« La Vérité », en étant tourné en France avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche, donne immédiatement la sensation d’avoir ôté une partie de la magie qui caractérise si bien l’esprit et le travail de Hirokazu Kore-Eda...
Cette histoire est pourtant franchement digne d’intérêt quant à ses thèmes relatifs à la mémoire sélective de chacun, aux vérités ou aux mensonges faits aux autres comme à soi-même.
Mais alors que ce film cherche à apporter toute une réflexion intelligente à ce sujet, il semble également être traité un peu trop superficiellement, ou facilement comme si ces acteurs français avaient, comme le dirait ce journaliste interviewant cette illustre Fabienne allias Catherine Deneuve, transmis leur ADN à ce talentueux réalisateur japonais !
Tout ce qui caractérisait le merveilleux et puissant « Tel père, tel fils » semble ici être saupoudré, certes parmi des moments très justes, mais trop rares à travers cette relation mère/fille dont justement Catherine Deneuve a déjà été l’enjeu de manière bien plus persuasive et pertinente.
Si le rôle de ce personnage suffisant et égoïste, quasiment dénué de sentiments envers les autres, totalement et uniquement centrée sur elle et à travers elle, toujours en représentation dans sa vie de femme et de mère, comme elle l’est a fortiori dans son métier d’actrice, est ici largement mis en évidence par le cinéaste, il n’en reste pas moins que cette relation filiale dans sa complexité et sa douleur, manque pour autant de dimension dramatique, ainsi que d’une réelle souffrance pour qu’on se sente vraiment impliqué.
Et de plus tout est tellement manifeste et clair dans le jeu de Catherine Deneuve, que tel un fantôme, le personnage récurrent et pourtant absent de Sarah, devient un peu parasite en n’ayant que peu ou pas de justification.
C’est d’ailleurs à se demander de par cette interprétation si claire et limpide, si cette image martelée à coups de marteau, ne va pas encore plus coller à ce que dégage déjà notre Catherine nationale.
À ce niveau, l’ego de l’acteur ici en plus vieillissant et confronté à la jeunesse, est extrêmement bien montré !
Et c’est d’autant plus dommage de le constater et de l’apprécier, pour penser que ce film aurait pu être vraiment excellent avec peut-être moins de personnages, de situations inutiles ou souvent artificielles qui sonnent le plus souvent faux, comme ce tournage de film dans le film qui néanmoins ne fait que conforter le propos du cinéaste dans la place de cette actrice confrontée là encore à une rivale jeune et resplendissante.
Beaucoup d’aspects positifs sont malgré tout à retenir de ce drame de Hirokazu Kore-Eda, qui décidément a la faculté d’étudier le genre humain avec une grande sensibilité même si cette fois il le fait en nous plongeant dans le monde de ces acteurs prétentieux et suffisants, dont les multiples problèmes existentiels peuvent à juste raison irriter, surtout par les temps de révolte sociale qui nous occupent actuellement !