Avec Le Dernier Duel, Ridley Scott dresse son portrait du Moyen Âge, où l’ampleur du spectaculaire se mêle à l’intimité de l’humain. Ce récit du dernier duel judiciaire en France est bien plus qu’un simple conflit entre deux hommes : c’est une réflexion sur une société patriarcale implacable, explorée au prisme d’une narration inspirée du procédé de Rashomon. Scott, en maître de l’ambiguïté, juxtapose les subjectivités des protagonistes, deux anciens amis, devenus ennemis, et une femme déterminée, et invite le spectateur à démêler le vrai du faux, comme dans un tribunal où chacun plaide sa vérité.
L’œuvre n’est pas une enquête criminelle. Elle parle de pouvoir, de foi, de mariage, de conventions sociales, et de cette violence sourde imposée aux femmes, omniprésente et souvent invisible. Scott magnifie son histoire en imposant sa figure féminine, Marguerite, comme un pivot central, défiant ainsi les codes de son époque et exposant la brutalité d’un univers médiéval inhospitalier, où le poids des structures religieuses et familiales enferme chaque personnage dans un cadre oppressant.
La réalisation de Scott, en costumes somptueux, musique immersive et effets magistraux, renforce cette sensation d’un Moyen Âge glacial et austère, élevant l’œuvre en une exploration visuelle du passé. Et si la troisième partie semble abandonner une part de son ambiguïté, elle offre un dénouement puissant, révélant un monde qui condamne, juge, et, en fin de compte, emprisonne les femmes.