https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/11/01/close-critique/
Lukas Dhont, le réalisateur est un sacré phénomène à lui tout seul. Pour son premier long métrage, Girl (2018), il reçoit au Festival de Cannes la même année de sa sortie, pour ce chef-d’œuvre de grâce et justesse la Caméra d’Or, qui récompense le meilleur premier film. Il revient à Cannes en 2022 avec Close, et reçoit pour son deuxième long métrage le Grand Prix du Jury. Le tout à 31 ans.
Il agit comme une forme de magicien de l’image en filmant comme rarement l’intériorité. Quelle sensibilité de la part d’un cinéaste surdoué… Sensibilité et authenticité dans l’histoire, l’écriture, l’image, la mise en scène, la direction d’acteurs, dans ses collaborations techniques, dans un peu tout ce qui fait un film au final. Cette façon virtuose de filmer l’enfance blessée, volée, cassée est unique et forte comme jamais. D’un point de vue formel comme sur le champ des émotions, l’enfant ici est roi, dans la façon de lui faire prendre la lumière, de le faire courir dans un champs de fleurs, de filmer son trouble affectif, et de capter le moindre mouvement, battement et indication d’une fêlure.
La photographie est folle, la lumière perce l’écran et joue avec les mouvements des corps, dans une poésie qui ne s’achève presque jamais. C’est un cinéma qui se vit plus qu’il ne s’explique.
Enfin, et surtout, Eden Dambrine et son regard qui perce. Perce-caméra, perce-cœur… La caméra joue avec son visage, son corps, et cherche sans arrêt à le sublimer. Ce qui paraît presque facile, tant sa beauté est naturelle, mais la façon de le mettre en images et en sons, le rend juste aérien. Il est tout à la fois complexe et incroyable de naturel. C’est une naissance sous nos yeux, c’est un cadeau. Close, film tire-larmes très certainement, mais l’authenticité est ici partout, et au-delà, la marque de fabrique de ce grand cinéaste que devient Lukas Dhont est une sensibilité assumée, revendiquée, portée. Des tristesses et émotions comme celles-ci, au cinéma, on en veut tous les jours. Impossible de passer à côté, les caméras ont pleuré, autour des sièges maintenant, c’est beau, c’est total….