Phrase d'intro du film :
Il est fort possible qu'au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés.
Remplacez mondes par navets. Et voilà.
Cela dit, pour être tout à fait honnête sur l'échelle de médiocrité assez impressionnante mise en place par le duo diabolique Paul W.S. Anderson/Milla Jovovich, ce "Monster Hunter" est un petit peu moins pire (mais vraiment un tout petit peu) que les dernières adaptations de "Resident Evil" car le film a le mérite de ne rien chercher à raconter d'autre que le néant sur lequel il se repose : des militaires perdus dans un autre monde pour éclater de la grosse bébête avec des autochtones.
Bien sûr, comme d'habitude, le montage est une catastrophe parkinsonienne, un chaos visuel incapable de donner une ampleur d'ensemble à toute cette histoire et fait par un type imaginant que chaque plan d'Anderson doit être imbriqué à la va-vite dans ce fourbis pour nous éblouir de beauté (non, non, définitivement non !). Encore une fois, l'intégralité des péripéties de survie proposées dans cet environnement hostile atteint des sommets de fadeur car pompées à droite et à gauche dans des œuvres bien plus majeures et le tout se résume très vite à mettre uniquement Milla Jovovich en valeur entre un bestiaire pas aussi varié qu'espéré et des seconds rôles synonymes de simples chips pour les créatures (à l'exception de Tony Jaa, gentil guerrier que la belle va apprivoiser). Cependant, en s'en tenant pendant les deux tiers de sa durée à des enjeux simplistes -pour ne pas dire débiles (survivre en cognant du monstre), on ne peut pas dire que "Monster Hunter" pêche par l'excès de ses prétentions et le résultat, aussi nul, rudimentaire et prévisible soit-il, fait appel à un soupçon d'indulgence désespérée car cela revient à regarder d'un oeil distrait un enfant (pas très futé) en train de jouer avec ses soldats et ses monstres en plastique.
Par contre, quand, dans sa dernière demi-heure, "Monster Hunter" fait mine de se mettre soudainement à raconter quelque chose en gonflant son nombre de personnages ridicules (dont Ron Perlman et un gros chat... qu'on vous laissera le soin de juger), la panique commence à se faire sentir ! Avec eux, on imagine aisément l'arrivée de clins d'oeil plus prononcés à la série de jeux vidéos dont est issu le film mais, comme aucun background n'est clairement défini à leur égard, leur apparition commune a l'allure d'un cheveu tombé inopinément sur la soupe, et ce sans que l'on en connaisse le crâne propriétaire.
Néanmoins, ce retour d'autres tares désastreuses croisées dans la saga "Resident Evil" aura au moins la bonne idée de n'être qu'un prétexte à un énième affrontement contre une bestiole, le moins mauvais du film en faisant entrer d'autres facteurs dans l'équation, mais qui se conclura, comme attendu, sur la pire des fins ouvertes qu'il soit pour appeler la naissance d'une nouvelle franchise réclamée par à peu près personne.
Heureusement pour tous "les mondes insoupçonnés" et le nôtre, la chasse aux monstres devrait s'arrêter là. Mais Paul W.S. Anderson court hélas toujours dans la nature, prêt à commettre à nouveau l'irréparable...