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    Onoda - 10 000 nuits dans la jungle
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    Christoblog
    Christoblog

    826 abonnés 1 674 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 22 juillet 2021
    Quel film extraordinaire que ce Onoda ! Je crois n'avoir jamais vu de film français aussi ambitieux de toute ma vie.

    C'est tout le grand cinéma américain du nouvel Hollywood qu'il faudrait convoquer ici, pour le comparer au souffle, à l'ampleur narrative de ce deuxième film d'Arthur Harari. On pense bien bien sûr au cinéma de Cimino, mais qui serait ici dans une tonalité mineure : une sorte de Voyage au bout de l'enfer intime et introspectif.

    Le film est parfait sur tous les plans, sans aucune exception. L'image est d'une beauté irréelle, la photographie sublimant tous les plans, baignant les scènes dans une lumière souvent grisâtre, à la fois précise et réaliste. Les acteurs sont incroyables, le sentiment d'immersion absolu. Le découpage du film, habilement structuré autour de plusieurs flashbacks imbriqués, réduit les 2h47 du film à un clignement d'oeil.

    Une odyssée au long cours, de l'émotion, de la poésie, de la réflexion : Onoda, c'est du cinéma d'auteur XXL, en parfaite résonance avec le monde actuel (on comprend parfaitement comment peut naître une théorie du complot). Il est pour moi inexplicable que le film n'ait pas été en compétition au Festival de Cannes 2021, à la place de films comme La fracture, Haut et fort ou Tout s'est bien passé.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 063 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 janvier 2022
    J'avais beaucoup d'attentes sur ce Onoda et c'est surtout de la déception qui en ressort. En fait j'ai vu un film beaucoup trop long et qui n'arrive jamais à sortir d'un certain académisme. Disons que ça ne m'a ni intéressé, ni fait vibrer, ni rien du tout... Alors qu'au départ un film de quasiment trois heures sur un mec seul dans la jungle à garder son île pensant que la guerre continuait ça me bottait pas mal.

    En fait je reprocherais au film d'être exactement là où on l'attend et de n'avoir aucune réelle surprise (je ne parle pas de surprise scénaristique). Il fait, gentiment ce qu'on lui demande, il faut filmer les gens qui passent un bon moment, il faut filmer les gens qui s'engueulent, les conflits avec la population locale, tout y est, c'est pas nul, c'est juste fade et sans saveur. J'ai déjà vu tout ça.

    Même la construction scénaristique, avec les analepses pour bien expliquer comment on en est arrivé là, n'a rien de bien folle.

    Je trouve le film sage, propre sur lui, qui finalement ne s'attarde jamais sur une séquence, qui n'ose pas étirer le temps, nous faire ressentir ce que c'est que 10 000 jours. J'ai l'impression qu'à chaque fois qu'on nous montre quelque chose dans ce film, c'est un passage obligé (les disputes, les réconciliations, les morts, etc) et que le quotidien a été totalement passé sous silence alors que c'était ce qui devait occuper la plupart de leurs journées. En gros le réalisateur s'intéresse à ce que l'on a déjà vu mille fois partout ailleurs et finalement pas à ce qui faisait l'originalité de son projet. Comme s'il avait peur du vide.

    Vide qui compose pourtant la vie de son héros...

    Et surtout un truc vraiment tout con, mais après quasiment trois heures de film, on ne sait toujours pas à quoi il passait ses journées tout seul...
    La quasi absence de la question de la sexualité m'a gêné, comme si c'était tabou. Un des mecs s'approche d'une femme qu'ils ont fait prisonnière, mais il recule bien vite... Je veux dire rajouter un peu d'ambigüité dans les personnages n'aurait pas été de refus. (et je ne veux pas de : ouais mais dans la vraie vie blablabla ça c'est pas passé comme ça, mais dans la vraie vie ils ont buté une trentaine de locaux, là ils butent quasiment personne et quasiment toujours en situation de légitime défense, difficile de faire des personnages plus lisses)

    Parce que moi j'aurais voulu être ému de voir ce type dans sa quête absurde, perdre tous ses compagnons les uns après les autres et tout à coup réaliser que toute sa vie a été un mensonge, qu'il a mené une vie ascétique pour rien, que ses amis sont morts pour rien, mais j'ai juste l'impression que Harari, n'avait aucune idée de comment le faire ressentir, alors il nous cale un petit plan sur des larmes et on passe à autre chose. On parle quand même d'un mec qui doit en l'espace de quelques instants renier toutes ses croyances passées sur lesquelles il avait fondé sa vie.

