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Ti Nou
492 abonnés
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4,0
Publiée le 5 juin 2024
Récompensé au festival de Cannes, le scénario est, en effet, très impressionnant dans la précision de son écriture. Il reprend le principe du triple point de vue de "Rashomon", mais plus que le même récit perçu différemment, on a affaire à trois histoires avec leur propre thématique qui s’entremêlent. La première parle des difficultés d’une mère célibataire, la deuxième de la violence et la lâcheté des institutions et la troisième des émois préadolescents. Kore-Eda confirme qu’il est un fin observateur de son époque et un brillant directeur d’acteurs.
Une œuvre sur l'enfance, la marginalité et les solitudes, par le réalisateur de «Une Affaire de Famille» et «Les Bonnes Étoiles».
Raconté de plusieurs points de vue, l'histoire d'un secret dont j'ai deviné assez rapidement la raison, mais traitée avec justesse et sensibilité, et ce malgré quelques longueurs au cours du récit.
spoiler: C'est l'histoire d'un tremblement de terre trop pourri y'a pas d'effet spéciaux. Rendez-moi San Andreas, les biceps de The Rock et Mickael Bay !!!
- Cette critique contient des spoilers -
Je ne connaissais au film que sa palme, ses excellentes notes (96% RT & 4,0 sur Allocine) et son réalisateur dont je n'avais pas noté qu'il avait dirigé le déjà habile, nuancé et émouvant "Une affaire de famille". "l'Innoncence" porte ces mêmes qualités.
Une Palme d'or du scénario japonaise de 2H10... autant vous dire que je ne m'attendais pas à un rythme aussi soutenu et à une telle richesse d'actions. L'innocence est en fait un véritable thriller lors duquel on ne voit pas le temps passer. Dommage d'ailleurs que ce type de film qu'on imagine chiant (contemplatif à minima) soit markété / vendu comme "masterpiece" "deeply moving" "heartbreaking" alors qu'il est aussi un film "facile". Vraiment. Il a d'ailleurs quelques défauts de ses qualités grand public : - Il se base sur le très utilisé effet Rashōmon (Gone Girl, The last dual...) - La cabane (ou presque) dans la forêt comme refuge des enfants - La BO est aussi ostentatoire que dans une série Netflix - Le scénario et les quiproquos amenant le drame ne sont possible que grâce à l'invraisemblable incapacité des personnages à se parler - le film débute à nouveau avec une prolo esseulée victime d'injustice qui se heurte à une administration insensible - le cœur de l'intrigue se révèle à nouveau être la honte d'être homosexuel
Personnellement j'ai aussi toujours du mal à rentrer / comprendre les personnages asiatiques habité par le sens de l'honneur ou l'expression d'un respect de façade qui n'est en fait qu'un refus de se livrer. Cela parait tellement anachronique dans nos sociétés occidentales où l'on place le dialogue et l'expression des sentiments (le consentement mais pas que) comme une pierre angulaire des relations sociales. En 2023 son utilisation m'apparait moins comme l'expression d'une culture japonaise qu'un artifice scénaristique bien commode pour faire monter la sauce. J'ai aussi trouvé qu'Hori surjouait, notamment dans le final, avec des courses et gesticulations ridicules. J'ai enfin été très surpris du peu de place donné aux écrans et réseaux sociaux dans le processus de harcèlement.
J'ai adoré tout le reste. J'ai été happé dès les 40 premières secondes et la succession des trois plans qui s'élargissent progressivement : les pas dans l'herbe en plan rapproché, le camion de pompier saisi en surplomb et le panorama lointain sur la ville de nuit. Il existe bien quelques temps mort mais le rythme est très soutenu, le dévoilement progressif de l'intrigue maintient le suspense ininterrompu et à l'exception du père ivrogne, les personnages sont suffisamment nuancés pour qu'on s'y attache.
J'ai aussi aimé l'innocence parce que j'ai l'impression de l'avoir compris, j'ai anticipé certains événements et ai aimé découvrir des détails que j'avais loupé (la photo sur le bureau de la directrice, le ridicule du gay en pub télé...).
Enfin j'ai aimé ce film parce qu'en parallèle de sa sombre enquête policière, il parvient à être un chatoyant film sur l'amitié. Il m'a rappelé le bonheur de l'enfance et la magie d'un wagon abandonné. Mais Kore-eda m'a aussi touché en tant que parent car il nous rappelle à quel point le dialogue avec les enfants nécessite attention et interprétation : "j'ai un cerveau de porc" = "je suis attiré par les garçons".
