Le Daim nous plonge une fois de plus dans un univers décalé et dérangeant, où l'absurde côtoie le quotidien. Oubliez les charmants cervidés, car ici, l'animal principal est un blouson en daim, et son propriétaire, Georges, est bien loin de la stabilité. Interprété par un Jean Dujardin exceptionnel, Georges est un homme d'une quarantaine d'années, en pleine rupture avec tous les aspects de sa vie : conjugale, sociale et professionnelle.
C'est dans ce contexte qu'il décide de dilapider ses économies pour acheter un blouson en daim, démodé et bien trop petit pour lui, mais qui devient rapidement l'objet de toutes ses obsessions. Le vendeur, conscient de l'escroquerie, lui offre même un caméscope en guise de "geste commercial", scellant ainsi le sort de Georges.
La force du film réside dans la manière dont Dupieux utilise cet objet apparemment anodin pour explorer la psychose grandissante de son personnage. À travers des scènes de plus en plus surréalistes, Georges, équipé de son blouson et de son caméscope, se met en tête de devenir le seul homme à posséder un blouson en daim, quitte à éliminer la concurrence. Jean Dujardin excelle dans ce rôle, incarnant avec brio un homme glissant inexorablement vers la folie.
Le Daim s'inscrit parfaitement dans l'univers unique de Quentin Dupieux : un mélange de comédie noire, d'absurde, et de critique sociale. Le film est inclassable, oscillant entre le grotesque et le sublime, et ne laissera personne indifférent. Il risque de diviser : certains adoreront cet hommage à la folie douce, d'autres resteront perplexes devant tant de bizarrerie. Mais une chose est sûre : avec Le Daim, Dupieux continue d'affirmer son style, toujours aussi imprévisible et délectable.