    Et visuellement j'ai trouvé le film sacrément laid avec ses nuits américaines...

    Alors c'est pas nul, ça occupe pendant quasiment trois heures, mais bon si j'en tire rien... c'est pas la peine.
    Cinephille
    Cinephille

    155 abonnés 627 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 juillet 2021
    Il est étonnant que Onoda soit revenu bredouille de Cannes tant ce film est maîtrisé. A priori qui serait intéressé par l’histoire d’un Japonais se croyant pendant 30 ans toujours responsable d’une mission de guerre dans une île philippine ? Pourtant c’est un grand film avec une mise en scène parfaitement maîtrisée, des personnages auxquels on ne s’attache pas mais qu’on ne rejette pas non plus, une photo impeccable et un récit limpide. Les 2h45 ne sont pas superflues, le temps (au sens temporel et météorologique) etant une composante majeure du film. Il y a une certaine violence mais jamais excessive, ni complaisante ni suffocante. Les hommes sont au bord de la folie mais n’y tombent pas, gardant pour ceux qui restent en vie, une lucidité sur leur sort.
    L’épique et le quotidien se mêlent tres habilement. Je ne sais comment Arthur Hariri a eu l’idée de ce film et comment il a pu le réaliser mais en tous cas c’est pleinement réussi.
    traversay1
    traversay1

    3 568 abonnés 4 860 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 juillet 2021
    A priori, il ne doit plus rester, depuis de nombreuses années, de soldats japonais croyant que la deuxième guerre mondiale n'est toujours pas terminée. Quoique le dénommé Hiro Onoda, dont Arthur Harari raconte l'histoire dans le film éponyme, n'est mort qu'en 2014 mais 40 ans quand même après avoir quitté la jungle des Philippines où il est resté durant 3 décennies. Fascinant destin que celui de ce dernier soldat, avec ses compagnons d'armes puis en solitaire, isolé du monde de l'après-guerre. Presque 3 heures de film pour raconter une telle aventure, ce n'est pas si long en définitive et Harari la traite d'une manière assez admirable, en s'inspirant du cinéma japonais, comme un Imamura ou un Shindō, par exemple, aurait pu le faire. C'est à dire en refusant tout spectaculaire et en nous faisant entrer dans la tête, folle mais logique de par son éducation militaire, du lieutenant Onoda. Jouant avec les ellipses et le vieillissement de son personnage principal, le film se révèle de plus en plus intéressant au fil des minutes, avec en point d'orgue ces face à face incroyables avec une jeune autochtone puis un touriste japonais. Si Diamant noir, le brillant premier long-métrage du cinéaste, avait marqué par la qualité de son style, Onoda, de par son classicisme et son lyrisme métaphysique, fait entrer directement Arthur Harari dans une caste rare dans le cinéma : celle des réalisateurs qui n'ont pas peur d'être ambitieux et qui restent maîtres de leur art.
    Loïck G.
    Loïck G.

    335 abonnés 1 670 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 juillet 2021
    Il faut un peu de temps au film pour trouver ses marques et ce n’est que vérité. Le temps nécessaire pour nous rappeler comment un homme va s’extraire du monde au service de sa patrie pour laquelle il ne doit jamais mourir. Mais résister et résister encore. Ce que va faire Hiroo Onoda à la fin de la seconde guerre mondiale en gagnant l’île de Lubang dans les Philippines où il doit contrer le débarquement américain. La guerre est déjà presque finie, perdue depuis quelques temps , mais l’homme n’en saura rien. Ou voudra l’ignorer, respectant l’ordre suprême de ne jamais lâcher. Et de vivre à tout prix… Axiome paradoxal qui filme à l’encontre de l’évidence, tout au long du périple solitaire du héros. La caméra le suit pas à pas dans l’absurdité des faits, leur donne raison pour une lueur d’espoir, un élan solidaire, un regard amical. L’élan psychologique de la mise en scène, assez rare au cinéma, implique totalement le spectateur dans cet état aveugle et aberrant. C’est un beau et grand film sur le repli, physique et mental, où de grands comédiens expriment avec simplicité le désœuvrement de l’humanité. Une œuvre majeure dans le cinéma mondial.
    Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
    Yves G.
    Yves G.

