Spike LEE revient aux affaires qui le concerne après un long moment sans apporter cette pierre angulaire de son cinéma, et non pas que ses autres projets durant tout ce tant soient de mauvais augure, mais ce nouveau film revient clairement à ses premiers amours cinématographiques, et cela fonctionne à merveille. La question raciale aux États-Unis bien évidemment, ce sujet si brûlant au début de sa carrière et malheureusement toujours d’actualité, mettant en lumière le prisme par lequel le film tend à se justifier, d’une part par les propos et actes mis en images en ce qui concerne le racisme ambiant, semblants totalement intemporels si l’ambiance du film n’était pas tant marquée de l’époque concernant le scénario, d’autre part par l’épilogue du film, qui est tout bonnement la pièce maîtresse de l’ensemble, changeant irrémédiablement le ton très burlesque sur lequel s’appuie le tout, pour quelque chose de plus tragique, par ces images de scènes réelles et complètement surréalistes qui sont étalée telle des pièces à conviction de la justesse du message apporté tout du long. Ce qui est assez impressionnant également ici, c’est que le prisme par lequel est raconté cette histoire est clairement celui de la comédie, mettant en évidence la façon dont le réalisateur est confronté à cette histoire tirée de faits réels, puisque tout la réalisation transpire de cette sensation de grande blague, et cela commence par la scène d’introduction qui met tout de suite les choses au clair concernant l’aspect satyrique de ce qui est montré, afin d’afficher ses attentions quant à ce qui peut paraître immoral ou clivant lors de certains dialogues ou autres scènes. Puis rapidement, la manière dont le personnage central est introduit, sa façon d’aborder presque par hasard les enjeux de ce qu’il commence à mettre en place, et rien de la construction de ce moment là relève de la comédie pure et dure, simplement par le côte absurde des situations et des différentes rencontres auxquelles on peut assister, et si l’on peut craindre que le film partent un peu trop dans le « buddie-movie » simplement bien senti, Spike LEE prouve qu’il n’est pas là pour brasser de l’air avec des coupes afros à tout va et des fringues bien stylisés 60’s/70’s, mais que cela à pour but de montrer certains paradoxes ou aspects incongrus d’un vrai et tragique drame social qui frappa la première puissance mondiale, et ce parallèle est parfaitement tenu tout du long, alternant hommage et nostalgie d’une époque avec une vision plus acerbe d’un temps pas si reculé. Bien évidemment que première chose qui vient à l’esprit devant ce que déroule tout le sous-texte du film, c’est que Spike LEE semble être le seul réalisateur qui peut se justifier de proposer un tel message, mais ce qu’il faut retenir avant tout, c’est surtout un vision aussi tranchée entre burlesque et tragédie, faisant de ce moment quelques chose de différent. On peut légitimement regretté que le film tourne plus à la comédie lié à une certaine nostalgie et joue beaucoup du rire pour faire passer un message pas forcement évident à regarder dans les yeux, mais le piège est de penser que ce film est une comédie plutôt que de comprendre que l’humour, même parfois excessivement appuyé, est un sentiment qui a guidé l’appréhension du réalisateur vis à vis de cette histoire vraie. Concernant cet aspect qui est souvent bien trop utilisé de manière mensongère afin de bien vendre un film, ici tout cela ne fait que donner encore plus d’écho à ce qui est mis en scène, car rappelons-le, rien que la façon dont tout cela se met en place ne semble pas du tout sérieux aux premiers abords, soulevant un tas de question sur la crédibilité et donc de la véracité de ce qui est montré, sauf que l’ambiance plutôt comique du film va dans le sens de cette sensation, que ce soit par ces personnages ou lors des différents entretiens téléphoniques (seule réelle situation qui parvient pourtant difficilement à trouver raison au fur et à mesure), donc encore une fois il était important de conserver cette trajectoire pour être efficace. Cela n’empêche pourtant jamais le film d’être violent, jamais physiquement du moins, exception faîte de l’épilogue (qui lui contient seulement des images d’archives assez hard), offrant un contraste encore plus incroyable quant a ce que met en scène ce film, car l’autre aspect formidable est bien sûr l’illustration du groupe de suprématistes blancs, sachant bien évidement faire monter la tension physiquement lors de quelques passages, chose que l’ensemble du film fait à merveille malgré l’aspect comédie mis en avant, mais le tragi-comique réel réside dans les interactions et différents événements s’intéressant à ces protagonistes en particulier, et ici aussi on retrouve toute la force de Spike LEE. Afin de ne pas tomber dans la simple exposition d’actes atroces concernant la communauté afro-américaine, il offre en début de film un long discours pro-militant du « black power », le tout remis de temps en temps sur la table à travers de subtile référence à la culture afro-américaine, sans jamais perdre de vue la dénonciation très appuyée du courant de pensée qui régnait toujours en Amérique à la fin du XXe siècle, et utilisant le langage le plus cru et ne s’imposant absolument aucun filtre dans les dialogues ou altercations verbales des différents protagonistes, donnant un aspect bien plus brut qu’une simple comédie, et la patte du réalisateur semble inévitablement apporter cet écho tellement important, n’autorisant aucune concession. Pour finir, on ne peut pas passer à côte de la qualité technique de l’ensemble de ce film, que ce soit par un montage très stylisé, n’hésitant pas à y apporter une vraie touche artistique autant qu’une sensibilité évidente en ce qui concerne le sujet, par un scénario solide et bien amené à sa conclusion bien que les ficelles de l’intrigue n’ai rien d’exceptionnelle, c’est plutôt sa mise en œuvre et ce qui y est dit, qui en font un bon moment de cinéma, puis bien évidement, tout cela se joue par un casting renouvelé par un réalisateur qui a ses acteurs fétiches, pourtant le résultat en ce qui concerne les différents protagonistes est plus que plaisant, car même la poignet de personnages de seconds plans sont non seulement impeccablement écrit mais en plus interprété au cordeau, donnant lieu à certaines scènes tant ahurissante que drôle à souhait, restant encore une fois au service d’un sujet aussi brûlant, encore aujour'hui. Alors peut-être que parfois le film à tendance à se perdre dans la référence très présente du genre cinématographique de la « blackexploitation », très populaire dans la culture afro-américaine, ayant fait les grands jours du 7e art populaire, pourtant cet ambiance fonctionne pas trop mal avec l’époque abordée, se régalant visuellement avec costumes et coupes afro très stylisées tant que dans la mise en scène tout aussi marquée du genre, et si la musique correspond tout autant, on ne peut pas dire que c’est la bande originale qui donne du poids au tout, celle-ci ayant tendance à ne pas bien coller même s’il est indéniable que le style afro y est totalement, simplement rien de vraiment d’efficace pour le coup. Un bon moment de cinéma qui sait tout autant remettre la réalité face au regard, tout en prétextant de se marrer autant que le promet cette histoire vraie incroyable et encore plus le cadre social tout aussi absurde qu’abjecte, et qui de plus à même d’être convaincant que le regard perçant sur ses origines culturelles que Spike LEE, comme il a toujours su le faire ? Reconnaissance amplement méritée !