Les films musicaux n'attirent généralement pas les foules. Pourquoi ? Parce que bien souvent le style musical ne correspond pas aux goûts de la génération actuelle. Effectivement, les films musicaux rendent hommage à certains styles disparus qui, aujourd'hui, sont considérés comme de "la musique de grand-mère". Je le vois pas de cette manière. Au contraire, je vois un film musical, qui plus est un biopic musical ici, comme un film documentaire. On nous présente un autre univers, une autre époque, un autre style de vie. Ce qui nous permet de comprendre pourquoi ces chansons étaient si populaires à l'époque.
Le grand Clint Eastwood nous livre ici avec Jersey Boys son premier film musical. Un biopic sur le groupe The Four Seasons qui a fait un carton dans les années 1960 aux Etats-Unis. C'est donc totalement ignorant et curieux que je m'y suis rendu. Tous mes sens aux aguets pour capter l'essence et le message du film.
Au final, ce fut une très bonne surprise.
Le film est mené d'une main de maître (en même temps...). Clint Eastwood nous raconte l'histoire de ces 4 jeunes garçons qui ont commencé par chanter dans des bars miteux. Frankie, qui avait une voix merveilleuse, avait du mal à percer à cause de sa bande de potes qui ressemblait plus à une bande de voyous. Les maisons de disques ne voulaient pas les produire, jusqu'au jour où ils ont finalement de sortir leur premier tube. C'est alors que leur carrière commence.
Même si on n'est pas totalement fan du style pop/rock de l'époque (en même temps, ce n'est pas ce qu'on peut écouter tous les jours), Clint Eastwood arrive à captiver son spectateur avec des acteurs méconnus mais surprenants et une réalisation au top niveau. On s'immerge totalement dans l'ambiance rétro, dans la folie de l'époque et on suit de très près l’ascension de ce quatuor. Ascension qui a connait un dur revers par la suite. Problèmes financiers, problèmes relationnels. On se rend compte qu'il est véritablement difficile de garder un groupe soudé surtout que parmi les quatre, seuls deux avaient réellement un talent notable. Difficile pour le petit bassiste en retrait de percer aux côtés du chanteur principal et du compositeur. Un sentiment d'exclusion peut faire des ravages...la séparation. A côté, on se rend compte que chaque musicien a également des problèmes familiaux et personnels (même si c'est davantage centré sur Frankie).
20 ans après leur séparation, The Four Seasons se reforme au final en 1990 pour un concert au Panthéon du Rock pour une conclusion forte en émotion ou les quatre bougres se remémorent de leur première fois. eux quatre, sous un lampadaire au coin d'une rue où il n'y avait la musique et rien que la musique.
Par contre, j'ai trouvé que Clint Eastwood avait un peu de mal à garder le fil par moments. Les ellipses narratives n'étaient pas très bien gérées. Parfois, on avait l'impression que quelques semaines/mois s'étaient écoulées alors qu'en fait non, c'était plusieurs années. Le générique final typé comédie musicale dans la rue avec tous les acteurs chantant et dansant ne m'a pas vraiment plus non plus mais c'est un détail.
Bref, malgré son âge très avancé, Clint Eastwood nous propose encore une fois un très bon moment de cinéma, sans artifice, et surtout sincère.