    1 456 abonnés 3 486 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 23 août 2021
    Le jeune lieutenant Hirō Onoda, après une formation aux techniques de guérilla, est missionné aux Philippines, dans l’île de Lubang, fin 1944, pour y freiner l’inexorable avancée américaine. Refusant de se rendre à la réalité du cessez-le-feu, il poursuit le combat dans la jungle avec trois camarades. Il n’acceptera de déposer les armes que trente ans plus tard.

    Le réalisateur français Arthur Harari n’a pas opté pour la facilité pour son deuxième film. Après être allé tourner un polar poisseux chez les diamantaires anversois, "Diamant noir", il a pris le chemin de l’Extrême-Orient pour y raconter l’histoire d’un « soldat japonais restant » (les Américains utilisent l’expression plus ramassée et plus imagée de "stragglers", traînards) ayant refusé la capitulation de 1945.

    "Onoda" n’est pas un film de guerre même s’il en a l’apparence et même si la réalisation s’est donnée les moyens de tourner quelques plans ambitieux de bataille. C’est avant tout une plongée métaphysique dans la psyché d’un homme qui, pour laver une humiliation (il n’avait pas été jugé apte à rejoindre le rang des kamikazes), va s’enferrer dans une illusion jusqu’au-boutiste. Comment peut-on, aveuglé par une foi exacerbée dans une cause, pousser la déraison jusqu’à nier la réalité ? L’interrogation résonne étrangement avec l’actualité la plus brûlante, qu’il s’agisse des délires complotistes des antivax ou des sornettes trumpistes de l’autre côté de l’Atlantique.
    "Onoda" raconte aussi l’histoire d’un quatuor soudé autour de son chef dans cette même folie, uni par une promiscuité qu’on imagine en même temps insupportable et nécessaire, source de conflits comme d’actes solidaires, sinon de tensions homo-érotiques.

    "Onoda" dure 2h45. C’est le moins qu’il fallait pour raconter ces « 10.000 nuits dans la jungle », sous-titre inutilement racoleur de cette histoire à donner le vertige. Cette longueur hors normes était nécessaire, dira-t-on. Elle n’en est pas moins indigeste.
    velocio
    velocio

    1 300 abonnés 3 134 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 juillet 2021
    On peut s'étonner que ce soit un réalisateur français qui se lance dans un film de fiction en langue japonaise racontant l'histoire véridique du dernier soldat japonais de la 2ème guerre mondiale resté "en activité". Ce soldat, Hirō Onoda, avait été envoyé avec une vingtaine d'autres soldats par le major Yoshimi Taniguchi sur l'île de Lubang, aux Philippines, avec comme mission de retarder le débarquement sur l'île des américains et l'ordre de "refuser de mourir coute que coute" et de ne se rendre sous aucun prétexte. Ce n'est qu'en 1974 que Onoda comprendra enfin que la guerre est finie. Ce film de 2 h 47 a été présenté à Cannes 2021 en ouverture de la sélection Un Certain Regard. Une sélection dans la compétition officielle aurait été tout à fait justifiée tellement ce film déborde de qualités, tant quant à l'intérêt de l'histoire, que sur l'étude psychologique des soldats, en particulier Hirō Onoda, et la beauté des images.
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    175 abonnés 1 137 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 22 juillet 2021
    L'histoire réelle est fascinante. Celle d'un soldat japonais envoyé en 1944 sur une île des Philippines qui s'est volontairement oublié dans un conflit qui n'existait plus pour mener sa propre guerre invisible contre quelques villageois et surtout lui-même. Un film fascinant sur l'honneur, l'orgueil, la volonté de trouver son utilité dans une société et les combats inutiles. Quelques longueurs certes mais relativisons...nous spectateurs ne passont que 3h en salle à regarder ce récit envoûtant alors que lui aura passé 30 ans sur son île à ne combattre que des fantômes.
    Bertrand Barbaud
    Bertrand Barbaud

