Ai vu "En corps" de Cédric Klapisch. J'ai toujours eu du mal avec ce metteur en scène trop démonstratif, aux scénarios dont les ficelles sont des câbles, aux montages qui ont la douceur d'un uppercut pour les yeux, qui multiplie le nombre des rôles à outrance dont les trois-quart sont à peine esquissés, qui force toujours le destin des personnages jusqu'à discréditer toute crédibilité... Déjà le titre et son jeu de mot impossible fait peur mais après avoir vu le très beau documentaire "Allons enfants" sur le Hip-Hop et les bons échos de certains amis, je me suis laissé gagner par la tentation tout de même. Parti pour un cycle sur les films de danse. Sans aucun doute un film rempli de maladresses (un scénario appuyé, des scènes tombants totalement à plats, des redites), mais de très belles surprises. Après une scène d'ouverture de danse, d'une quinzaine de minutes, somptueuse frisant la perfection, sans aucune dialogue, le spectateur que je suis, appréhende la voix off, et le découpage à la "Amélie Poulain" qu'affectionne tant Kaplisch... Et hélas le metteur en scène tombe vite dans ses travers. Toute la partie qui se passe dans le Loir-et-Cher est totalement loupée, le flash back sur l'enfance d'Elise itou. Puis le film reprend vraiment quand Elise qui est blessée à la cheville et ne peut plus danser rencontre """"par hasard""""" une compagnie de danse contemporaine, mais pas n'importe laquelle une des plus connues bien sûr celle d'Hofesh Shechter. Les répétitions sont passionnantes, à côté les scènes sensées être de comédie sont lourdingues et n'appellent aucun sourire. Muriel Robin, dont le personnage boite de naissance tout comme notre héroïne handicapée depuis 3 mois, a la finesse de jeu d'un convoi-exceptionnel, Pio Marmaï qui commence à s'enfermer dans les rôles de râleurs (la place étant laissée libre depuis la disparition de Jean-Pierre Bacri) est sous employé. Les bonnes surprises sont François Civil et surtout la Première danseuse de l'Opéra de Paris, Marion Barbeau qui envoute totalement la caméra en tant qu'actrice mais surtout en tant que danseuse, son magnétisme, sa puissance, sa grâce, sa vitesse de déplacement sont prodigieux. La fin est totalement loupée et ne laisse aucune place à l'imagination du spectateur (Redoutable le plan des danseuses en tutu sur la parvis de la Villette sous la pluie...) . Aucun doute Kaplisch est pataud en scénariste et dialoguiste. Mais il se révèle prodigieux lorsqu'il filme des ballets autant classiques que contemporains (les deuxièmes ayant ma préférence). Tout à coup il devient subtile, sa caméra est à la place idoine et filme toujours l'essentiel. Un vrai maitre... de ballet.