Vice-versa n’avait définitivement pas besoin d’une suite. Je sais, c’est ce qu’on disait aussi de ‘Toy story’, qui a écopé de trois séquelles toutes plus formidables les unes que les autres. Paradoxalement, le principe même de ‘Vice-versa’ pouvait générer une infinité de nouvelles possibilités puisqu’il s’agissait, littéralement, de mettre des émotions sur les différentes étapes de la vie d’une petite fille. L’adolescence, qui guettait aux lisières du premier épisode, est ici le noeud central d’une intrigue qui se déroule presque exactement comme celle du premier volet, mais voit l’arrivée de nouvelles émotions (Anxiété, Envie, Ennui et Embarras) qui tentent de damer le pion aux anciennes. A l’instar de son prédécesseur, on peut regretter qu’un choix clair a été fait en faveur d’une seule des nouvelles têtes, les trois autres étant pratiquement reléguées à faire de la figuration…mais ce n’est pas dramatique, surtout que comme d’habitude, ‘Vice-versa 2’ ne manque pas de bonnes et mêmes d’excellentes idées pour figurer divers concepts propres à la psychologie adolescente (crise de panique, émotions réprimées, nostalgie, la faille du sarcasme, etc…) : à ce titre, il est dans doute le Pixar le plus intéressant et réussi depuis…‘Toy story 4’ justement. Ces éléments restent malgré tout des détails, qui jouent leur rôle dans le plaisir qu’on prend à suivre l’histoire mais qui n’influent pas majoritairement sur l’appréciation finale qu’on en conservera. Il est clair que l’effet de surprise est moindre par rapport à l’émerveillement éprouvé en 2015…mais ce n’est pas réellement quelque chose qu’on peut lui reprocher plus qu’à une autre suite. En revanche, même s’il est évident que ce sont les émotions qui retiennent l’attention du public, toute la partie qui concerne Riley m’a semblé plus insipide, moins travaillée, alors que les deux mondes étaient plus équilibrés dans le premier volet. De même, le message que font passer les scénaristes est beaucoup plus convenu : dans le premier, il était à la fois audacieux et implicitement exprimé : acceptez la tristesse, elle fait partie de votre vie et de votre vécu. Ici, l’idée est que peu importe l’émotion qui domine, la seule vérité à accepter est qu’on est qui on est et comme on est…ce qui est, à peu de choses près, ce que disent 90% des dessin animés pour enfants. Donc, oui, les nouvelles orientations sont un peu décevantes après le sans-faute absolu du premier mais on ne va pas pousser le snobisme jusqu’à considérer qu’elles ruinent les qualités évidentes de ce film d’animation, qui parvient à infirmer (un peu) les soupçons de panne sèche créative chez Pixar.