Votre avis sur Les heures sombres ?
5,0
Publiée le 6 janvier 2018
Frissons garantis. Mais avant de commencer à rédiger vraiment cet avis, je tiens à dire qu’en lieu et place du biopic, il serait plus opportun de parler de film historique. Pourquoi ? Parce que le scénariste Anthony McCarten et le réalisateur Joe Wright reviennent, non pas sur la vie de Churchill de A à Z, mais uniquement sur les premières semaines de gouvernance de l’homme politique, à l’heure même où le Royaume-Uni (tout comme bon nombre de pays de l’Europe de l’Ouest) vivait des heures bien sombres. Pensez donc : nous sommes le 9 mai 1940, au moment même où la terrible armada allemande terrasse les pays européens les uns après les autres avec une insolente facilité. Le Premier Ministre britannique en place a perdu toute crédibilité et se voit dans l’obligation de démissionner dès le lendemain. En effet, sur le terrain, les choses tournent mal pour les troupes britanniques et leurs alliés qui n’ont de cesse de reculer devant la rapidité et l’implacable organisation des forces ennemies. Le 10 mai 1940, est donc nommé à la hâte Winston Churchill, en qui peu de personnes croyaient (c’est un euphémisme). Nous savons tous aujourd’hui ce que ça a donné. Par "Les heures sombres", nous revenons donc sur les premières semaines de gouvernance de l’homme qui fut le premier artisan du combat héroïque contre la tyrannie épandue sous la croix gammée. Et voyez comment en mobilisant la langue et les mots, il a envoyé au combat une nation comme d’un seul homme, ainsi que les alliés. De cette façon, le spectateur découvrira directement depuis les coulisses les premières décisions très contestées de celui qui deviendra l’instigateur héroïque du combat contre l’invasion nazie. Et c’est toujours intéressant (en tout cas souvent) de découvrir les coulisses d’un tel événement. On l’a vu par exemple avec "Imitation game". "Les heures sombres" peut être vu aussi comme un avant et pendant du film "Dunkerque" de Christopher Nolan. Tout du moins comme un complément, notamment sur la création de l’opération Dynamo. Mais surtout, Gary Oldman n’interprète pas Winston Churchill, il EST Winston Churchill. Et cela sans prendre le moindre kilo. Applaudissements mérités envers l’équipe des maquilleurs qui a permis de rendre l’illusion possible. Mais cela ne fait pas tout ! Il fallait aussi la diction, le timbre de voix, la gestuelle… Et Gary Oldman, après avoir mis du temps à accepter le rôle, a pris la peine de travailler longuement tout cela pour les reproduire à l’identique. C’est grâce à ce travail qu’il a pu retranscrire les postures, et toute la puissance de ses discours (au mot près, dois-je le préciser), des discours encore aujourd’hui véritables modèles de ténacité et de courage. Alors oui, les frissons vous parcourront lors de ces allocutions. Y compris dans la version française ! D’autant plus que la musique discrète et pourtant bien présente de Dario Maranelli parachève le boulot. La caméra de Joe Wright est immersive (jusque dans sa vie privée), et c’est là une manière de ranger le spectateur tout de suite du côté de cet homme à la fois gentil et tyrannique, aussi réfléchi qu’imprévisible. Des traits de caractère qui avaient une fâcheuse tendance à effrayer tout le monde spoiler: , y compris le roi en personne (pour lequel j’aurai plus vu Colin Firth, puisqu’il a tenu avec brio le rôle de George VI)
! Mais par cette technique, Joe Wright cache mal l’admiration qu’il a pour cet homme. Bon, il est vrai que Churchill est resté dans les mémoires de tous (en particulier des britanniques), par son entêtement, par sa main de fer, par ses discours aujourd’hui cultes, par son engagement qui l’a poussé à parcourir plus de 160 000 kms tout au long de la guerre. Certes le film est sombre, ce qui peut en rebuter plus d’un. Mais n’oublions pas que tout se passe (ou presque) dans des bâtiments surprotégés. La reconstitution se fait essentiellement dans des décors intérieurs entièrement reconstitués, à l’exception du Palais de Westminster ainsi que la résidence et le lieu de travail de Winston Churchill. Pour ce qui est des costumes et accessoires de l’homme politique, ils ont tous été rigoureusement reproduits, remontant pour certains d’entre eux aux fournisseurs historiques, en tout cas pour ceux qui existaient encore. Bravo aussi aux costumiers. "Les heures sombres" se distingue par un souci du détail important, grâce à une documentation poussée. Vous pourrez le constater par les cartes d’état-major, et les rares images d’archives présentes. Mais de ce film, on retiendra surtout la prestation époustouflante de Gary Oldman, qui tient là selon moi LE rôle de sa carrière.
