19 août 2012 : le monde du cinéma pleure Tony Scott, le célèbre réalisateur de "Top Gun". A l’âge de 68 ans, force est de constater que sa filmographie n’est pas au niveau de son frère Ridley, mais il nous a laissé quand même en héritage quelques petites pépites, dont ce "Top Gun" qui, sans être un chef d’œuvre, deviendra rapidement culte. Alors que c’est seulement son deuxième long métrage, il faut tout de même reconnaître qu’il avait du talent. Il a le sens de l’esthétique, et cela se voit à l’image en tirant tous les avantages de la lumière naturelle et en faisant joujou avec le soleil, notamment sur les scènes de plein air, et plus en particulier sur les plans aériens, tous plus beaux les uns que les autres.
D’ailleurs il n’y a pas que le spectateur qui en a le souffle coupé, les avions ne savent parfois plus où donner de la tête eux non plus.
Mais le talent du réalisateur ne se limite pas qu’à cela : ses plans sont également intéressants sur les personnages, que ce soit en gros plans, ou sur des vues plus générales, ou encore en arrière-plan dans lequel il se passe presque toujours quelque chose. Et que dire de la scène où on voit l’instructeur arriver pour donner son premier cours, avec ses jambes joliment gainées de bas-couture ? Et pourtant, Tony Scott a été viré par trois fois par la société de production, pour être ré-embauché autant de fois. Non, je ne vois rien à reprocher en ce qui concerne la mise en images. C’est à croire que le cinéaste a été surmotivé par un casting de choix, jugez-en plutôt : Tom Cruise, Kelly McGillis, Anthony Edwards (qu’on verra plus largement à travers la série "Urgences"), Val Kilmer, Tom Skerritt, Meg Ryan, Michael Ironside, sans oublier Tim Robbins. Hé bien il n’y en a pas un en dessous, et sont tous très convaincants. La plupart sont encore jeunes mais savent exprimer chacun à leur niveau des personnalités très marquées, dans un milieu très masculin où rivalités, intimidations, et provocations sont de mise. Val Kilmer est agaçant avec sa rigidité seulement troublée par ses masticages continuels ; Tom Cruise en mode play-boy trop beau gosse qui sourit en toute circonstance, sûr de sa bonne étoile ; Anthony Edwards en vrai trublion ; et des instructeurs sûrs de leur science. Le scénario, quant à lui, s’inspire de l'article "Top Guns" d'Ehud Yonay paru en mai 1983 dans le magazine "California" pour parler de l'école "Marine Corps Air Station Miramar". Car oui cette école existe. Il est vrai qu’une telle histoire telle qu’elle nous est racontée parait peu crédible, donnant ainsi un petit air de série B à ce qui s’apparente à un blockbuster. Peu importe. Le film est spectaculaire, il décoiffe, alors on pardonnera aisément cette incohérence qui montre la proximité de deux cockpits. Bien que ça semble impossible, on retiendra la cocasserie de la situation. Le reste est un véritable plaisir pour les yeux, mais aussi pour les oreilles, avec cette sublime B.O. Qui n’a pas dansé sur le sublime titre "Take my breath away", interprété par Berlin ? Qui ne s’est pas laissé porter par les premières notes de "Top Gun Anthem", magnifiant l’entrée en scène du porte-avion, théâtre d’un véritable ballet ? C’est indéniable, tous ces éléments forment un tout qui a fait le succès de "Top Gun", et sans l’un d’entre eux, "Top Gun" ne serait plus "Top Gun".