Copier-coller de ma critique dépitée, attention aux spoilers...
Bon, ben... ce film est une grosse [vous savez quoi]. J'y suis entré en mode allez, on n'en attend rien histoire de ne pouvoir qu'être agréablement surpris, fut-ce à 3%... et malgré ça, l'expérience a été douloureuse, pas vraiment aidée par la durée grotesque pour un truc pareil (2h20... faut que les Américains arrêtent avec les blockbusters interminables).
Quasiment rien ne marche. Passage en revue :
- Chris Pratt, gars au demeurant fort sympathique, est en pilote automatique, c'est-à-dire qu'il fait de son mieux avec sa bonhommie coutumière dans l'exact même rôle que d'hab' et ça s'arrête là... il ne dessert pas le film mais ne le porte pas non plus ;
- Les effets spéciaux sont dans l'ensemble réussis, mais au service d'une mise en scène atrocement générique et "surcutée" dans les scènes d'action (qui ont des airs de cut-scenes de jeu vidéo du type Crysis 2...), dont la lourdeur est aggravée par celle de la musique, hollywoodienne dans le sens le moins inspiré possible, d'une photographie sans saveur (un peu à la MCU), et d'un design de bestioles pauvrement inspiré (un espèce de mix de clébard et de gros lézard gris... au passage, pourquoi les extraterrestres sont-ils obligés d'être hideux quand ils sont une menace, déjà ?)... au sujet des bébêtes, accordons-leur néanmoins qu'à défaut d'être originales, leur bestialité additionnée à la qualité des effets spéciaux en fait des créatures de cauchemar correctes, allez ;
- L'idée de cette espèce de vortex fluo aspirant les personnages en guise d'expression visuelle du voyage dans le temps : comment dire ? "Non" ? Le fait que le scénario ne prenne même pas la peine de (tenter de) l'expliquer rationnellement aggrave son cas ;
- Le scénario, en parlant de lui, est torché n'importe comment, du plan un peu naze des gens du futur (compter sur des gens d'âge mûr sans aucun entrainement et armés de pétoires dérisoires pour sauver le monde, mouais...) à sa théorie du voyage dans le temps archi-tarabiscotée (auquel ne héros ne pige plus rien à un moment très perplexisant, vers la fin du 2ème acte...), aux personnages tellement vides qu'on ignore leurs noms, en passant par la façon dont l'origine des bébêtes est découverte (il suffisait de demander à l'épouse du héros, voyons !), ou encore cette infanterie/chair à canon qui rappelle Starship Troopers (les scènes d'action en extérieurs seront pas mal pompées sur ST, d 'ailleurs), sauf que dans ST, ça servait la satire, alors que là, c'est juste du portnawak (autre exemple de torchage : quand un gars dit au héros "Le ventre ou le cou, ce sont les seuls endroits vulnérables de leurs corps !"... alors que l'action a déjà commencé, sic) (autre exemple de torchage : ils ne tuent pas la femelle à l'instant où ils ont trouvé la toxine, re-sic) ;
- Le scénario, toujours lui, tutoie des sommets de nullité dans sa dernière partie, où le héros, dépité parce qu'UN responsable l'a ignoré alors qu'il avait LA solution pour sauver l'humanité (WTF, d'ailleurs), décide d'aller sauver ledit monde avec trois potes à lui plutôt que d'aller voir d'AUTRES gens haut placés (et je ne consacrerai pas une troisième entrée au scénario pour parler du C4 qui dégomme bien soigneusement le glacier qui surplombe le vaisseau des bestioles...) ;
- Tous les clichés du monde y passent, du Renoi ressort comique comme c'était déjà ringard dans les années 90 au rabibochage ultra-prévisible père-fils en passant par la fifille contractuellement adorable et super-futée, la scène des bébêtes dans leurs cocons de la couleur habituelle (sic), le coup du troufion de base qui n'est là que pour mourir puisque comme chacun sait, seuls les protagonistes savent viser, ou encore le "on a besoin d'un pilote qui serait prêt à faire quelque chose d'impossible !" ('quand même bien pratique, d'avoir un père pilote avec qui on doit se rabibocher, non ? Là, ils ont fait du Emmerich) ;
- En parlant de ça, les dialogues sont affreux, comme celui entre le héros et son père au début, qui enchaîne tous les poncifs possibles... ;
- Du coup, on voit tout venir à dix mille kilomètres, et même si ce n'était pas le cas, quand tombe la vérité sur l'origine des bébêtes, ben... on s'en fout un peu, en fait.