Chacun décidera de l'issue d'une fin dans laquelle la barrière du chemin de fer a disparu car finalement peu importe, on est ému quelque soit le destin de ces deux enfants qui viennent de comprendre qu'il n'y a pas de réincarnation. Cette vie est la seule que nous avons.
Un de mes cinéastes préférés du moment, Kore Eda, et pourquoi ? Car il construit une œuvre sur la famille, les liens filiaux ; et qu’à chaque film, il apporte une nouvelle pierre à l’édifice. A chaque fois on pense qu’il a fait le tour de la question mais il déniche un nouvel angle, une nouvelle problématique. Ce film, Prix du scénario à Cannes, sur l’enfance et la violence à l’école ; est un film en trompe l’œil et en fausses pistes qui traite en fait d’un sujet tabou au Japon qu’il convient de conserver secret tant il fait le sel de la dernière heure de ce film. Plus le film avance, plus la grâce et l’émotion affleurent ; car il se concentre de plus en plus sur les enfants. En avançant, on comprend que le véritable sujet n’était pas celui que l’on croyait ; on est baladé. Au-delà du thème, c’est aussi un film de dispositif : une même réalité vue différemment que l’on soit la mère, l’enfant ou le professeur ; c’est le seul bémol, cette première partie est quelque fois brouillonne. Aussi Kore Eda en quelques plans parvient si facilement à caractériser un personnage, créer du préjugé et nous montrer qu’en fait on s’est tous biens plantés. Le ouïe dire et non dire tiennent une place prépondérante dans ce film et démontre comment la rumeur peut faire des ravages et détruit tout sur son passage. Et quand on attend de ce suspense que le cinéaste nous livre la vérité sur cette histoire de violence scolaire, il prend scénaristiquement un chemin de traverse pour son dernier tiers ; chemin qu’il traite avec énormément de délicatesse sans en faire un sujet de société ou un film dossier. C’est aussi un film sur le mensonge, comment dès le plus jeune âge on doit apprendre à cacher sa vraie nature pour vivre tranquillement et paisiblement. Quel artiste et quel cinéaste de l’enfance ce Kore Eda !!! Et la fin est d’une poésie incroyable tout en symbolisme nippon autour d’un chemin dans la nature. La fin pourrait être larmoyante et tragique, Kore Eda en fait un espoir, son ouverture est magique. Je suis sorti de la salle en me disant, il faut que je le revois ; c’est un film qui infusera dans votre esprit. C’est un film qui durant 2h10 fait travailler le spectateur ; il vous mettra en perpétuel réflexion, c’est jouissif. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
Déjà paresseux en temps normal, Kore-eda force un peu plus le trait ici en combinant trois points de vue du même événement pour tenter d'assurer l'intérêt. La démarche est ratée sur toute la ligne: la narration tombe à plat dès le premier volet du triptyque car l'intrigue n'est pas définie et les enjeux n'émergent jamais vraiment. Le film est saupoudré d'artifices qui masquent difficilement l'absence de fond, et l'ensemble apparait comme distendu, sans inspiration, voire interminable dans sa dernière partie.
Magnifique long métrage japonais à la fois réaliste et poétique. Film choral bouleversant sur 2 jeunes garçons pris dans les tourments et l'immédiateté de l'adolescence. Et comme toujours dans les oeuvres de l'Empire du Soleil Levant, un témoignage passionnant des us et cotumes de ce pays décidemment à part. N'hésitez pas !
Le film est bien plus convainquant dans son dernier segment, mais ne parvient pas à effacer l'impression d'exagération des quiproquos et autres malentendus qui s'accumulent beaucoup trop à charge dans un film qui se veut avoir un ton réaliste. J'ai eu la (très) désagréable impression d'être manipulé au début, et malheureusement, le puzzle reconstitué ne permet pas d'effacer cette impression qui est bien réelle.
