Pas très original ce « Jane Doe Identity », mais franchement, est-ce vraiment un problème ? En tout cas, pour moi, pendant toute la première moitié, ça n’en a pas vraiment été un. C’est vrai qu’on voit très rapidement où il veut en venir ce film, si bien que le mystère qu’il entretient longuement semble une démarche bien illusoire. Idem pour le décor et les petits éléments glissés ça et là dont on sait pertinemment comment ils vont être réutilisés par la suite (
les cadavres qu’on expose un à un, la petite clochette dont on explique l’utilité, le chat qui se balade dans les aérations, etc…
). Malgré tout, j’avoue que je n’arrive pas à en vouloir à ce film sur ce point-là tant il s’affiche très rapidement comme un bon vieux film de genre qui entend juste jouer un peu avec les codes, sans forcément les réinventer. Et donc voilà, comme dit un peu plus haut, je trouve que globalement ça fait le boulot sur l’ensemble de la première moitié. Sans être ultra-inventive la mise en scène ne sombre pas non plus dans l’excès. L’huis-clos est plutôt bien exploité. Le duo Cox-Hirsch fait le nécessaire en termes d’affect… Et puis il y a ensuite la deuxième moitié où là le film commence à patiner... Clairement, on sent que les deux scénaristes n’ont plus d’idées et qu’ils s’efforcent de claquer différentes péripéties pour rallonger la sauce…
Alors on va dans le bureau, on est enfermé, attaqué, puis on ressort du bureau pour aller au bloc, où on s’enferme à nouveau, etc…
Enfin bon… Et puis finalement, après pas mal d’errances et de scènes attendues alignées, sur le dernier tiers, le film craque totalement et sombre carrément dans le « je-t’explique-pas-parce-que-c’est-comme-ça. »
D’un seul coup, alors qu’Emile Hirsch vient quand même de voir mourir sa girlfriend, voilà qu’il a soudainement une révélation. « Elle ne nous tue pas alors qu’elle pourrait. Il y a forcément un truc à faire ! » Ce truc à faire, c’est… lui ouvrir le crâne. Et là je me suis dit « OK… Pourquoi maintenant ? Pourquoi que maintenant ? » En ouvrant le crâne, on se rend compte que le cerveau est en parfait état… Du coup, au lieu de la fracasser, on en prend qu’un petit échantillon et on referme délicatement le crâne afin de faciliter l’avènement des péripéties suivantes… Là, Brian Cox a soudainement l’illumination et comprend en seulement cinq minutes ce qui est arrivé à la fameuse Jane Doe… Et alors qu’une heure plus tôt il voulait encore se rattacher à tout ce qu’il y avait de rationnel, voilà que le gars, après avoir lu un passage de la Bible, arrive à dérouler tout le processus d’une procès en sorcellerie qui aurait mal tourné. Franchement, chapeau, parce que c’était quand même vachement précis !
Bref, j’avoue que le déroulement final m’a quand même pas mal laissé sur la touche. Moins soucieux de sa logique, moins soigné dans ses effets, plus archétypal. Le film va même jusqu’à se conclure sur un dernier plan un peu ridicule, comme s’il voulait nous prendre par surprise alors que – bon – on l’avait un peu vu venir à des milliers de kilomètres ce coup-là… En somme, voilà un film qui n’a pas su fournir un travail suffisamment riche pour qu’au moins, il puisse intégrer les rangs de ces petits films de genre pas originaux mais au moins bien foutus et sympas. Autant dire donc que cette « Jane Doe » risque vite de sombrer dans l’anonymat…