En rose et noir
Oui mais voilà, le rose est nuance guimauve et le noir est à peine gris foncé dans le film de Justin Baldoni adapté du best-seller éponyme de 2016 signé Colleen Hoover – 10 millions d’exemplaires vendus -. Lily Bloom surmonte une enfance traumatisante pour se lancer dans une nouvelle vie à Boston et poursuivre son rêve de toujours d’ouvrir sa propre boutique. De sa rencontre fortuite avec le charmant neurochirurgien Ryle Kincaid nait une connexion intense - mais alors que les deux tombent profondément amoureux, Lily commence à entrevoir des aspects de Ryle qui lui rappellent la relation de ses parents. Lorsqu’Atlas Corrigan, le premier amour de Lily, réapparait soudainement dans sa vie, sa relation avec Ryle est bouleversée et Lily réalise qu'elle doit apprendre à s’appuyer sur sa propre force et faire un choix impossible pour son avenir. 130 très longues minutes avec 3/4 de romance à l’eau de rose dans le genre indigeste – l’excès de sucre nuit à la santé -, et un petit quart qui traite du vrai sujet, - soit les violences conjugales – bizarrement édulcoré et délivrant un message trop ambigu. Sur ce problème revoyez plutôt L’amour et les forêts de Valérie Donzelli autrement plus percutant et mieux interprété.
L’acteur / réalisateur Justin Baldoni adore décidément le genre du mélo poussif, en témoignent ses deux 1ers films A deux mètres de toi et Clouds, où les scénarii tournaient autour de la maladie… incurable, cela va de soi. Donc rebelote avec cette histoire dont on ne parvient pas à croire un instant que ce soit un drame sur les violences faites aux femmes. C’est dégoulinant de bons sentiments, de romantisme frisant le ridicule et de fausse joie de vivre. Tout est surfait, irréel, niais et… mal joué. Bref un must dans l’art du navet ! Et je ne vous parle pas de la musique qui souligne chaque parole, chaque geste, - quelle idée surannée d’accompagner chaque baiser par un tsunami violonesque à faire hurler de rire ! -. C’est le festival du gnangnan à Boston. Le prie, malgré tout ça, c’est que la demande est forte – essentiellement féminine de 17 à 77 ans paraît-il -, que ça va marcher, sans doute ce film pesant de chez « lourdingue and C° » va-t-il allègrement atteindre les 500 000 entrées.
Donc côté casting, même déception. Blake Lively et Justin Baldoni en font des tonnes jusqu’à l’insupportable. Brandon Sklenar et son regard mouillé de cocker déprimé est lui aussi ridicule. Citons encore Jenny Slate et Amy Morton qui tirent leur épingle de ce mélo sirupeux et fadasse. Même s’ils n’ont plus l’âge des rôles, j’ai préféré et de loin Isabela Ferrer et Alex Neustaedter qui jouent Lily et Atlas jeunes que leurs pendants adultes. Ça fait peu pour sauver un film dont le titre français – choisi encore par un distributeur inspiré -, me paraît, pour une fois, tout à fait de circonstance.