très jolie comédie de caractère, avec deux acteurs qui jouent incroyablement juste, dont le rôle semble leur coller à la peau. Emilie Dequenne est touchante de spontanéité, naturel, joie de vivre, mais aussi de profondeur : car si elle n'a pas la culture de Clément, le prof de philo et essayiste à succès, elle semble au final étonnement plus profonde que lui. Il est savant, intello, verbeux, mais au final très superficiel et incapable de s'engager à fond dans une relation amoureuse, et de bâtir sa vie avec une femme. On voit naitre et croitre une idylle entre deux êtres que tout oppose, mais qui semblent s'être trouvés...
pour hélas s'éloigner l'un de l'autre, et la fin du film est assez cruelle et pleine d'amertume. Clément vit leur relation avec détachement (au début du film, il rompt avec sa précédente copine car elle veut un enfant et refuse de s'engager), alors que jennifer se livre à fond et attend de lui la même chose. La première rupture se produit lorsque jennifer découvre par hasard un essai de Clément dans une librairie : elle est dévastée par le constat qu'il ne lui a même pas dit qu'il était un auteur connu. Elle en déduit qu'elle n'est pour lui qu'un passe-temps, un divertissement, pour ne pas lui parler de choses aussi essentielles de sa vie. révoltée, elle lui fait une scène, lui balance son livre au visage et lui demande de partir. Cette rupture ne sera pas définitive, puisque Clément reviendra vers elle, semblant faire amende honorable. Elle le fait un peu mariner, ne répondant pas à ses coups de téléphone, ou snobant ses RDV. Elle finit par le laisser revenir à elle, pensant qu'il a compris la leçon. Mais la cassure définitive intervient lorsque, se promenant dans le cortège du carnaval d'Arras, Clément, accompagné de jennifer, tombe sur sa collègue enseignante qui est avec son mari. Sa collègue fait les présentations entre son mari et Clément. Lequel n'a pas la présence d'esprit de présenter jennifer à sa collègue et son mari, lesquels la regardent avec insistance et surprise : et c'est finalement Jennifer qui se présente elle-même. Oubli involontaire de la part de Clément ? Ou honte de présenter sa copine, simple coiffeuse, à sa collègue enseignante qui est une fervente admiratrice de ses essais philosophiques ? Les deux hypothèse sont aussi intolérables l'une que l'autre. Dans le premier cas, cela signifie qu'elle est insignifiante à ses yeux au point de ne pas la présenter, et dans l'autre cas qu'il ne la juge pas digne de lui et du monde dans lequel il vit. Jennifer se dit que la barrière entre elle et Clément est irréductible, qu'elle ne fera jamais partie de son monde, qu'il a honte d'elle devant ses amis cultivés, qu'il est incapable de s'engager avec elle dans une relation à long terme : elle recherche le grand amour, car les aventures, elle a déjà donné. Elle lui a déjà dit, mais il ne semble pas avoir compris. La scène qui suit est assez terrible : jennifer et Clément sont assis côte à côte. Elle a un sourire figé et factice qui exprime de la tristesse, et lui semble très gêné. Il lui dit : "excuse-moi pour tout à l'heure". elle lui répond doucement avec un apparent détachement : "Tu n'as pas voulu me blesser ? alors c'est oublié !". En fait, elle se construit une carapace et feint la même indifférence que Clément à l'habitude d'adopter. Mais pour elle, c'est fini. La scène sans doute la plus poignante du film est quand jennifer, avant de quitter précipitamment la ville sans même dire au-revoir à ses amies, chante devant elle, dans leur salle de karaoké habituelle "I will survive" de Gloria gaynor. les paroles de la chanson collent complètement à ce qu'elle éprouve à ce moment. On comprend que c'est fini, qu'elle tourne la page, qu'elle va le quitter pour se préserver, pour garder sa capacité à aimer, à s'engager, bref à vivre. Tout ce que Clément s'est révélé incapable de faire. Clément se rend ensuite au salon de coiffure où travaille jennifer, avec un bouquet de roses. Il apprend que jennifer a démissionné et a précipitamment quitté la ville sans laisser d'adresse. il est dévasté, et l'appelle désespérément au téléphone. Il comprend enfin combien il tient à elle, mais il est hélas probablement trop tard...