Une Master Piece qui ne vieillit pas et qui reste un des chef d’œuvre du cinéma mondial, probablement dans le Top 5 de l’histoire du cinéma, avec « 2001 » , « Citizen Kane » et « A bout de souffle ». Bien sûr un film de guerre exceptionnel dans sa réalisation : des décors réels, des attaques incroyablement reconstituées, avec véracité, mais dans le détail presque chirurgical sans pathos, à l’image de la scène cultissime de l’attaque en hélicoptère Chinook, sur un village vietcong , au son la « Chevauchée des Walkyries », puis la séance de surf démente au milieu des bombardements . La scène du concert de Bunnies au fond de la jungle, et bien sûr le dernier tiers dans la jungle avec cette tribu commandée par le colonel Kurtz/ Brando dans un « petit » rôle absolument démoniaque cheveux rasés, qui fait de la poésie et de la philosophie. Un absolu « must », une scène d’anthologie. Le principe intrinsèque de la violence humaine, du concept aléatoire de l’évolution de l’humanité, du besoin des civilisation de conquête et de cruauté. La mise en contrepoint des folies parallèles de Duvall/Kilgore ( légale) et de Kurtz (illégale) , nous interpelle sur le concept du bien et du mal. Où est la frontière, qui est le dépositaire de la vérité. Ce n’est pas à proprement parlé un film anti-militariste ou anti- guerre du Vietnam, cela va bien au-delà. C’est toute la puissance du film, le plus « Kubrickien » des films de Coppola, le plus riche donc. Une réalisation somptueuse, des plans séquences envoutant, l’arrivée dans la tribu au Cambodge, absolument démente, des milliers de figurants, grimés en indigènes autochtones. Il n’y a pas d’équivalent au cinéma. Martin Sheen complètement habité dans ce film, au yeux exorbités, hagards, illuminé mais lucide. Il ne confirmera pas par la suite, mais ici il reste exceptionnel, et participe avec Brando et Robert Duvall à la mythologie culte du film. Un côté social très fort aussi, avec la description et l’attention porté aux jeunes appelés, de milieux modestes, beaucoup de blacks du Bronx, accompagnés de la musique des Doors ou de Jimmy Hendrix, sous acide LSD, mais qui perdront leur fraicheur et leur ingénuité, dans cette guerre bestiale. Très bel intermède aussi dans la plantation française et ces colons reclus qui résistent à la chute de leur empire, très juste, très fin, avec ce personnage féminin, très joliment joué par Aurore Clément , personnage diaphane , érotique et qui attend la fin « de leur monde », avec fatalité et résignation. Un film total, un choc dramatique et émotionnel, avec un parti pris esthétique exceptionnel.