La chronique qui monte sur le ring !
Un film français d'anticipation et de science-fiction ? Et ce n'est pas du Besson ? Non mais vous voulez rire ?!! Eh bien on ne rit pas, au contraire on applaudit des deux mains tant la réalisation de Jean-Patrick Benes fait mouche !
"Arès", c'est tout d'abord un scénario qui tient la route, et c'est si rare dans le cinéma de genre en France. Fluide, simple mais pas simpliste. Crédible et cohérent.
En gros en 2035, les multinationales ont pris le pouvoir sur les politiques et dirigent le pays à leur place, ne laissant qu'une seule liberté à ses habitants : celle de consommer des produits et des anabolisants qu'ils produisent à la chaîne et de se perdre pour oublier leur quotidien en se vautrant devant leur téléviseur.
Il y a du John Carpenter dans "Arès", un mélange de "New-York 1997" et surtout de "Invasion Los Angeles" (deux films cultes que je vous conseille très fortement si d'aventures, vous ne les aviez pas vu). On y retrouvera un petit air de famille car ce sont tous des films au petit budget mais à l'ambition démesurée. Au message social et politique fort. Car la France de 2035 de Benes pourrait bien être celle qu'on nous proposera au vu des défaillances du système politico-économico-social en 2016.
Puisqu'on est dans les références, on pourra aussi citer "Blade Runner" pour l'univers futuriste en perdition et totale déliquescence, sachant que le réalisateur avoue s'être aussi fortement inspiré des "Fils de l'homme" pour ancrer du réalisme dans sa dystopie. Voilà pour situer le ton.
Ce qui ne veut pas dire que "Arès" ne serait qu'un film sous influence, je vous rassure, il a une identité visuelle et un ton qui lui sont propres tant Benes a digéré et régurgité ces influences pour créer une œuvre qui lui est personnelle.
La patte Benes, c'est un mélange de violence extrême, de tendresse, d'amour et d'humour. Un cocktail prodigieusement détonnant dans une ambiance nihiliste et crépusculaire.
De plus, Benes est un virtuose, sa caméra nous ancre dans un univers futuriste et crédible. Il y a une recherche et un travail de l'image incroyable, une minutie dans les détails et un tout conséquent.
"Arès", ce sont surtout, chose très rare dans le cinéma français, des personnages réussis et des acteurs de talent. Avec quelques mentions spéciales pour Ola Rapace qui joue ARÈS dont le physique est un atout majeur pour la fameuse crédibilité du film. Ce garçon dans son rôle de héros taiseux bouffe l'écran.
L'autre rôle marquant du film est celui de Micha Lescot dans le rôle de Myosotis, travelo touchant, prostituée au grand coeur, qui est la touche d'émotions et d'humanité du film.
Certes, tout n'y est pas parfait. On sent les moyens limités de l'entreprise mais quand on sait que le budget est riquiqui, seulement 4M€, soit deux à trois fois moins que n'importe quelle comédie française sans effets spéciaux, on saluera le résultat final.
"Arès" est donc un film ambitieux, solide, qui délivre la dose d'adrénaline que ton cerveau réclame. Et quand c'est fait avec autant de passion et d'amour du genre, je me demande encore ce que tu fais à lire cette chronique au lieu de te précipiter de suite dans ta salle de cinéma la plus proche !