Lorsque l'on regarde un film des frères Dardenne, l'une des rares choses dont on est sûr, c'est que l'on ne va pas se fendre la gueule pendant 90 minutes. « La Fille inconnue » ne fait pas exception, se montrant fidèle à la « Dardenne's touch » : aucune musique, un cadre social défavorisé, des gens pauvres (cela marche souvent ensemble), des personnages ne respirant pas la joie de vivre... Ça passe ou ça casse : ici, je trouve que ça passe. Bien qu'un peu répétitive et pas toujours très excitante à suivre, l'intrigue policière se révèle solide et se suit avec un certain intérêt, ayant la particularité d'être menée par une personne totalement indépendante des forces de l'ordre. Ce « suspense moral » a ainsi sa cohérence, aussi bien dans sa logique de pardon que de quête de la vérité, bien que le « coupable » ne soit pas très compliqué à identifier. Les réalisateurs savent imaginer des personnages secondaires, parfois présents juste pour une poignée de minutes, mais s'intégrant à cet univers légèrement dépressif, ni bons ni mauvais, juste dans une situation personnelle difficile pour diverses raisons. Dommage qu'Adèle Haenel, qu'on a pourtant connu excellente, offre une interprétation aussi désincarnée de Jenny, lui enlevant presque tout son potentiel émotionnel de ce qui aurait pu, dû être une des héroïnes marquantes des deux frangins. Un cru plutôt convenable, donc, n'atteignant toutefois par la réussite de « Deux jours, une nuit » ou « L'Enfant ».