4,0
Publiée le 15 février 2018
Magnifiquement porté par Gay Oldman, totalement investi dans le rôle, le spectateur est happé par ce duel au plus haut de l'état entre un Churchill partisan de ne faire aucun compromis avec le dictateur allemand Hitler et le duo Chamberlain/Halifax prêt à négocier avec l'infâme nazi. L'Histoire prouvera que Churchill a fait le bon choix et le film, même s'il cède parfois à quelques élans faciles de patriotisme (scène du métro) arrive malgré tout à passionner en offrant au spectateur la possibilité de voir par le trou de serrure ce que fut l'ambiance en cette période douloureuse. La décision de l'opération dynamo, la rencontre difficile avec le roi... Kristin Scott Thomas, cheveux blancs, est impeccable comme toujours dans le rôle de l'épouse du premier ministre. Un film passionnant.
4,5
Publiée le 19 mars 2018
Cette réalisation sans faille de Joe Wright nous délivre une belle image et des dialogues percutants.
Ce biopic ne retrace pas la vie complète de Winston Churchill ; il dresse un portrait sans filtre du grand homme, relatant ses actions politiques du 10 mai 1940 (date de sa nomination comme Premier Ministre), le 27 Mai (date de l'évacuation de Dunkerque) jusqu'au 4 Juin. Il ne montre pas de scènes de guerre mais l'intimité du travail du premier ministre, ses réflexions et ses prises de décisions.
Ce film nous distille des séquences émouvantes ; des moments forts : spoiler: son discours de nomination le 13 Mai ou il promet "Blood, Sweat & Tears", La visite du roi chez Winston, son discours du 4 juin à Westminster ou il annonce son refus de négociation avec le régime nazi.

Ce film aux multiples qualités nous offre un casting de choix avec une très belle prestation d'actrice de Lily James dans le rôle de la secrétaire de Winston. Gary Oldman est, comme à son habitude, Phé_no_mé_nal ; sa transformation est hallucinante.
3,0
Publiée le 10 janvier 2018
« Les Heures Sombres », nouveau biopic sur Churchill mise comme souvent sur l’image du héros, soit cet homme politique hors norme interprété sans faille par Gary Oldman, qui lui donne ainsi une personnalité haute en couleur, tant par son apparence que par sa prose...
Et l’acteur s’y prête à merveille, avec une efficacité qui fait fureur, autant dans son humour, ses doutes et son humeur !
Sa prise de fonction est décrite ici avec beaucoup de tact, et analysée avec pertinence, aussi bien du point de vue de ses détracteurs que de son entourage.
La politique de l’époque quant au contexte de guerre et de sa problématique, est aussi brillamment illustrée...
Le plus étonnant est que ce pan d’histoire avec cette opération Dynamo, est exactement celui traité dans le très bon « Dunkerque » de Nolan, mais ici sur le plan essentiellement politique et stratégique.
Tout à l’air de baigner parfaitement, mais néanmoins quel besoin de vouloir toujours montrer un personnage illustre, aussi fascinant soit-il jusque dans sa plus grande intimité sans oublier ses petites manies, comme s’il fallait tout connaître de lui !
