À sa sortie en 1973, on aurait pu taxer Soleil vert d'un fatalisme déprimant. D'abord, c'est oublier que le cinéma d'anticipation n'a pas vocation à prophétiser l'avenir – quoiqu'il gagne en pertinence en tombant juste ; puis surtout, avec le recul dont on dispose maintenant, on s'aperçoit que le film, toute proportion gardée, n'est pas si loin de la réalité. Qu'il s'agisse du réchauffement climatique, de l'entassement de la misère sociale, de l'accentuation des inégalités ou de la prolifération de la malbouffe, Soleil vert s'égare peu.
À la différence que, dans le film, tous ces fléaux découlent non pas des politiques économiques iniques, mais d'une vision malthusienne de la surpopulation. Or, on sait que la hausse démographique, dans la mesure où elle est maîtrisée, ne constitue pas une menace en soi.
Dans ce New York de 2022, les privilèges des plus riches se renforcent. En plus de posséder les moyens de production, ceux-ci bénéficient de la nourriture saine et de la climatisation. Les masses prolétaires, à l'inverse, obéissent aux règles du couvre-feu, et se doivent de faire la queue pour obtenir une maigre ration de nourriture industrielle, le Soylent. Prétendument conçu à base de planctons, il en existe de plusieurs variétés, en fonction des jours, pour donner l'illusion aux miséreux de varier leur alimentation.
Le cadre du film est posé. Du reste, l'enquête menée par le détective Thorn est bien rythmée, mais souffre d'une certaine prévisibilité et d'une romance à deux balles.