C'est ça, on s'en fout un peu.
La partie centrale avec la toujours magnifique Yvonne Strahovski (Sarah Walker forever), seule partie du film qui ne m'a pas donné envie de me faire harakiri, est la seule chose qui rend l'expérience supportable, à défaut d'être agréable, la seule dont émane un vague quelque chose sur le plan dramaturgique, un lointain battement de coeur, par la seule force de sa performance... dont le film ne sera hélas pas digne. Un des rares moments de cinéma que j'ai tirés du film, c'est la scène où père et fils se retrouvent dos-à-dos dans le blizzard dans l'attente de l'attaque de la reine. En bref, bien, BIEN peu.
The Tomorrow War, maintenant que j'y pense, c'est Edge of Tomorrow, mais en pas bien. Tout ce que le film de Liman (réal que je ne sanctifie certainement pas) est, il a essayé de l'être, et s'est viandé. Mélange adoré par les Amerloques de déluge de CGI imbitable et de drama familial chaleureux, le film de McKay (pas le bon McKay) est le spectaculaire archétype récent du blockbuster d'action (on ne peut plus dire "hollywoodien"...) calibré par des gens sans talent, et encore, je dis des gens, le scénario aurait tout aussi bien pu être conçu par un algorithme, comme la machine à scénarios de Besson selon Mozinor. C'est un blockbuster insipide de cette insipide ère plateforme, quelque chose qui te fait dire : "je SAIS que les cinémas sont remplis de mauvais films et de blockbusters pourris de ce genre, ET POURTANT, quelque chose dans ce film crie qu'il n'aurait rien eu à faire dans une salle obscure". Mais peut-être suis-je influencé par mon a priori négatif, mais je ne pense pas. L'ère des plateformes a conduit à une banalisation du film qui devrait scandaliser tout le monde. Non seulement la qualité moyenne de leurs productions est très, très basses (c'est ce qui arrive quand un vendeur de frigos se prend pour la Metro-Goldwyn-Mayer), mais en plus, leurs quelques bons films sont des non-événements, objets de consommation sitôt vus, sitôt ensevelis sous les nouveautés (même effet délétère que le binge-watching). Sans vouloir faire mon vieux débris, je me souviens d'un temps où un film à 200 millions de dollars de budget était un événement, où chaque dollar sautait aux yeux. Tragique époque.
Pour finir, The Tomorrow War, où un film produit dans une dimension parallèle où la population américaine est, allez, à 68% black, et où pratiquement toutes les figures d'autorité militaire du pays sont des femmes. Là aussi, je croyais être prêt, connaissant la sinistre obsession identitaire de notre époque, mais non ; après l'annonce qu'a faite Amazon la semaine dernière de sa politique "inclusive" à venir, le film est la confirmation que les gars ont de quoi battre Netflix au rayon de la propagande woke. J'ai fini par trouver ça hilarant tellement c'était énaûrme. En plus du héros, il y a en tout et pour tout TROIS mâles blancs dans des rôles parlants, dont un est le gros incapable de l'escouade qui se fait zigouiller en trois minutes, l'autre la seule figure d'autorité négative, et le dernier le père du héros - ils étaient un peu forcés, là. Le film se tapait à la base un 2/5, devant ses deux points au 2ème acte un chouïa divertissant, Strahovski, et ses bébêtes pas mal fichues ; avec ça, il perd un demi. Et encore, je suis sympa, tellement ça me l'a rendu antipathique.
Bref, 1,5/5.