    201 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 24 octobre 2022
    c'est long, beaucoup trop long. On sent les secondes, les minutes s'égrenner comme un supplice chinois. Les comédiens sont justes et certaines images sont implacables de beauté. On ne peut que louer les mérites d'un réalisateur qui fait un film aux antipodes du cinéma français sociologique avec ses courtes vues idéologiques. Mais le vrai problème d'Onoda réside dans le fait qu'on se désintéresse totalement de l'intrigue, du récit, des personnages, de l'émotion. Reste une mise en scène brillante, soignée, raffinée... et assez vaine.
    selenie
    selenie

    6 228 abonnés 6 180 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 novembre 2021
    Savoir qu'il s'agit d'une Histoire Vraie donne un pouvoir d'attraction fort tant on a bien du mal à imaginer cet entêtement, qui frôle la simple folie sans pourtant que ces hommes n'y tombent jamais vraiment. Tandis que plus le groupe diminue plus il est compréhensible de ne pas trouver forcément crédible que ces hommes croit dur comme fer que la guerre se poursuit. On frôle le grotesque quand arrive le premier "contact" et que les survivants obtiennent les premières "vraies" informations sur le présent actuel. Psychologiquement le film est sur ce point passionnant. Parfois attiré par le style contemplatif, le réalisateur ne choisit pourtant pas cette option même si les paysages imposent le contexte de la jungle et un climax singulier, car même si le temps est étiré il se passe toujours quelque chose, d'abord dans le quotidien du soldat mais aussi dans l'évolution psychologique des uns et des autres sans pour autant occulter le lyrisme de certains passages. Un des grands films de l'année à voir et à conseiller.
    Site : Selenie
    PLR
    PLR

    465 abonnés 1 558 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 24 juillet 2021
    Comme toujours, les scénarios inspirés de faits réels (issus de l’Histoire ici avec un grand H) offrent le plus de matière. Mais ce film-ci pêche par sa longueur : 2 heures et 45 minutes qui ne sont pas justifiées par des scènes d’action intenses. Certes, il a sans doute fallu donner la sensation de la longueur de ces 10 000 nuits mais il y avait certainement d’autres procédés narratifs plus efficaces. Tout se traîne en longueur alors que le spectateur est bien évidemment attiré et aspiré par la fin qu’il connait ou pressent déjà. C’est un manie à (ou pour) Cannes de délayer ainsi un sujet jusqu’à lui faire perdre de sa puissance. Je me suis dit quel est l’obscur (pour nous) réalisateur nippon qui, pour se faire remarquer, joue ainsi de la longueur ? Eh ben, c’est un Français !
    Barnabé Jarrot
    Barnabé Jarrot

    17 abonnés 62 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 juillet 2021
    ONODA est une merveille. Une incroyable histoire vraie, racontée avec brio par Arthur Harari, qui signe une odyssée humaine à la fois intime et universelle, portée par une mise en scène d'une élégance et d'une intelligence rares. Bouleversant.
    pfloyd1
    pfloyd1

    128 abonnés 2 108 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 17 janvier 2022
    Onoda est un film long, très long, trop long qui malheureusement n'exploite pas son histoire exceptionnelle. Il y avait pourtant matière à traiter pour illustrer et créer un univers à part avec ces 10 000jours passées dans la jungle à survivre, mais la "profondeur" et l'immersion n'y sont pas, à cause notamment d'une réalisation en dent de scie. La faute aussi à une réalisation dépassée, des plans et cadrages semblant dater des années 90 et ça se voit à l’écran, la photographie ne fait pas ou peu ressortir la beauté de la jungle, dommage. Les personnages sont quelconques, sans réelles profondeur, n'apportant que peu d'empathie au final mais l'histoire est incroyable, on aurait peut être aimer en savoir un peu plus sur son retour dans le Monde, qu'a t il fait ensuite ? En tout cas , c'est un réel plaisir d'avoir découvert en image l'histoire (connue) de ce soldat japonnais perdu...
    GéDéon
    GéDéon

