Mommy est le genre de films qui offre plusieurs lectures possibles et c'est ce qui m'a plu. Le réalisateur joue avec les émotions jaillissant du non-dit, avec les éclats de vie qui se fracassent contre la fatalité de l'existence.
Le format 1:1
m'a beaucoup dérangé au début du film, je me suis senti comme compressé avec des personnages très énergiques qui semblaient vouloir déborder dans ces cadres noirs. Mais j'ai vite compris que Dolan avait atteint son objectif avec cette mise en scène car quoi de mieux que l'enfermement 1:1 pour nous prouver que des gens comme "Die"(mère excessive, immature, névrotique) sont convaincus de bien faire pour leurs enfants alors qu'ils les envoient dans le mur. A ce propos, j'ai été touché par la solitude de cette mère que personne n'aide au final : c'est une critique de cette société où les familles sont bien seules lorsque les difficultés surviennent
(la scène de la tentative de suicide au supermarché en est l'emblème).
. L'ambiguïté sexuelle est omniprésente, notamment entre le fils et sa mère, entre la mère et Kyla, entre Kyla et le fils. Ce trio reflète parfaitement l'attitude névrotique chez beaucoup de personnes qui consiste à se retrouver mêlé à des situations bancales voire dangereuses lorsqu'on ne va pas bien. Ce film me fait penser à un feu d'artifice : les personnages explosent dans tous les sens, la vie jaillit des ténèbres comme le 1:1 s'élargit lorsque Steve rayonne de bonheur. Toute cette lumière pour se retrouver soudain dans l'obscurité la plus totale une fois le feu d'artifice terminé. Pour finir, j'ai beaucoup aimé le Québec des années 2015 qui est en réalité un flash back dans les années 90 (cf. la bande son qui nous replonge régulièrement dans ces années-là). Et je pense à toutes ces "mummy" qui sont en réalité "mommy" et ça me bouleverse...