Un ultime duel selon Ridley Scot, après "Duel", film culte qui inaugura sa prestigieuse carrière, et "Duellistes", film d'une grande élégance, également dans la France du passé. "Blade Runner", autre chef-d'œuvre du Maître, lui aussi était une sorte de duel...
Cette fois-ci, ce "dernier duel" nous entraîne dans la France de Charles VI vers 1350.
Comme un halo d'élégance dans un monde de brutes, entre grandes compagnies et soudards anglais, la cour de Pierre d'Alençon, duc d'Anjou, étonne par son raffinement et sa dépravation. Non moins étonnant y est Ben Affleck dans le rôle, tout de duplicité et d'élégant dédain.
L'étonnement encore, avec Matt Damon en Jean de Carrouge, borné, fruste et solide à souhait. Tout comme Adam Driver, en Jacques Legris - calculateur et rusé - et Jodie Comer en Dame de Carrouge. Cette distribution américaine sur des rôles de nobles médiévaux français aurait pu être un désastre. Elle fonctionne magnifiquement, grâce à un scénario qui répète par trois fois les mêmes situations, selon les perceptions différentes des trois protagonistes. Les nuances du jeu des acteurs n'en sont que plus savoureuses.
C'est Dame Carrouge le personnage principal de cette intrigue tirée d'un fait réel, qui se solda par le dernier duel judiciaire de l'histoire de France, en présence du Roi. Sa révolte contre l'outrage subi en fait une Antigone médiévale et son courage sans équivalent à l'époque scelle le destin de deux hommes confits de machisme et de misogynie.
Au-delà des performances d'acteurs, réelles, y compris l'hallucinante scène du duel final, le grand art de Ridley Scott se déploie dans toute sa splendeur. Lumières, décor, costumes, lieux choisis, dramaturgie, dialogues, reconstitutions du Paris du XIVème siècle... tout est parfait ou presque.
Un film inattendu, étonnant, captivant.