    85 abonnés 513 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 mars 2022
    Inspiré d’une histoire vraie, ce deuxième long-métrage d’Arthur Harari, sorti en 2021, possède indéniablement une base scénaristique très solide. Juste avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, un militaire japonais est envoyé sur une île des Philippines pour empêcher un éventuel débarquement militaire américain. Accompagné d’une poignée de soldats, il va mener un conflit imaginaire durant une trentaine d’années. Si le réalisateur s’attache à développer l’évolution psychologique de ces individus isolés et hors du temps, sa mise en scène trop académique finit par étirer le récit en longueur. La nécessaire symbiose de l’Homme avec la Nature reste par ailleurs peu démonstrative. Bref, tout en étant bien plus qu’un film de guerre, cette œuvre très poétique souffre finalement d’un manque d’émotions.
     Kurosawa
    Kurosawa

    582 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 septembre 2021
    Après avoir exploré le milieu de diamantaires anversois, Arthur Harari par au Japon pour y tourner davantage un film sur la guerre qu'un film de guerre, et représente des locaux dans leur langue natale, à l'image de ce qu'avait fait Eastwood avec "Lettres d'Iwo Jima". Il s'intéresse à la guerre secrète menée par Hiroo Onoda durant trente ans, de 1944 à 1974 et met en scène le mystère qui entoure ce soldat : malgré des preuves de la fin de la guerre, apportées tout au long de ces trois décennies, Onoda va rester dans la jungle en parvenant à convaincre d'autres soldats de l'accompagner dans son "combat". Le fait-il par patriotisme, par lâcheté ou extrême naïveté ? On n'en saura rien. Il peut être à ce titre frustrant de ne pas être plus avancé à la fin du film qu'au début, mais c'est bien cette opacité qui fait la beauté de ce personnage insaisissable et d'un film qui, s'il ne réussit pas tout ce qu'il entreprend, possède une assurance et une singularité indéniables. Le territoire d'"Onoda" est avant tout descriptif : que ce soit lors du flashback montrant sa formation secrète, son quotidien dans la jungle ou la rencontre avec le touriste, ces moments n'expliquent pas un choix ou une attitude, ils demeurent factuels et il revient – ou pas – au spectateur de comprendre le chemin emprunté par ce soldat. Après une entrée en matière quelque peu poussive, le film trouve son rythme à partir du moment où Onoda et ses camarades s'installent dans cette jungle, y règlent leur quotidien tout en étant à l'affut d'une arrivée des opposants américains. Entre gestion de l'habitat, des intempéries et déni de la réalité, les personnages créent un monde replié sur lui-même qui obéirait à ses propres règles : c'est dans la capacité à épouser le train de vie de ces hommes, et en particulier celui du duo qu'Onoda forme avec Kozuka, que le film trouve son ampleur. Il relate même avec une simplicité touchante l'histoire d'amitié entre ces deux hommes, solidaires jusqu'au bout. Toutefois, le film peine à retranscrire une expérience du temps qui soit fidèle au nombre d'années passées par Onoda sur l'île ; en effet, les ellipses sont parfois brutales et, en saupoudrant régulièrement l'ensemble de petites actions devant faire progresser le récit, Harari ne réussit pas vraiment à donner l'impression de lenteur et de langueur qui pourtant s'imposait au vu du sujet. Reste que le cinéaste parvient à créer quelques ruptures temporelles dans le dernier tiers où Onoda vieux, face à la mer, voit celui qu'il était trente ans plus tôt de l'autre côté de la plage. Ce dédoublement momentané dit la stabilité mentale d'un personnage qui semble avoir passé toute une vie ou presque en n'ayant pas changé, rivé à une croyance erronée. C'est le drame de ce personnage d'avoir fondé un idéal sur un mensonge, et cette révélation terrible ne lui parvient que dans les derniers instants du film, à travers les mots de son formateur d'antan. Pour autant, au moment de quitter l'île, on ne sait toujours pas ce que ressent Onoda : nul soulagement en tout cas, nulle envie de construire une vie sur du réel, mais entre la tristesse et un résidu de déni, il est difficile de savoir ce qui habite à ce moment le mystérieux soldat.
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