"BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan" a forcément attirer mon attention au vu de ce qu'il propose. Dans ce film, Spike Lee vient nous relater l'histoire du méconnu Ron Stallworth, sous la forme d'un biopic. Tout cela est forcément sous couvert d'un message anti-raciste et dans un contexte qui suivait l'élection de Trump aux États-Unis. Des éléments qui peuvent paraître assez peu subtil au premier abord, et qui nous font nous poser quelques questions. Mais honnêtement, je pense que ce long-métrage est une réponse absolument parfaite à tout ce que les pros-Trump pourront penser de lui sans même l'avoir vu. Personnellement, j'ai passé un excellent moment devant celui-ci et j'ai été époustouflé par autant de maîtrise. Le film pourra peut-être en décevoir certains au vu de son contenu, étant donné que le titre peut porter à confusion sur le réel déroulé de l'histoire. Mais de mon côté, cela ne m'a pas spécialement dérangé durant mon visionnage. Le film se présente forcément comme un reflet assez cru des États-Unis de cette époque, avec ce fossé entre la communauté afro-américaine et ces racistes extrémistes. Et déjà, le projet ne tombe pas dans un excès au niveau de son message, on défend certes la cause des noirs, mais les blancs ne sont jamais tous catalogués comme des méchants. Le parti-pris est certes clairement pris, mais le scénario a eu la bonne idée de développer des personnages blancs sympathiques, pour contrebalancer et offrir un équilibre. On peut notamment penser à Flip, interprété par Adam Driver, qui est un personnage vraiment intéressant à suivre. L'interprétation de l'acteur sera toujours très juste, et son double-jeu fonctionnera vraiment à merveille, car il réussit très bien à varier son interprétation en fonction de la situation. Mais le véritable héros qui va porter ce message sera évidemment Ron Stallworth, interprété par l'excellent John David Washington. J'aime énormément ce personnage, car il réussit à offrir une véritable vision d'ensemble sur la situation. À travers lui, on comprend très bien que ce concept d'extrémisme n'est pas une bonne chose. Cela passe clairement par son rapport avec le Ku Klux Klan, mais il y aura aussi quelques scènes pour parler également de la réaction parfois trop violente de la communauté afro-américaine. Il est clair que ce film cherche avant tout à dénoncer les formes extrêmes de communautarisme, et il le fait avec brio. Après l'élection de Trump, il était donc vraiment sorti à la bonne période.
Cela se ressent surtout lors de la conclusion, qui laisse un arrière-goût assez amer, en nous montrant que cette situation est toujours d'actualité.
Par ailleurs, l'autre tour de force de ce projet va venir de son style, celui-ci ne tombant jamais dans une représentation trop proche du documentaire. On reste dans un film, et Spike Lee manie sa mise en scène avec brio pour refléter toutes ces idées. Il va beaucoup jouer avec la légèreté de son récit par exemple, pour fournir un ensemble qui ne sera jamais trop grave. On aura donc quelques touches d'humour assez bienvenue, mais aussi quelques passages qui nous offrent un peu de hauteur sur cet ensemble. En vrac, je peux citer ces conversations au téléphone, très bien découpées au niveau du montage, et bien reliées dans le même cadre par un joli split-screen et par un débullage de la caméra (mais d'un côté différent pour chaque personnage pour montrer leurs oppositions). Je peux aussi citer la séquence du discours de Kwame Ture, où les personnages qui l'écoutent sont parfaitement mis en scène dans une disposition où le décor semble s'être effacé derrière eux. Ou encore, dans l'un de ses plans finals au sein de ce couloir, avec ce superbe travelling qui amènera la dure réalité de la conclusion. En bref, j'ai adoré ce projet ! Je ne me suis vraiment pas ennuyé devant celui-ci, et j'ai parfaitement compris ce qu'il essayait de me raconter. C'est un superbe projet, porté par un réalisateur qui a beaucoup de talents ! Pour conclure, un film qui mérite son succès.