C’est un phénomène récurrent qui n’a pas l’air de poser problème, et pourtant a-t-on vraiment le droit de tout divulguer d’un individu ?
Est-ce que sa fonction, son métier, et ce pourquoi il ou elle a œuvré ne suffisent-ils pas pour en faire son portrait ?
Une part de voyeurisme au sujet des personnalités reconnues et médiatisées, semble toujours être en arrière plan, de façon nécessaire et indispensable à tout un chacun, comme s’il fallait aussi tout connaître de son proche voisin lambda ou de n’importe quel inconnu !
À méditer mais au-delà de ces considérations personnelles, il n’en reste pas moins que la peinture de cet homme, a de quoi nous titiller tandis que celle faite de son épouse n’apporte pas la même tendresse et la même complicité que dans le précédent biopic nommé simplement « Churchill »...
À ce niveau, Miranda Richardson est plus dans l’image de l’épouse bienveillante et aimante que ne l’est Kristin Scott Thomas, plus maniérée, et donc moins douce et évidemment moins naturelle.
Sans vouloir comparer ces deux films, qui s’attaquent à des sujets et des faits différents avec quatre ans d’écart, celui de Jonathan Teplitzky me semblait à la fois plus puissant, plus fluide et donc plus convaincant.
Ce qui n’empêche pas à cette tranche de vie de Churchill, d’être découverte avec la plus grande curiosité et ce avec assez de plaisir pour un bon moment de cinéma et d’Histoire, même si ici la petite fait partie de la grande !
4,5
Publiée le 14 janvier 2018
Lorsque j'ai vu ce film, les spectateurs ont applaudi dans la salle, ce qui est assez rare: cela en dit long sur l'impact que produit ce film - et cette histoire -sur le spectateur. L'intérêt de ce film est avant tout un intérêt historique, sur la façon dont Churchill a choisi de résister, alors que certains dans son camp étaient en faveur d'une négociation avec les Nazis. C'est ensuite un formidable jeu d'acteurs, notamment de la part de Gary Oldman, remarquable de bout en bout, et auquel nous nous attachons naturellement. C'est, enfin, un scénario qui ne laisse pas de place au hasard et qui est extrêmement efficace (bien qu'assez peu original d'un point de vue cinématographique): il alterne le personnage public et le privé, qui apparaît avec ses doutes et ses faiblesses. C'est donc à une formidable leçon de leadership et même d'humanité que cet épisode du début de la 2e guerre mondiale nous convie. Un film marquant, qui permet de réaliser une nouvelle fois à quel point l'Histoire aurait pu prendre un cours different avec un autre dirigeant à la place de Churchill.
5,0
Publiée le 21 janvier 2018
Ah mais que ça fait du bien de commencer l’année comme cela ! Et dire qu’à cause du « Churchill » mou du genou qui est sorti dans les salles seulement quelques mois auparavant j’ai hésité à aller le voir ce film ! Quelle perte ça aurait été ! Pour le coup c’est presque une leçon de cinéma que de comparer les deux œuvres, tant Joe Wright ne fait ici que des choix gagnants par rapport à Jonathan Teplitsky. Pourtant le sujet à traiter était quand même très complexe et surtout peu aisé à traiter cinématographiquement parlant. Et pour le coup, je trouve que Joe Wright – dont j’ai souvent apprécié les audaces sans forcément apprécier les films – a finalement trouvé en ce vieux lion de Churchill le sujet idéal pour tirer le meilleur de ses partis-pris artistiques. Parce que oui, moi je trouve qu’il y a toujours eu chez Joe Wright une patte très marquée – un artifice assumé – qu’on retrouve à la fois dans une écriture très théâtrale ainsi que dans une mise en scène toujours très riche en symboles et en signifiances. Là, pour ce « Churchill », on est en plein dans ça. La Londres politique de 1940 est clairement un théâtre, avec ses scènes où les acteurs viennent se mettre en représentation, avec ses coulisses aussi, mais surtout avec sa surabondance de symboles historiques et politiques enfin. Ainsi, dès les premières scènes, on rendre dans le royaume du pouvoir de l’image, du mot et de la mise en scène. Ce sont les films de Goebbels qu’on oppose au théâtre de la chambre des