Encore une fois, le maître Ozon a frappé ! Après "Huit femmes", "Potiche", "Dans la maison" ou encore "Grâce à Dieu", le cinéaste le plus doué de sa génération nous offre un chef-d’œuvre de sensibilité, comme lui seul en a le secret. Plongé dans l'atmosphère des années 80, sublimée par l'esthétique léchée de la photographie, le spectateur se laisse embarquer dans les pulsions des personnages, humains, différents, mais terriblement amoureux. Cette merveille d'émotion repose sur un casting d'exception : les deux jeunes comédiens, Félix Lefebvre et Benjamin Voisin (récompensé depuis par un César) crèvent l'écran. Bien que la fin tragique de leur idylle soit évoquée dès le début par un récit rétrospectif qui sert de fil rouge (sous forme de "flash-backs") à l'intrigue, le scénario est tellement bien écrit que l'on se laisse happer par la beauté d'une telle histoire. Ce n'est pas un "teen movie" comme les autres, non. "Été 85" est enrobé de mystères, jalonné de scènes fortes, déchirantes et saisit par les tripes dans sa dimension la plus dramatique. Comme lorsque le personnage, chamboulé, découvre la réalité de ses sentiments : ce n'est pas David qu'il aime, mais un corps et l'image qu'il se fait de David ("Tu crois qu'on invente les gens qu'on aime ?" s'interroge-t-il pertinemment). Malgré tout, il offre un magnifique tableau érotique, une ode à l'amour adolescent, aussi tourmenté que passionnel. Ce film est un miracle. Ozon ne cessera jamais de nous émerveiller, de nous enchanter. Alex a chaviré. De son bateau, certes, mais pour David aussi. Et c'est beau, tout simplement.