Je ne sais pas ce qui a pris à Télérama, les Inrocks et une de mes amis qui ont trouvé de grandes qualités à ce film car c'est un NAVET !
Le sujet, a priori, peut-être intéressant : un prof de philo et une coiffeuse peuvent-ils s'aimer ? mais enfin, ça casse pas non plus trois pattes à un canard et ça peut-être traité par toute bonne comédie romantique américaine légère. (oui car le genre léger, comme le vaudeville, n'est pas dénuée de philosophie - ce n'est pas car on rit que c'est con) - mais que trouve t-on dans le film ? une collection de clichés tous plus gros les uns que les autres ! Une sorte de revisite de Bienvenue chez les chtis en moins drôle (film que je n'ai déjà pas aimé) qui se donne des airs de profondeur.
Et étant une prof qui habite à Paris et qui bosse par Arras, je connais le sujet. Les personnages sont monolithiques au possible, sans nuances et ne bougeront pas d'un poil tout le film : le prof de philo est le cliché du prof de philo tout comme Paris, la ville qui lui est associée: arrogant, distingué - d'ailleurs à Paris, forcément, on fait des soirées culturelles branchouilles au champagne et on a un appart géant avec 15 mètres carré de bureau / la coiffeuse est associée à la Province (!) où on peut se payer 3 nuits d'hôtel chic par semaine avec un salaire de prof et où les collègues viennent nous accueillir au train (ben oui, on leur fait déjà l'honneur de poser le pied dans leur contrée alors qu'on est parisien !). Le must, ce sont les mecs bourrés qui chanteraient tous les soirs "Viens mon chti quinquin" sur la grand place : rien qu'avec cette scène, le film se met tout le Pas de Calais à dos.
Bon, mais la caricature n'est pas le problème principal. Le raté cinématographique vient du fait qu'il n'y a pas de cinéma au sens que la caméra n'arrive jamais à nous faire croire un dixième de seconde au fait que ces deux là seraient amoureux : cela reste un postulat de base, une idée qu'on devrait accepter, alors qu'aucun plan ne vient nous faire ressentir de l'amour. On n'y croit tout simplement pas ! Le prof de la philo se tape la coiffeuse mais on ne sait pas pourquoi : elle n'est jamais filmée de manière sensible, avec le point de vue du prof. On laisse le spectateur se démerder et accepter l'idée, l'imaginer, sans jamais se donner les moyens de nous y faire croire ou de nous faire ressentir quoi que ce soit.
D'ailleurs, l'abondance de texte du personnage de la coiffeuse (on a envie de tirer un coup de feu dans les enceintes pour la faire taire) montre à la fois l'incapacité de nous faire sentir visuellement de l'émotion et nous amène à nous dire : non vraiment c'est pas possible de subir une telle logorrhée et d'être amoureux - (tout comme on ne croit pas que la coiffeuse trippe à mort sur les scènes de lecture de Proust... bien qu'on y ait droit au moins 4 fois dans le film, pas car ce n'est pas possible mais car la caméra ne nous y fait pas croire)
Deux exceptions pour être honnête : la scène où la coiffeuse en boîte essaie de faire danser le prof de philo fonctionne tout comme celle où elle essaye de lui faire ouvrir les yeux pendant l'amour (ce qui ne parvient pas à nous faire oublier que la première scène de "cul" (on n'en voit pas) du film peut entrer en compétition avec les pires scènes de cul du cinéma mondial.
La fin est juste improbable :
que la coiffeuse quitte sa ville, son boulot, ses amis pour fuir un mec qui n'habite pas là
n'a aucun sens et on n'y croit pas, comme à tout ce qui a précédé...