Adapté du roman de Philippe Vilain, "Pas son genre" commence comme une comédie romantique telle qu’on les connaît (et avouons-le, comme on les aime aussi) : un héros plutôt beau garçon, qui en a dans le ciboulot, brillant et très attaché à sa liberté (comprendre « peu enclin à l’attachement sentimental ») ; et une jolie héroïne, pétillante, coquette et un peu naïve, qui croit encore au prince charmant malgré la séparation d’avec le père de son fils. Un duo que tout oppose et qui va pourtant se rencontrer.Les poncifs s’arrêtent là. Car si le ton est d’emblée léger, ce sont les zones d’ombre des deux personnages qui vont progressivement transparaître et nous faire écho.Dépeint comme un « handicapé sentimental », Clément (Loïc Corbery, dont le charme et le talent inciteraient bon nombre de demoiselles à prendre un abonnement à la Comédie française, dont il est sociétaire) est épris d’indépendance. S’engager dans une relation signifierait renoncer à d’éventuelles rencontres, renoncer au hasard. « Sincère sur le moment, il refuse de promettre à long terme » explique Lucas Belvaux. Un personnage déroutant, qui nous charme par son honnêteté, dont on ne peut contredire le mode de pensée.A l’inverse, Jennifer (Emilie Dequenne, convaincante dans un rôle plein de subtilités) est une amoureuse, exaspérante par moment, mais pleine de bon sens et à laquelle on s’attache (voire s’identifie parfois) très vite. Ce qui ne l’empêche pas d’avancer avec prudence dans cette histoire naissante, de tester cet homme d’un autre milieu qui débarque dans sa vie et de rester fidèle à elle-même.La pudeur de chacun, les peurs réprimées de l’un comme de l’autre, les prises de conscience qui s’opèrent à mesure que leur histoire avance, et surtout la lucidité du regard porté sur ces deux personnages, différents, imparfaits mais sincères, que l’on ne juge à aucun moment : autant de détails qui font que ce film reste dans la tête, obnubilant, interrogeant, interpelant.