Exceptionnel !
Je me suis surpris à être ému.
Bien entendu ce petit "happy-end" - avec la complicité père-fille retrouvée - n'y est pas pour rien... À moins que ça ne soit la solidarité de cette équipe de tournage, heureuse du travail accompli et symboliquement dressée en pyramide - l'équilibre parfait - évoquant pour moi l'image d'Agnès VARDA (image que je ne connaissais pas - je l'avoue - avant l'une des dernières affiches de Cannes), perchée debout sur le dos d'un assistant, aussi engagé qu'elle...
Non je n'ai pas pleuré (!).
Je crois que j'étais simplement ému d'avoir vu un bon film. N'est-ce pas le but recherché ?
"émouvoir, verbe transitif : agiter (qqn) par une émotion". Quelle qu'elle soit, évidemment.
Un excellent film.
Un excellent scénario... et des répliques cul-tes !
Je ne savais pas que c'était un remake - et je ne le connais pas - alors il faudra rendre à César ce qui lui revient, mais pour l'heure je savoure.
Une maîtrise parfaite.
Du suspens.
Un rythme effréné.
Des très bons comédiens...
Le kiffe de voir Bérénice BÉJO aussi déchaînée. Celui de voir Romain DURIS complètement déjanté. Leur jubilation est communicative !
Ému d'avoir été bluffé.
Ému d'avoir presque eu peur (oui je suis sensible et sursaute pour un rien).
Ému d'avoir été conquis.
Ému d'avoir trépigné de plaisir dans mon fauteuil... Vous savez, ce plaisir de jubiler, comme excité devant quelque-chose qui s'accomplit, quelque-chose qui prend, progressivement.
Ému d'avoir été embarqué par les caméras et leur chorégraphie endiablée.
Je suis bluffé.
Car ça marche à la perfection ! "C'est dans la boite !" faudrait-il dire pour la circonstance.
Même le - désormais fameux - premier plan séquence d'une demi-heure m'a plu. II m'a interpellé. Il a éveillé ma curiosité, dès le début... Car évidemment qu'HAZANAVICIUS ne pouvait pas faire un navet en pleine conscience de faire un navet ! Qui peut quitter la salle dans ces 30 premières minutes ? Mais pourquoi surtout ? Celui qui n'a pas vu la bande-annonce peut-être... encore que ! Mais celui qui l'a vue et qui a décidé de pousser la porte d'un cinéma pour voir ce film, ne pouvait qu'avoir envie de comprendre, non ?!
Je suis premier degré moi. Et en attente d'excellents films en ce moment. Alors là, j'ai eu envie de comprendre. Mais j'ai aussi eu envie de me laisser guider. De toute évidence, j'ai vite compris qu'il se passait quelques-choses. Parfois illogiques. Parfois grotesques.
Mais qui filme quoi ?! Pourquoi il regarde la caméra là ? Il n’était pas mort lui ?!! C'est-quoi-ce-bor-del ?!
Il était évidemment impossible que ce soient des erreurs. Tout cela avait obligatoirement un sens.
Bien sûr, il m'a fallu oublier les Zombies - je suis tout sauf un adepte et connaisseur du genre - et l'hémoglobine à outrance - pour les mêmes raisons, même si je dois confesser avoir eu une forme de plaisir à voir faussement gicler du faux sang - pour me laisser porter. Car le sujet n'est pas là. Car tout ça est évidemment faux et n'est que prétexte.
C'EST DU CINÉMA !
Et pourtant tout est bien sérieux.
Ce film pourrait remporter la quasi-totalité des catégories de récompense, lors de la prochaine cérémonie des César (mais celui du meilleur film permettrait de laisser la place à d'autres et c'est tant mieux d'ailleurs).
Je pourrais évidemment parler de la bande son, musique incluse (!).
Du parti pris esthétique... et de la photographie. Les couleurs sont là. Le bleu et le jaune vont à merveille avec le sang.
De la virtuosité de la réalisation (mise en scène et prises de vues)... et de la subtilité du montage. Vive les script-(boys&)girls !