Une histoire rendue assez confuse par la multiplication des flashbacks à un rythme trop soutenu, mais au total un film très original qui mérite de laisser prendre par son charme.
bien mais un peu long et confus. Les personnages sont pour la plupart assez gênants, ils réagissent étrangement à ce qui leur arrive et j'ai eu du mal à comprendre certaines histoires à l'intérieur du film genre celle de la principale par exemple. Et la morale finale ??? spoiler: Le seul moyen de trouver le bonheur au Japon pour un homosexuel est dans la mort ???
L'innocence est bien le "Rashomon" de l'enfance. Le cinéma japonais secrète des maîtres, et Kore-Eda en est un des plus brillants. A travers une histoire qui laisse planer plusieurs interprétations, le cinéaste mène un récit de l'émancipation vers le bonheur et vers la compréhension de soi : il n'y a pas de réincarnations, "nous restons ce que nous sommes". La mise en scène frôle la perfection, les personnages ont tous une raison d'agir - chacun a sa chance, ou disons son explication - et sont joués par des comédiens d'une vérité nue admirable, le découpage d'une grande subtilité évite toutes les redites, spoiler: alors que certaines scènes sont montrées trois fois . Pas besoin de musique, à part une ritournelle, une photographie naturalise, simple, lumineuse souligne l'universalité du message. Magistral : oui, une leçon de maître.
Comme très régulièrement ces dernières années, décembre rime avec sortie en salles d'un nouveau film de Kore-Eda.
Après sa Palme d'Or en 2018, pour son très beau Une Affaire de Famille, il avait pourtant peiné à convaincre avec ses deux réalisations suivantes.
On le retrouve ici en très bonne forme pour ce nouveau film dont le scénario a bien mérité son prix au dernier Festival de Cannes.
L'Innocence est loin d'être le premier film à proposer ce dispositif qui consiste à raconter une même histoire du point de vue de personnages différents venant chacun apporter un nouvel éclairage, mais peu l'ont fait avec la finesse et la sensibilité qui caractérisent le cinéaste japonais.
En adoptant tour à tour les regards de la mère, puis de l'instituteur et enfin de l'enfant, il s'applique, pendant une bonne moitié du film, à brouiller les pistes pour finalement lever petit à petit le voile sur le véritable enjeu : la relation atypique entre deux jeunes enfants, dont la force est la liberté avec laquelle elle s'affranchit de tout modèle.
Le film s'est appelé "Monster" dans un premier temps, lors de sa première projection à Cannes. Le mot est répété à plusieurs reprises et les deux enfants ont un jeu qui s'appelle "Qui est le monstre ?", ce qui semble être la question que le film soulève. En insistant sur les difficultés des personnages à se comprendre, à communiquer et à exprimer leurs émotions, c'est la société japonaise, rigide et pleine de carcans, qui semble être pointée du doigt.
Il faut attendre la dernière demi-heure pour connaître la vérité sur cette histoire et en apprécier les subtilités. Je trouve juste regrettable que l’heure et demi qui la précède ce dernier quart soit aussi longue, voire ennuyeuse, ce qui empêche au final l’émotion de gagner la partie au moment où l’on se rend compte que l’interprétation qu’on se faisait jusque-là du film était erronée.
Le "dogeza" est la forme la plus marquée d'excuses au Japon. Le corps se courbe jusqu'à toucher le sol devant la personne à qui l'on demande pardon. Quand une mère vient se plaindre des mauvais traitements que reçoit son fils dans son école de quartier elle se retrouve devant une forêt de "dogeza" et puis c'est tout. Rien ne change. Le récit rabat ensuite la même histoire mais vue sous l'angle d'un autre protagoniste, et l'éclairage se transforme diamétralement. Avant de nous éblouir lors du dernier segment, le plus sensible. Derrière un scénario très malin sur l'enfance le cinéaste nous en dit beaucoup sur les ombres et lumières de la société japonaise.
Étonnant dans sa construction en trois parties – chacune d’entre elles racontant la même histoire d’un point de vue différent – L’innocence vaut surtout pour son dernier segment, particulièrement émouvant. Avant d’en arriver là, Hirokazu Kore-eda et son scénariste Yūji Sakamoto nous offrent des angles toujours intéressants, mais un brin alambiqués et dont on peine parfois à comprendre la pleine utilité. Il n’empêche que ce tendre portrait des exclus de la société japonaise vaut le détour. Avec deux jeunes acteurs superbes : Soya Kurokawa et Hinata Hiiragi et l’une des dernières partitions de Ryūichi Sakamoto, décédé en 2023.