Depuis la bouffonnerie « The Predator » (2018) de Shane Black, je n’attendais plus rien de la franchise lancée par John McTiernan en 1987, qui a tout dit dans ses deux premiers opus (voire dans le premier !). D’abord annoncé en catimini comme sans rapport avec la saga Predator, et titré « Skulls », « Prey » a finalement révélé son jeu, et s’est affiché comme un préquel se déroulant en 1719. Mais pas de sortie cinéma pour lui, la Fox ayant été rachetée par Disney, le film atterrit en Europe… sur Disney + ! On se centre donc sur une soigneuse amérindienne très débrouillarde, qui rêve de gagner ses galons à la chasse. L’arrivée dans les parages d’un Predator va évidemment l’intégrer à une aventure musclée ! N’y allons pas par quatre chemins : de nos jours et avec un budget que l’on devine modeste, « Prey » était sans doute ce qui pouvait arriver de mieux à la franchise Predator. Un film efficace, qui fournit la base pour le développement de sa protagoniste, et l’envoie illico au casse-pipe, sans fioriture. Ainsi on ne s’ennuie jamais. De même, pas de suggestion ou de dévoilement progressif du Predator, qui est allègrement montré dès le départ. En même temps, on en est au 5ème long-métrage (7ème en comptant les cross-over malheureux), le temps des mystères est révolu ! Et là où d’autres suites ont joué la carte du faux remake et/ou du fan service à tous les étages pour masquer un manque d’originalité, « Prey » apparait rafraîchissant. Le contexte de 1719 est bien exploité, entre des humains qui utilisent évidemment des armes plus primitives, et un Predator au look et à l’arsenal différent de ce que l’on connait (pas forcément cohérent avec les comics & jeux vidéo, mais peu importe). Certes, il y a un peu de fan service, mais il est limité à quelques répliques reprises de « Predator », et une référence attendue à « Predator 2 ». Autre chose appréciable : le thème musical d’Alan Silvestri, matraqué à tous bouts de champs par les autres suites, est ici absent. La BO est ainsi quelconque, mais elle a le mérite de partir sur de nouvelles bases. Le tout aboutit à des scènes d’action sanglantes et généreuses, dans une nature bien utilisée. Contrairement à la jungle du premier film qui fait office de piège mortel, la nature est ici beaucoup moins agressive, les Amérindiens étant à domicile. De plus, l’héroïne, interprétée par une convaincante Amber Midthunder, s’avère attachante et utilise agréablement sa tête plutôt que sa hache. On passera sur l’aspect féministe très basique (soigneuse moquée par les hommes chasseurs) et heureusement secondaire, « Prey » jouant davantage sur le fait que l’on est toujours la proie de quelqu’un.
Par contre, il y a des défauts non négligeables. Des effets numériques moyens. Des trappeurs canadiens à la limite du ridicule, baragouinant un français plus qu’approximatif (c’était trop compliqué d’embaucher des francophones ?). Une réalisation inégale, qui oscille entre du joli et du quelconque. Et souffre de la comparaison avec « The Revenant » quand il s’agit de tenter des mini plans séquence… Enfin, l’absence totale d’iconisation du Predator, qui aurait pu être remplacé par n’importe quelle bestiole dans le scénario. On comprend que la créature est devenue du normal business depuis 1987, mais tout de même… A l’arrivée, « Prey » est une partie de chasse qui, sans surprise, ne surpasse pas les deux premiers films. Mais qui s’avère sans problème au-dessus de toutes les autres suites & cross over.