Des costumes, de la coiffure et du maquillage...
Des effets spéciaux (!).
Sans oublier tout ce qu'on ne voit pas.
Ou encore des décors... du lieu de tournage ! Cet hippodrome abandonné - je me suis directement renseigné, merci Google - pourrait devenir mythique et un lieu de pèlerinage pour les cinéphiles (!).
Compte tenu de la bande-annonce et dès le début - en croisant les doigts, de temps en temps je dois l'admettre - j'ai osé croire que ce serait percutant. Et ça l'est.
Tout fonctionne à la perfection.
Tout est lié.
Comme la partition d'un chef-d'œuvre ; chaque note a et est à sa place.
Chacun joue sa partition, sous la direction maîtrisée d'un brillant chef d'orchestre.
Une véritable performance collective.
Ou une grande illusion ? En partie sans doute. Quoi ? 1917 n'a pas été réellement tourné en un seul plan ?! Tant pis, je préfère continuer à fantasmer et imaginer ce que pourrait être le making-off de ce film ! Il n'est désormais plus possible d'en être.
Si La Nuit Américaine de TRUFFAUT - et son célèbre plan séquence d'ouverture - a contribuer à me donner envie de mettre un pied sur des plateaux de tournage, comme celui plus contemporain de La La Land... si les scénarii du Sixième Sens ou de The Truman Show sont pour moi des exemples, ou celui plus récent de La Belle Époque est inspirant - j'en passe et certainement d'aussi bons, car ma mémoire me fait défaut - Coupez ! n'a fait que raviver en moi cette envie personnelle et profonde de faire du Cinéma. C'est un autre sujet, mais pas des moindres quand il s'agit de quantifier l'impact qu'un film peut avoir sur les gens.
D'ailleurs, faut-il connaitre - un peu - le fonctionnement d'un plateau pour aimer ce film... ?
Faut-il aimer le Cinéma pour aimer ce film ? Je dis bien aimer le Cinéma. Non pas - simplement - aimer voir des films. Ni même en connaitre la théorie par cœur. Mais aimer le Cinéma. Aimer son essence. Son moteur. Aimer ce qu'il est et ce dont il est constitué... Je crois qu'il y a quelque-chose en commun à tout ceux qui aiment le Cinéma - et souvent ceux qui en font ou rêvent d'en faire - et c'est cela qui est le plus difficile à mettre en évidence par les mots. Alors quoi de mieux qu'un hommage ?
J'avais envie d'applaudir et je n'étais pas le seul je crois. Mais nous n'étions pas assez nombreux pour ça. Alors nous nous sommes abstenus. Après tout, ça n'aurait pas eu beaucoup de sens.
J'ai été ému de rire aussi bien sûr... Sans toujours savoir pourquoi d'ailleurs. Mais qui a dit que le rire n'était pas une émotion ?! T'es con ! Donc c'est bien ce que je disais ; ému tout court.
C'est un film qui restera. J'écrivais dernièrement que des films comme ceux là me manquaient. Comme quoi il suffirait d'y croire ! Il y a encore quelques jours, avant l'ouverture de Cannes - dont l'affiche nous mène marche par marche, de la fiction à la réalité, ou inversement - j'ignorais l'existence de ce film. Et voilà. Il fait partie de ces films mémorables. Il fait partie - à mon humble avis - de l'histoire du Cinéma. Comme une leçon incontournable et qui plus est, extrêmement divertissante.
En bon cinéphile que je suis - ou cinéphile cliché que je crois devoir être et donc complexé de ne pas avoir vu toutes les "références à"- il ne me resterait qu'à l'analyser plus en profondeur... mais pour quoi faire ? En tous cas le revoir - à minima - sans aucun doute !
...
Non, Ne coupez pas ! On aurait bien envie de laisser tourner la caméra plus longtemps, c'est tellement bon ! Mais... puisque toutes les meilleures choses ont toujours une fin (et même si la chute de ce texte est trop évidente) :
Coupez !