(...) Avec "The autopsy of Jane Doe" (qui bénéficie forcément d'une traduction débile que vous pouvez admirer en titre plus haut), on est vraiment dans un pur film fantastique et d'horreur qui propose une belle mise en scène, des jump scares un peu faciles aussi mais qui s'appuie sur un duo d'acteurs impressionnant, arrivant à faire vivre des personnages pourtant perclus de clichés. Car oui, "... Jane Doe" s'appuie sur des personnages vraiment incarnés. Ils sont donc clichés, avec le veuf un poil bougon et le fils qui désire rompre avec la tradition familiale, mais putain, au moins, ils vivent, interagissent et captivent bien plus que n'importe ado attardé fumeur de joint ou n'importe quelle bimbo mâcheuse de chewing gum qui pullulent dans les autres productions du genre. Il faut dire qu'en confiant les rôles principaux à Brian Cox et Emile Hirsch, on s'enlève une épine du pied (bon, encore faut-il les diriger et c'est très bien fait par Ovredal). Brian Cox, c'est une brutasse de l'acting, un type qui récite du Shakespeare comme d'autres du Nabilla, une carrière remplie de bousasses de série B mais aussi de rôles marquants, c'est le 1er Hannibal Lecter de cinéma (dans le fabuleux "Le Sixième sens" de Mann, sous le nom de Lektor certes mais ça compte), il meurt souvent dans ses films mais bon sang, chacune de ses intonations est juste, son jeu est vibrant et il peut provoquer n'importe quelle émotion en faisant vibrer un sourcil. En face, Emile Hirsch est un des acteurs les plus doués des années 2000 mais il n'a pas eu de chance. Si on l'a remarqué dans "Girl next door", "Alpha dog" ou encore "Into the wild", la plupart de ses films ont été des échecs tandis que son incursion dans le blockbuster a été marquée par le "Speed racer" des Wachowski. Un bide colossal et un retour au cinéma indé ou bien à des 2nds rôles dans des productions mainstream ("Savages" ou "Du sang et des larmes"). Bref, il y a du niveau et leurs personnages bénéficient grandement de leurs talents, parvenant à captiver le spectateur ou bien à vivre dans les silences.Niveau mise en scène, c'est du très bon niveau avec des plans significatifs, une atmosphère bien posée, des acteurs bien dirigés, des décors bien pensés (ah, ce miroir du coin du couloir !!) et une bonne gestion de la tension. Le personnage de Jane Doe, ce corps nu allongé sur cette table de dissection, deviendra ainsi une menace constante et changera de caractère grâce à la force des cadrages. Les mouvements de caméra sont rares, le montage fait la part belle à la montée en tension, avec une attente angoissante, des effets certes vieux comme le monde mais utilisés de manière efficace. On ne pisse pas dans son froc certes mais le film exploite avec malice un bruit aussi insignifiant qu'une clochette pour faire monter la pression ! Diablement efficace. Assez court, le film se veut comme un huis-clos angoissant, qui nous permet aussi de plonger au coeur de la relation qui unie ce père et ce fils, le tout sans sentimentalisme outrancier mais avec une vraie envie de nous les rendre attachants. La dernière partie, qui lorgne carrément vers le fantastique, pourra en laisser certains sur le carreau, d'autres pourront facilement se moquer de certains petits détails mais ça serait passer à côté d'un film intègre, bien foutu et surtout hyper cinématographique qui respecte le genre, ne s'enfonce pas dans une quête de twists abrutissante et futile. C'est du bon cinoche de genre, captivant et assez malin. Bref, c'est un truc intéressant qui mérite qu'on se penche dessus ainsi qu'un peu plus de soutien de la part des amateurs du genre. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com