Avec « Joker » de Todd Phillips, le véritable Joker est NÉ !
Fabuleux, magnifique, extraordinaire, les mots nous manquent pour porter au firmament l’acteur Joaquin Phoenix dont le jeu est littéralement dérangeant, remarquable, époustouflant !
On ressort décontenancé et pantelant, d’avoir vu son corps se déployer petit à petit, de l’être voûté et miséreux du début, à ce Joker dansant et virevoltant, rayonnant et parfaitement diabolique !
Jamais un personnage n’aura permis de rentrer autant dans la folie pure, dans ce mental si effrayant, au point de nous faire rire jaune dans les moments justement les plus fous de ce récit !
Un fonctionnement intérieur des plus machiavélique, dont chaque étape est décrite avec soin, de l’élément déclencheur à l’acte irrémédiable et terrible que l’on voit arriver, de loin ou de près avec toute la mise en place, toute la réflexion sous-jacente qui bouillonne dans cette tête hors norme !
Et ainsi c’est bien toute la vie de ce Arthur Fleck, qui défile au son d’un rire vertigineux et indescriptible, saccadé et sans fin !
Un être simplement fragile psychologiquement, victime d’une société capitaliste et laissé pour compte, dont les garde-fous vont sauter un à un et là, on pourra dire que cette expression n’aura jamais eu autant de sens...
De son activité de clown et son projet de devenir humoriste, à sa vieille mère et son secret enfoui, c’est tout son cadre de vie qui éclate, qui part en miettes pour rendre ce malade psychiatrique encore plus insaisissable et incontrôlable !
Joaquin Phoenix donne ainsi au personnage mythique et légendaire que représente le « Joker », toute sa dimension psychologique et sa raison d’être, d’exister et maintenant, chaque apparition de ce dernier renverra à coup sûr à cette histoire, ce destin terrible et inimaginable !
Et que dire de cette mise en scène incroyable et théâtrale qui sied à l’acteur, tel un écrin qui le magnifie encore plus dans l’horreur !
On est époustouflé de la montée en puissance qui s’opère à nos yeux, de la transformation de cet être replié, maigre et noueux,en un clown carnassier et démoniaque, devenu un véritable psychopathe dans l’âme !
Chaque plan, chaque image crée la surprise, la peur et même l’angoisse et un simple escalier pénible à monter dans les premières images, va devenir soudain une véritable piste de danse, où on le verrait presque s’envoler...
Joker est né !
Joker a sa propre histoire !
Joker a tout son sens !
Et toute l’intelligence de ce film de DC tient aussi à ce qu’il représente comme antithèse au film lisse et propre de super-héros, tant au niveau de la violence personnelle exprimée que celle qui y est à l’origine, c'est à dire celle véhiculée et synonyme d’un malaise social, véritable message politique d’une société en rébellion telle qu’on la connaît encore actuellement, dont Joker en aura été ici bien malgré lui l’instigateur !
Bravo pour cet incroyable film inspiré et inventif de Todd Phillips, véritable ode à Joachin Phoenix dont le regard sombre n’a pas fini de nous hanter !