communes. Ce sont des rituels, des symboles et des ficelles qu’on agite. Dans cette représentation, Churchill nous est amené comme un monstre sacré mais qu’on se plait à moquer sitôt on nous le présente. Et quand il s’agit de mettre en mouvement le monstre, on n’a pas peur de recourir aux bonnes vieilles ficelles d’une tragédie. Ainsi, la première intelligence a été de faire de Churchill un personnage en construction et non une icône figée comme ce fut le cas dans le film éponyme de Jonathan Teplitzky. Bien évidemment quelques mots s’imposent au sujet de Gary Oldman qui incarne parfaitement le personnage. Mais s’il faut récompenser le talent de l’acteur, il ne faut pas oublier non plus la grande intelligence que j’ai trouvé dans l’écriture. Le personnage se construit sous nos yeux. On peine à voir l’icône tant vendue au début du film. On doute. Le personnage semble douter lui aussi. Mais il est bien Churchill. Il a bien ce verbe ; cette capacité à traduire en permanence cet esprit tantôt débonnaire, tantôt déchiré. Le mot est saillant. Le trait d’esprit souvent drôle. Et quand le moment s’impose de poser du background, on le glisse au détour d’une phrase et jamais au dépend de l’élan général. Churchill est un personnage académique mais dynamique, et d’ailleurs toute la forme le dit. Ce gros théâtre de pierres bien lourdes qu’est la scène politique britannique est sans cesse mis en tourbillon ou cuté sèchement par les déboulés tonitruants de ce personnage atypique. Mais le film n’oublie pas de nous montrer que le personnage est seul. Souvent il se retrouve cloisonné dans une cabine ou dernière une fenêtre. Il est un tourbillon isolé qu’on s’efforce d’enfermer et de contenir en permanence. Il est aussi le seul qui prend la peine de claquer les portes aux discours d’Hitler quand certains ont oublié de les fermer. Il est enfin celui qu’on abandonne soudainement derrière un micro quand les ténèbres s’abattent et que la lumière rouge-sang de la guerre s’allume. Churchill est sans cesse présenté comme une symbiose improbable entre ancien et nouveau, entre fougue et usure, entre lucidité et folie… Comme un symbole, la mise en scène générale est elle-même très agressive et enlevée, sachant tantôt user de la musique, tantôt user de dialogues au cordeau pour sans cesse transgresser avec des cadres et une photographie qui traduisent quant à eux le souci de davantage s’appuyer sur le charme et l’efficacité de l’académisme cinématographique. Ainsi n’est-il pas non plus rare de voir des titres ou des dates venir déchirer violemment des compositions très douces ; une typo très moderne et très agressive comme autant de coups de griffes portés par ce lion au beau milieu de ce cadre bien sage. Au final, le parcours et l’élan du film se révèlent brillants. Non seulement ils apportent une vision très dynamique et évolutive de ce qui faisait vraiment la singularité de ce personnage ; mais en plus ils apportent un sens très pertinent à la place du mot dans la politique, et de comment ceux qui les maitrisent avec audace sont ceux qui au fond deviennent les vrais monstres sacrés de ce domaine. C’est efficace de bout en bout. C’est enlevé. S’en est même émouvant, au sens littéral du terme. Plus d’une fois je me suis trémoussé sur mon siège, emporté par l’élan lyrique que Joe Wright a su insuffler jusqu’au final magistral de son film. Franchement, je n’ai rien à redire. Je suis conquis de bout en bout. La démarche est d’une remarquable cohérence et surtout d’une implacable efficacité. En somme, chapeau bas monsieur Wright. Je crois que vous venez de signer votre chef d’œuvre, et au passage le chef d’œuvre de tout ce mois de janvier… Alors après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
3,5
Publiée le 1 janvier 2018
Vu en avant première. Très caricatural, Churchill présenté comme un ivrogne et prenant des décisions imbibé d’alcool et sur des coups de dés... Malgré d’autres grosses imperfections (scène du métro interminable pour une station), ce film est cinématographiquement réussi. On ne voit pas les 2 heures passées. Acteurs au top.
