Le film part d'un matériel de base absolument fabuleux. En plus d'avoir fait l'unanimité, "Vice-Versa" en avait bouleversé plus d'un. Le terrain de jeu était donc largement ouvert et même si on pouvait s'abstenir d'une suite, elle s'impose avec une logique implacable : nos émotions nous accompagnent et nous guident toute notre vie. Donc tant que la franchise a du succès, on aura des choses à raconter jusqu'à la mort de Riley et ça parlera nécessairement à une certaine population / tranche d'âge. Encore plus logiquement, les enfants ayant découvert "Vice-Versa" ont grandi 9 ans plus tard, donc on ne parle plus d'une enfant mais d'une ado, porte d'entrée grande ouverte sur la foire aux émotions dans tous les sens.
Toute cette introduction pour justifier la pertinence d'une suite, même si cette annonce m'a dérangé et que le métrage n'a pas réussi à me faire changer d'avis. Je comprends mais je suis un peu déçu. Certes l'animation, les idées, les gags, le rythme sont tous très bons. Le lore de cet univers cérébral s'élargit, les personnages cérébraux sont touchants, convaincants et certains très drôles, mais... principalement deux éléments.
Le premier est que Pixar a cette fâcheuse tendance, dans ses productions récentes, à simplifier la structure de ses métrages, et notamment à exagérer le happy end. Pourtant, la plupart des Pixar les plus réussis se basent sur une fin "compromis", certes pas dramatique, mais où certains éléments de l'intrigue ont échoué au profit des relations humaines. Quelques exemples parmi les plus frappants : "Toy Story 3", "Cars", "Ratatouille". A l'inverse, les fins de "En avant", "Soul", ou de ce "Vice-Versa 2" auraient à mon sens gagné en qualité en étant plus nuancées, avec des choix assez évidents. Exemple d'une fin alternative ici :
comme annoncé dans le carnet de la coach, à cause de ses excès d'humeur et son jeu personnel et dangereux, Riley n'a pas été sélectionnée pour faire partie de l'équipe de hockey pour cette année. Elle est déçue et sa nouvelle personnalité anxieuse s'effondre à nouveau. Mais elle se réconcilie avec ses amies, la coach lui redonne confiance pour la suite, et je trouve que ces événements justifiraient mieux l'émergence de la nouvelle personnalité, consciente à la fois de ses qualités ET de ses défauts.
Le second élément vient de la redondance des thématiques abordées dans les récentes productions Disney/Pixar. "Elémentaire" reprenait à plein pot "Zootopie", "Soul" repartait dans l'esprit à l'instar de "Vice-Versa", et ce 2ème opus traite de l'adolescence tout comme "Alerte Rouge"... J'aimerais que le studio parte dans une direction nouvelle à chaque fois. Je sais que j'écris cette critique comme si j'étais trop sévère avec le meilleur élève de la classe, parce que le film est dans la gamme haute des productions actuelles. Mais ce label de qualité que porte Pixar pèse malheureusement très lourd, et je suis déçu d'avoir un trop fort sentiment de déjà vu devant une de leurs productions.