Voilà un film typique de festival, plaisant au jury qui prend ses défauts (longueur, ennui, confusion) pour des qualités, sans tenir compte du public. Le film est trop long (2h38), faisant passer « Avatar : la voie de l’eau » (2022) de James Cameron et « Babylon » (2022) de Damien Chazelle pour des courts métrages alors qu’ils durent respectivement 3h12 et 3h09. D’autant qu’après avoir supporté 15 mn de publicité et de bandes annonces, le film démarre par un long générique ! Cela n’est qu’au bout d’une heure que Lydia Tár (Cate Blanchett), chef d’orchestre, dirige les répétitions de la « Symphonie n°5 en do dièse mineur » (1902) de Gustav Mahler (1860-1911) et du « Concerto pour violoncelle en mi mineur opus 85 » (1919) d’Edward Elgar (1857-1934). Auparavant, il a fallu subir l’interview de Lydia Tár par un journaliste du New Yorker où elle parle de son parcours, de son métier de chef d’orchestre, maître du temps. Que c’est bavard ! On a droit ensuite à un cours sur la musique atonale devant des étudiants futurs chefs d’orchestre
dont l’un d’eux, Max, n’apprécie pas Jean-Sébastien Bach (1685-1750), vieux mâle blanc allemand.
Et ça glose, et ça glose. Beaucoup de scènes sont nocturnes et celles diurnes sont sombres, soit parce qu’il fait gris (à New York ou à Berlin, ville où habite sa compagne, Sharon (Nina Hoss), 1er violon, avec leur fille Petra), automne oblige, soit parce que les appartements sont mal éclairés, Cate Blanchett étant même filmée à contre-jour (le directeur de la photographie Florian HOFFMEISTER, reste minimaliste, peut-être à cause du coût de l’énergie ? A-t-il été malade pendant le tournage ?). Enfin, le film est confus : certains personnages sont mal identifiés dans leur fonction, le rôle de Krista Taylor (
qui va perturber la vie réglée de Tár
), au bout d’une heure trente, qu’on découvre uniquement à travers des courriels, n’est pas très clair ainsi que séjour de Tár en Asie (Chine ? Indonésie ?), sans oublier des scènes gratuites qui ne font pas avancer la narration famélique (
voisine démente dont l’appartement est vendu, agression et bruits entendus par Tár dans son appartement ou à l’extérieur, disparition de sa partition
). Le réalisateur a probablement voulu montrer le microcosme du monde de la musique et des chefs d’orchestre, à la façon (ennuyeuse) de Ruben Östlund qui critiquait l’art moderne dans « The square » (2017). Le réalisateur a fait ce film 16 ans après le précédent : il a pris son temps mais était-ce nécessaire et efficace ?