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Le temps d’aimer est un grand film sur le couple, sur la famille, sur le manque. Au-delà de ses thèmes de prédilection, Katell Quillévéré surprend car elle nous en montre énormément, en sortant quelque peu de son sens inné de l’ellipse dans la narration. C’est comme si la cinéaste prenait une nouvelle dimension et permet alors à son film de nous emmener tellement loin, et au-delà de nous émouvoir, sans le non-dit, Le temps d’aimer porte en lui une force empathique monumentale. Car ça parle de la famille, et la famille, c’est nous. On ne peut que tous se reconnaître et être questionné, bousculé. Ce film va toucher profondément les gens. Et puis surtout, elle démontre avec toute l’humanité qu’on lui connaît, qu’on guérit de tout, que toujours on se relève et qu’au bout des blessures, la résilience est là.
Il faut parfois toute une vie pour se dire je t’aime semble nous souffler la réalisatrice. La question du temps à travers les âges dans ce qui va être une véritable épopée du couple va venir interroger la complexité du lien qui nous unit à celles et ceux que nous aimons. Entre usure, haine, attrait de la nouveauté, si Le temps d’aimer est complexe, il est aussi décomplexé, avec notamment des scènes d’amour à la sensualité troublante, qui ne se cantonnent pas à l’âpreté du sentiment amoureux, mais aussi celui de l’acte amoureux. L’amour, c’est mieux avec l’amour. Le temps d’aimer, ce sont les destins qui basculent au jeu de l’intrigante existence des hasards qui n’en sont pas. Ce sont nos petites lâchetés, nos grandes faiblesses, mais qui jamais ne font de nous des monstres.
Les dialogues tout comme le non verbal sont hautement percutants, notamment dans cette opposition de style entre François et Madeleine. Lui, le lettré hyper sensible, complexe et complexé. Elle plus instinctive, dont les épreuves ont forgé un constant besoin de survie. Pour des personnages dont la psychologie est disséquée et qui là aussi, viennent éveiller nos sens et la grandeur de nos ressentis.
Le temps d’aimer est un grand film sur eux, sur nous. Ce film va vous toucher, ou c’est à n’y rien comprendre. Si on part du principe que ce n’est que le début pour Katell Quillévéré, on a nous aussi tout le temps de l’aimer, et que c’est bon d’y penser.