Quelle relation plus extraordinaire que celle d'une mère et d'un fils? on le sait depuis Freud et même depuis les tragédiens de l'Antiquité, cette relation est à haut risque; cet "amour-là" se teinte parfois d'un érotisme malsain. Heureusement pour la plupart d'entre nous, tout se passe bien et le cordon finit par se rompre, ou au moins se déliter suffisamment pour rendre aux deux partenaires une saine liberté. Mais voilà pour la Mommy du film et son enfant, tout est différent: le fils est gravement caractériel, capable de changements d'humeur terrifiants, allant d'une grande douceur à une folle violence; cet état semble de naissance, mais aussi il a été probablement aggravé par le caractère de la mère, sorte de hippie assez dérangée elle aussi, bien incapable d'assumer la charge d'un enfant en général et d'un enfant comme celui- là en particulier; femme démunie sur tous les plans sauf sur le plan de sa beauté, mais dont elle se sert de manière agressive et putassière, elle est pourtant une mère désireuse de sauver son enfant, mère courage, si on veu,t mais dont on sait dès le début qu'elle ne peut pas être à la hauteur de la charge qui lui échoit. Pour comble de malchance, le père est mort, cette figure vénérée par l'enfant, et qui seul aurait pu rétablir l'équilibre. Alors ces deux naufragés de la vie s'accrochent l'un à l'autre désespérément, frôlant la relation incestueuse, la violence mortelle, en rébellion contre la société, le monde entier où ils ne trouvent pas leur place. Un temps, la présence presque angélique d'une voisine, en détresse elle aussi, laissera entrevoir une aide extérieure et transparaître un faible espoir de salut, mais en vain. L'amour ne peut pas venir à bout de tout, même celui que l'on croit être le plus grand (Cette voisine providentielle semble avoir perdu un fils et en être restée quasi muette). Certains êtres semblent nés maudits et leur destin tracé. Le cinéaste ne semble pas avoir voulu chercher de coupable ou de responsable en dehors de cette ontologie du désastre humain. Son cadrage se fait souvent au plus près des personnages qui portent en eux leur absurde et douloureuse tragédie.Acteurs grandioses.