Clint Eastwood, plus qu'un grand, une véritable institution qui s'est imposé au cours de sa longue carrière comme une gueule de cinéma et un réalisateur plutôt doué qui a su livré de grands films ( Impitoyable, Mystic River, Million Dollar Baby, Gran Torino,... ) comme parfois des films pitoyables ( Firefox, Bronco Billy, Au-delà,... ). Sa carrière a donc toujours oscillé entre le prodigieux et le médiocre, le bon et le moins bon et ses dernières années il a eu tendance à livré ses films les moins inspirés notamment avec ses trois derniers qui souffrait d'un académisme irritant et soporifique. Chemin qu'aurait très bien pu prendre ce Jersey Boys car il avait toutes les cartes en mains pour être un de ces biopics sans saveurs et oubliable mais Eastwood retrouve sa passion que l'on croyait perdu pour extirper cette histoire en somme classique de la banalité et en faire une oeuvre exaltante. On peut dire que cela fait plaisir de revoir un Eastwood vraiment réussi, d'autant plus qu'il retourne dans un genre qu'il n'a pas beaucoup exploité durant sa carrière car c'est un réalisateur éclectique qui a fait tout les genres ( western, drame, policier,... ) mais qui ne sait intéressé qu'aux films musicaux qu'a deux reprises. C'est donc plus de 32 ans après l'excellent Honkytonk Man, drame sur un guitariste de country, et 26 après le magnifique Bird, biopic musical, que Clint se rattaque au genre musical et même si le film n'est pas aussi réussi que les deux précédents il est néanmoins un très bon moment de cinéma. Le scénario est d'ailleurs plus que classique, s'inspirant de l'histoire des Four Seasons, mythique groupe des années 60, qui va nous montrer son ascension puis sa chute, avec la présentation de chaque membres du groupes ainsi que leurs déboires sentimentales et professionnelles. En gros rien de bien originale de ce coté-là, surtout que le film n'évite malheureusement pas l'académisme et qu'un manque d'émotion ce dégage de l'ensemble. Néanmoins il y a suffisamment d'humour et de personnages attachants pour qu'on reste captiver par l'histoire surtout si on n'est pas très familiarisé avec l'histoire de ce groupe. Sinon le casting est tous ce qu'il y a de plus solide avec le toujours impérial Christopher Walken ainsi que d'un jeune cast principalement composé d'acteurs peu connu qui sont tous très bon mais on retiendra surtout John Lloyd Young qui est la révélation du film et qui s'y montre excellent. Pour la réalisation Eastwood fait dans le classicisme qu'on lui connait mais il injecte dans son film une telle énergie qu'on se laisse prendre au jeu avec grand plaisir surtout que les musiques sont excellentes et le rythme très bien géré pour qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde. De plus il utilise une astuce de mise en scène vraiment sympa en brisant le quatrième mur avec les personnages qui parle directement avec le spectateur. On peut dire que l'ensemble est très classique mais malgré tous un charme opère et élève le film des autres productions comme si Eastwood faisait parler sa nostalgie et faisait son film avec le cœur en offrant un belle déclaration d'amour au cinéma. En conclusion on aura rien de transcendantal, pas de prise de risque majeure et rien de vraiment grandiose mais pourtant on aura de la sincérité, du respect et un bel hommage qui pourrait ce résumer par la très belle séquence finale. C'est donc un très bon film venu d'un cinéma sincère et authentique qui ce fait de plus en plus rare, la nostalgie d'une époque révolu et assurément un pari réussi de la part de Clint Eastwood qui livre son meilleur film depuis Gran Torino.