Churchill le stratège méritait qu’on le traite avec un peu plus de respect, à voir tout de même.
Une moitié de la salle a applaudi, suffisamment rare pour être souligné.
anonyme
Un visiteur
4,5
Publiée le 30 janvier 2018
Je ne m'attendais pas à grand-chose en allant voir ce film est finalement l'acteur principal est vraiment exceptionnel et porte le film tout du long pour mieux comprendre ce qui était Winston Churchill.... Et le choix de l'Angleterre de rentrer en résistance pour la deuxième guerre mondiale. L'émotion est omniprésente pendant le film notamment quand tu as il doit prendre des décisions grave pour sacrifier certains bataillons, c'est un effet très poignant. Finalement en bon français je ne connaissais quasiment rien de Churchill je suis très heureux de maître déplacer ce jour-là au cinéma... Comme quoi les goûts et les couleurs...
4,5
Publiée le 4 janvier 2018
Le synopsis fait par Allociné résume parfaitement ce film.
C'est vraiment un film remarquable et passionnant.
L'acteur principal est magistral dans ce rôle là.
A noter la scène dans le métro qui est extra.
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 5 janvier 2018
Ce film pourrait être projeté dans les écoles en associant les profs de français, philosophie, histoire et plus...

Dans une époque tragique, un homme s'est levé...

Bel exercice pour prendre une sage décision, après avoir surmonté le doute👍
3,0
Publiée le 11 janvier 2018
Il observe la foule à travers la vitre de l’automobile qui le conduit jusqu’au Parlement anglais, là où, durant toute la durée du film, les ordres pour attaquer sont envoyés aux troupes alliées. De ces décisions, Anthony McCarten, le scénariste, sait donner de l’ampleur à chacune des paroles dites par un Gary Oldman saisissant, triomphant dans un rôle fait pour les prix, et en même temps pour la critique facile. Car reprendre un rôle historique, maintes fois déjà interprété, peut s’avérer être soit une chute, soit un succès, sans réel juste milieu. Mais sous cette carapace d’homme à la langue bien pendue et au caractère fort, Oldman excelle, imitant au mieux les mimiques et la façon d’être de Churchill, s’imposant parfaitement lors de discours ou de plaidoyers rugueux (le film en est rempli, armé de la voix qu’Oldman a tenu de rendre si proche de l’homme qu’il interprète) et presque enragés. Cette rage est aussi présente dans le souci de bien faire des équipes techniques, qui ont réussi un travail scénique réellement exemplaire, et ce des décors (répétés, mais jamais lassants pour autant, tellement qu’ils regorgent d’artefacts qui semblent posséder une vie propre, chose plutôt rare dans les films historiques) jusqu’aux lumières (la première confrontation face au Roi), en passant par tout le travail de documentation qui a permis à ces mêmes-équipes de compléter avec soin les maquillages et costumes des personnages (bien-sûr, pour cela, le personnage de Churchill passe avant tout le reste). Il y’a certes des faiblesses scénaristiques qui mettent en difficulté quelques fois le long-métrage : des personnages pas assez usités (Kristin Scott Thomas, dont le rôle, dans la précipitation finale et l’imbroglio des sentiments, passe à la trappe), une sur-exposition à l’émotion dans certaines scènes (celle du métro, qui semble forcée, ou celle de la révélation liée au frère de la secrétaire, prévisible) mais ces défauts, qui empiètent sur un long-métrage inégal de par son rythme et sa durée, se font oubliés le temps que la mise en scène parvienne à nous faire adhérer à son fonctionnement, toute en ordre des plans (travellings serrés, caméra fixe pour marquer la dramaturgie d’une séquence) et en symbolique brillante (le personnage de Churchill se retrouvant ici et parfois dans des lieux clos, seul et cerné par toute l’obscurité du hasard, au fur-et-à-mesure que les corps tombent). « The Darkest Hours » est un long-métrage à voir pour son sens du détail et du travail bien fait. Mais non pas seulement, aussi pour ses acteurs et ses situations poignants. On sort de la salle essoufflé, ébouriffé, transcendé par la force du film. Redonner ses lettres de noblesse cinématographiques au vieux lion et à l’opération Dynamo ? Chose faite.
