… et aussi le temps des secrets
Voilà 10 ans que j’ai découvert la réalisatrice Katell Quillévéré avec Suzanne. Ensuite son réparer les vivants de 2016 n’était pas passé inaperçu…et depuis, plus rien. Heureusement, elle revient en force avec ces excellentes 125 minutes d’un mélo classique assumé mais bourré de qualités. 1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. La providence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien... Beaucoup d’émotions différentes, de la justesse dans les sentiments et un sens du rythme qui fait que jamais l’ennui ne pointe à l’horizon de ces deux heures d’excellente facture.
L’idée du film trouve son origine dans l’histoire de la grand-mère de Katell Quillévéré, qui a toujours fait sentir qu'elle avait un secret. Au cœur de cette histoire, le couple et son mystère. Qu’est-ce qui provoque l’alchimie au départ ? Qu’est-ce qui le fait tenir ? Qu’est-ce qui le déchire ? Autant de questions posées dans ce film sans pour autant, sagement, y apporter de réponse définitive. Ici, sur plus de 20 ans, on suit la vie d’un couple de personnes marquées par la vie, sur les épaules desquelles pèse un secret, Leur pulsion de vie sera-t-elle plus forte que tout ? Je n’oublierai pas un autre pan important, du scénario, la quête d’identité du garçon. Alors oui, c’est un mélo avec tout ce qui constitue l’ADN du genre y est présent : des personnages qui s’unissent alors que tout les oppose, un récit romanesque qui oscille entre moments de joie et moments de détresse, la menace constante que la catastrophe arrive… Ajoutons à tout cela, la mise en scène et l’interprétation impeccables et on tient un vrai bon film.
Le couple Anaïs Demoustier / Vincent Lacoste est à son meilleur. Ils s’étaient déjà donné la réplique dans Fumer fait tousser de Dupieux, donc dans un genre pour le moins différent de ce drame. Voilà un acteur et une actrice, jeunes trentenaires, qui ont débuté quasiment la même année, jeunes tous les deux, et dont l’ascension ne s’arrêtent pas. Parfaits tous les deux. Ainsi que Morgan Bailey, - pour un 1er film s’annonce comme un acteur à suivre -, et les jeunes Josse Capet et Paul Beaurepaire, qui campent le jeune Daniel à deux âges différents. En littérature on peut penser à Stefan Zweig, au cinéma, à Douglas Kirk, de sérieuses références pour un des beaux films français de cette fin d’année.