Il aura fallu attendre neuf années pour voir une suite aux aventures intérieures de Riley avec ce Vice-Versa 2, réalisé par Kelsey Mann, dont c'est le premier long-métrage. Une attente vraiment pas récompensée puisque le résultat est hélas décevant. L'histoire nous fait suivre Riley qui fête ses treize ans et commence à ressentir les effets de la puberté. C'est alors que ses cinq émotions connues jusque là voient voir leur quotidien bouleversé par une équipe d'ouvriers du cerveau venue saccager le quartier général pour y installer de nouvelles émotions. C'est ainsi qu'apparaissent anxiété, ennui, envie et embarras, qui vont mettre la pagaille en voulant faire changer de personnalité de la jeune fille afin d'anticiper son avenir lors d'un stage de hockey de trois jours. Ce scénario s'avère plaisant à visionner tout du long de sa durée d'environ une heure et demie. Cependant, l'intrigue est fainéante et se contente de n'être qu'une redite de l'opus originel dans sa structure. On assiste donc à une série de péripéties sans vraiment de saveur et sans réel enjeu tant on sait très bien comment tout cela finira. De plus, les scènes manquent cruellement d'imagination et de créativité. Près d'une décennie d'attente pour un récit aussi convenu est vraiment décevant de la part de Pixar. Surtout que la fin de son ainé laissait présager une potentielle suite excitante avec de nouvelles idées à exploiter. Malheureusement, ils ne font rien de ce matériau, à savoir le passage à l'adolescence et le fait de se plonger dans le cerveau d'autres protagonistes, le film passant totalement à côté de son sujet. Le fait de développer l'histoire uniquement sur trois jours est une hérésie. Il aurait fallu traiter cette thématique sur plusieurs années. De plus, hormis un petit changement d'humeur, on ne ressent pas du tout suffisamment la crise de l'adolescence. Même physiquement le changement ne s'opère pas alors que cela aurait pu donner lieu à des passages intéressants. Et que dire de l'absence de garçon et donc de romance qui crée un grand vide. Surtout que ça aurait été l'occasion d'évoquer également l'émotion de l'amour. Même la relation familiale avec ses parents à un âge ou l'on rentre en conflit avec eux n'est pas abordée. Il en va de même pour la scolarité et l'autorité. Il y a vraiment trop de manquements et le ton ne parvient même pas à amuser à cause de situations redondantes ne parlant que de hockey et d'amitié mais sans vraiment parvenir à le faire de façon pertinente. C'est d'autant plus dommage car il parle tout de même avec intelligence de l'estime de soi, un sujet peu traité sur grand écran. On retrouve tout de même avec plaisir les personnages d'antan que sont Riley, Joie, Colère, Tristesse, Peur et Dégoût. Hélas, les nouvelles émotions ont du mal à trouver leur place. À vrai dire, Anxiété prend toute la place et ne laisse à Embarras, Ennui et Envie que les miettes. Quel dommage d'aussi peu exploiter ces nouvelles bouilles. C'en est même frustrant. Toutes ces émotions entretiennent des rapports conflictuels entre les deux bandes. Mais ces relations ne parviennent pas vraiment à procurer de sentiments. Les rires sont absents et les sourires se font rares. Le film parvient tout de même à se montrer un peu touchant lors de certains passages mais on aurait aimé se marrer d'avantage. Sur la forme, la réalisation de Kelsey Mann s'avère bonne mais sans personnalité. Mais ce qui saute aux yeux c'est une technique et une direction artistique qui n'ont pas évoluées d'un iota en près de dix ans. Nous sommes en terrain connu, l'univers étant inchangé. Ça manque de nouvelles couleurs et d'originalité. L'aspect des nouvelles émotions est tout de même réussi. Ce visuel au goût de déjà-vu est accompagné par une b.o. signée Andrea Datzman, dont les compositions sont totalement insipides. Ses notes n'ont aucun impact sur les images et on ne les entends même pas pendant l'action tant elles n'ont aucune consistance. Reste une fin attendue depuis le début et donc sans surprise venant mettre un terme à Vice-Versa 2, qui, en conclusion, est une promesse non tenue et une suite très en deçà de l'original.