5,0
Publiée le 3 janvier 2018
Simplement mon film préféré depuis 3 ans.
Quand l’histoire relatent des moments plus sombres mais aussi plus épiques que des fictions d’aujourd’hui, le résultat est une œuvre magistrale, haletante et inspirante. Gary Oldman y est électrisant dans cette œuvre bien plus captivante à mon sens que Dunkerque. Mémorable et puissant.
5,0
Publiée le 7 janvier 2018
Joe Wright raconte quelques jours de la vie de Winston Churchill, en mai 1940, à partir de sa nomination au 10 Downing street, jusqu’à l’évacuation des troupes anglaises de Dunkerque par des bateaux privés et son discours de résistance et de non soumission devant le parlement. Je conseille de voir le film en VOST, tant le phrasé de Gary Oldman, sa voix et les émotions qui s’en dégagent sont importants.

Le film est en effet essentiellement discursif, alternant répliques lapidaires teintées d’humour et discours enflammés. Des discours qui sont tout sauf de la communication ! D’authentiques discours politiques et guerriers, capables de porter la ferveur du peuple.

C’est le premier grand film de l’année (qui commence brillamment, déjà avec le cycle Clouzot). Le scénario et la mise en scène d’un film ne peuvent certainement pas être à la hauteur d’un tel personnage et des enjeux historiques de cette sombre époque, mais ici peu s’en faut.

Dans un clair obscur qui crée des jeux d’ombre et de lumière, se détache la ronde silhouette de Winston Churchill, avec son chapeau, son cigare, son verre à la main, écrasé par des responsabilités impensables pour un seul homme.

Des reconstitutions de Londres, d’un état major souterrain, de palais et demeures, des prises de vue créatives, parfois aériennes font de ce film une épopée flamboyante, avec une dimension intime -Churchill chez lui avec sa femme près de son chat- rythmée par du suspense et de l’émotion.

Il m’est impossible d’être exhaustive dans mes des.c.r.i.p.tions. Ce que je retiens essentiellement, c’est la dimension extrêmement humaine donnée par Joe Wright à son personnage, acculé, ne trouvant plus ses mots, pris dans ses humeurs, ses doutes, ses failles, qui ploie, mais finalement ne rompt pas.

Un des plus extraordinaires exemples historiques de résistance à la tyrannie.

Mon blog : larroseurarrose.com
4,0
Publiée le 13 janvier 2018
Winston Churchill est vénéré dans son pays, considéré comme le plus illustre anglais dans toute l’histoire de l’Angleterre. Un homme politique sans équivalent qui a marqué le siècle de son génie, de son sens politique et de sa capacité à anticiper les événements. Surtout de sa formidable capacité à rester fidèle lui-même, fut-ce au prix d’un isolement prolongé. On rit encore de ses citations savoureuses, tant il avait le sens de la répartie et de la formule à l’emporte-pièce. Une personnalité dont on rêverait pour gouverner nos pays aujourd’hui encore.
Oui, mais un tel destin est fragile. Il se construit sur quelques heures. Des heures tragiques où celui qui préside à l’avenir d’un pays se trouve confronté à une pression maximale. Des heures atroces qui révèlent la vraie personnalité d’un dirigeant. Des heures où se forgent un destin. Ce sont ces quelques heures dont parle le film « Les Heures sombres ». Les heures qui auront propulsé Churchill au firmament de la gouvernance politique.
