les protagonistes. Étonnamment, si le film est réussi, ce n'est pas pour le traitement du sujet. Non seulement l'idée n'est pas nouvelle (on pense notamment à l'extraordinaire "Mademoiselle" de Park Chan-Wook) mais l'académisme de la mise en scène et la répétition des scènes finissent pas lasser. En cela, le traitement du sujet n'est pas abouti et on est loin de "Une séparation" ou du "Passé" d'Ashgar Fahradi. Heureusement, il y a cette longue fin qui montre avec délicatesse la relation entre les deux enfants. Cette fin emporte les spectateurs. Débarrassé du questionnement de départ, lorsque Kore-Eda pose sa caméra sur les sentiments, on retrouve immédiatement la puissance de son cinéma, cette capacité rare de filmer les sentiments humains. Un film d'amour poétique et empathique.
Un beau film mais aussi une petite déception en partie au vue des critiques dithyrambiques. C'est un film labyrinthiques qui multiplie les faux semblants et les fausses pistes. Je trouve que les deux premières parties du film fonctionnent très bien, on est intrigué et on veut savoir le fin mot. Mais le dernier tiers est long et les multiples allers retours ne servent finalement pas. La réalisation est maîtrisée et les acteurs solides. A voir.
Minato a un comportement étrange et inquiète sa mère qui l'élève seule. Dans les rares explications qu'il fournit, Minato accuse son professeur de harcèlement... L'innocence a eu le prix du scénario à Cannes. De fait, le travail d'écriture est important puisque l'histoire de Minato est abordée trois fois dans le film, du point de vue de la mère, puis du professeur, puis de l'enfant lui-même. On apprendra de nouveaux éléments de l'intrigue dans chaque partie et, peu de temps avant la fin, la vraie raison du comportement étrange de Minato. La construction du récit semble parfois alambiquée et, pour donner un indice, on peut rappeler que l'Innocence a également obtenu la Palm queer à Cannes en 2023...
J'aurais toujours du mal à apprécier les jeux inexpressifs des acteurs japonais. Les scènes de politesse entre eux sont tellement décalées pour nous occidentaux, qu'elles paraissent parodier les comportements. L'exercice remue-méninges à multiples points de vue est effectivement intellectuellement intéressant, mais ne suscite aucune empathie ni émotion. La séquence des administratifs et du professeur face à la maman scandalisée parait si absurde, digne d'un film à la TATI. Les jeux idiots des enfants nous saturent à la longue... La BO essentiellement pianistique sur les scènes dramatiques m'a fait penser au cinéma des frères Lumière. C'est dire que j'ai peu apprécié...
Jusqu’à maintenant j’accroche très peu au style de Kore-eda mais là ça a vraiment été l’exception ! Ça reste dans le même ton dramatique que ses autres films mais avec cette triple lecture qui vient apporter des nuances à une histoire simple mais qui en tant que spectateur paraît pourtant si ambiguë lorsqu’on ne connaît pas le point de vue de chacun. Le juste pour raconter une histoire simple et touchante. C’est simple mais efficace, je recommande !
Un scénario original. Si la première partie laisse présager une histoire d'enfant mal dans peau et élevé par une mère célibataire, l'histoire nous emmène bien au delà avec les histoires au regard d'adulte et celle vue par les enfants. Un film auquel on repense....néanmoins quelques longueurs.
Juste convenable. Une première partie pas très passionnante, où on s'ennuie ; et ensuite, on a les explications et ça devient bien mieux. Mais le mal était fait ..
La force d'une fiction qui ressemble à la vie en vrai. Le foutoir de la maison. Les galères du quotidien. On pense a Mummy en version japonaise, plus posée, plus rentrée dans les mots, à l'intérieur des visages et des gestes. spoiler: On va de surprise en surprise, et à chaque fois on se dit : ah oui, bien sûr, comment ai-je pu me fier aux apparences, moi aussi ?
Un véritable labyrinthe, où les interprétations se contredisent, la mise en scène accentuant cette confusion, par exemple l'agression du professeur sur un élève est montrée sans qu'on puisse voir ce qu'il s'est réellement passé. Kore-Eda se pourvoit dans l'abstraction, personnellement je ne suis pas convaincu.