Le film des frères Dardenne avait reçu un accueil plutôt tiède au dernier festival de Cannes…bien qu’ils aient choisi de remonter leur film, certains critiques lui reprochent encore un film froid et rhétorique, sans la tension dramatique, l’épaisseur humaine ou l’enjeu social des précédents films…pour ma part c’est le jeu sobre, que certains trouveront détaché, d’Adèle Haenel qui m’a plu. Jeune médecin remplaçante dans un quartier populaire de la banlieue de Liège, elle termine une longue journée avec un jeune interne en stage auprès d’elle…Fatiguée, elle refuse d’ouvrir la porte à une patiente qui sonne une heure après la fermeture, considérant qu’elle n’est plus en état de bien poser un nouveau diagnostic. On retrouvera, au bord du fleuve ou du canal, une jeune inconnue, d’origine africaine, assassinée et qui s’avère à l’examen de la vidéo placée à la porte du cabinet, la patiente à qui elle n’a pas ouvert la veille…Bourrelée de remords, la jeune médecin se transforme en enquêteuse, au risque de marcher sur les plates bandes de la police ou de déranger certains trafics…Adèle Haenel , Jenny Davin, est de tous les plans…on ne sait rien de sa vie « hors champ », on ne la voit pas rire, ni même sourire, enfermée dans une quête qui devient une obsession…appliquant dans sa recherche de l’identité de la disparue, une ténacité aussi forte que son dévouement pour ses patients…la mise en scène marque la même sobriété que le jeu de Adèle Haenel, l’accompagnant dans le quotidien d’un médecin de quartier aux gestes banaux et répétitifs et à l’écoute sincère des patients…Personnellement j’ai trouvé Adèle Haenel géniale, émouvante dans son éternel trois-quarts à carreaux, alliant énergie débordante et passages à vide, jusqu’à la scène finale, où le coupable fuit le regard de Jenny pour mieux libérer sa parole…