C’est assurément le film à ne pas louper pour tous les amateurs d’histoire. La reconstitution des années 40 est sympa, mais juste esquissée. Economies de moyens ou plutôt concentration sur l’essentiel : les formidables jeux de pouvoir au sein de l’Etat britannique au début de la guerre. Gary Oldman fait une prestation incroyable en Sir Winston. Mais, reconnaissons-le, le début du film laisse un peu indifférent, comme un jeu de marionnettes sans âme. La béchamel ne prend pas, sans qu’on puisse juger pourquoi, car tous les bons ingrédients sont bien là. Mais heureusement la pression monte avec un début de guerre catastrophique de l’Angleterre. Les ennuis tombent sur le Premier Ministre comme à Gravelotte. Et tout d’un coup, l’étincelle s’allume. La magie du cinéma opère. On est enfin au coeur de l’action… « Les Heures sombres » est un film sur la solitude du dirigeant politique. La plus forte pression sans doute qui se soit exercée sur un homme dans l’histoire de l’humanité. La caméra réussit à capter le stress avec les lieux confinés de la war room en sous-sol. Mais aussi avec un champ visuel réduit comme dans ce formidable coup de fil à Roosevelt où l’on sent couler la peur dans les veines du dirigeant aux abois... Le film retranscrit bien le supplice de la décision et la tentation de céder à la facilité, facilité portée par les acteurs jouant le rôle de Lord Halifax et de Neville Chamberlain, presque aussi vrais que les vrais. Et puis, tout d’un coup, Churchill retrouve la magie du verve et « Malgrouh s’en va t’en guerre » comme son ancêtre le duc de Marlborough… Comme dit Halifax dépité, le vieux a mobilisé tous les mots de la langue anglaise au service de son combat. « Les Heures sombres » sont à voir pour comprendre notre histoire. Mais aussi pour réaliser que la facilité n’est jamais bonne conseillère en politique. Une leçon à méditer qui est toujours valable aujourd’hui. Mais nos dirigeants ont-ils l’étoffe d’un Churchill qui a accepté, par deux fois, dans sa carrière politique de connaître une longue traversée du désert pour ne pas avoir à déroger à ses convictions ?
3,5
Publiée le 11 janvier 2018
"Les Heures Sombres" est un film qui a tout pour que je le déteste : c'est un biopic, célébrant sans vergogne les vertus exceptionnelles du peuple anglais, interprété par un (grand) acteur grimé pour ressembler le plus possible à son personnage, qui en fait des tonnes dans un rôle forcément oscarisable. Pire, le tâcheron Joe Wright se surpasse avec une mise en scène enflée et gonflante, sensée rajouter un maximum de lyrisme et de spectaculaire dans ce qui n'est a priori qu'une histoire de mots et de capacité à convaincre les autres. Bref, un bon concurrent en ce début d'année au titre de film le plus détestable du premier trimestre. Et puis, non, en fait : "les Heures Sombres" fonctionne parfaitement, traite même bien son sujet, avec un vrai respect du travail sur le langage, qu'il soit écrit (ces télégrammes, ces préparations de discours) ou parlé (les fameux discours, donc) : Gary Oldman est évidemment excellent, mais pas plus que l'ensemble du casting, impeccable, qui fait finalement honneur à la direction d'acteur de Wright (qui marque des points dans ce domaine...), et soulève l'enthousiasme du spectateur comme on imagine que Churchill enflamma la ferveur des députés et du peuple anglais en cette année 40, année de désespoir absolu où il fallu bien se résoudre à faire la guerre à l'horreur nazie. Il est finalement plus facile que je le pensais d'ignorer la laideur de la mise en scène qui ne recule devant aucune stupidité pour attirer le chaland (ah, ces plans absurdes de plongée sur les théâtres politiques ou guerriers !), ainsi que l'utilisation généralement pavlovienne de la musique (à une ou deux exceptions près où le silence béni se fait pour honorer la pensée et les mots), pour se passionner devant cette jolie leçon d'histoire et d'intelligence (politique et autre). Recommandé, donc, malgré tout !
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